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Maurice Méthon ou la passion d’entreprendre

Par Haykel

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Il construit un lodge à 70 ans!

Deuxième volet du carnet de voyage en Guyane. Après le commissaire franco-suisse de Cayenne Joël-Patrick Terry, Alain Bossu a rencontré un autre personnage pas comme les autres. A plus de 70 ans, Maurice Méthon construit un lodge, le premier sur la rivière Orapu.

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Christiane (dommage, elle n’aime pas être prise en photo) et Maurice Méthon n’ont pas longtemps résisté à la tentation… celle du chocolat, bien sûr ! Nous nous connaissons depuis plus de 15 ans et je leur ai apporté une boîte de chocolat qui les a reconduit dans un passé insouciant. C’était du chocolat Villars aux larmes d’edelweiss. Séquence Emotion, non pas seulement en raison du talent du maître chocolatier établi à Fribourg, mais pour le nom de Villars.
«J’en ai vraiment eu les larmes aux yeux, tu sais, m’a-t-il répété à l’heure du ti-punch. Christiane et moi, nous nous sommes connus à Villars… au Club Med !» Dans leurs yeux, tout revivait comme au premier jour. C’était… Maurice a désormais plus de 70 ans. Il y a donc bien longtemps, il était saxophoniste au Club Med. J’ai donc fait des saisons à Villars-sur-Ollon et à Leysin. Chritiane était aussi GO à Villars.»
Le couple aime la Suisse. Elle s’est mise au ski. Lui ? «Je crois bien que j’ai tenté. Mais j’ai vite compris que je n’étais pas fait pour ça ! » Les années ont passé, GO au Club n’est plus qu’un souvenir. Mais chaque week-end, il joue encore du saxophone pour ses clients du restaurant le Cric Crac. Pourquoi Cric Crac ? Dans un conte créole ou lorsque l’instituteur raconte une histoire aux enfants, il lance «Cric» et les enfants répondent «Crac». C’est une sorte de «il était une fois » créole. Le restaurant est une des très bonnes adresses guyanaises pour la cuisine traditionnelle (mais pas seulement). Une de leurs filles, Carolle (avec deux l), s’en occupe avec passion et doigté. Il y a aussi l’hôtel avec chambres et bungalows, salles de réunion, la piscine, une discothèque (musique Guyane-Caraïbes), un bowling, un centre sportif, une autre piscine (plus grande)…
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Maurice Méthon
est insatiable. Dans le monde économique guyanais, il séduit autant qu’il irrite ! Une chose est sûre, Maurice Méthon ne laisse pas indifférent, d’autant qu’il s’est lancé dans pratiquement tous les pans de l’activité économique. Un bosseur comme on en voit peu. Il y a plus de dix ans, je l’avais incité à s’intéresser aux fleuves et à la forêt. En dehors des îles du Salut et du Centre spatial, c’est la raison d’être du tourisme en Guyane. Il n’y songeait sans doute pas autrefois. Aujourd’hui, à l’âge où beaucoup jouent aux dominos dans un café ou aux boules place des Amandiers, il franchit le pas. Il y a quelques jours, c’était le 18 mai, j’arrive en Guyane et je pose ma valise dans son hôtel Beauregard. J’y retrouve des clients très fidèles, touristes de longue durée, gens d’affaires en mission. «C’est simple mais bien, je me sens comme à la maison », m’assure une commerciale de l’industrie pharmaceutique en Guyane pour deux semaines de boulot.
L’air taquin, celui qui est aussi vice-président du Comité du Tourisme de Guyane me demande ce que je fais le lendemain. «Rien de spécial dans la journée, luis répondis-je, mais vers 15h30, je file à Kourou voir le lancement de la fusée Ariane.» Il sourit. «Pas de problème, rendez-vous à 8 heures demain matin, je t’emmène.»
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Le lendemain matin, il lève le voile au petit déjeuner. «Regarde, c’est le plan d’un lodge, le mien. On y va.» Nous partons par la route de l’Est avant de prendre la pirogue sur la Comté. Une heure de navigation sur la Comté ou l’Oyak et, enfin, l’Orapu. C’est là que Maurice Méthon a trouvé un terrain. «Tu vois, je le fais enfin ! » Tout est encore en construction mais une ouverture douce est prévue dans le courant de l’été. Maurice Méthon n’est pas pressé. Il y aura deux carbets pour recevoir les visiteurs (une trentaine environ) qui dormiront sous hamac (des bungalows sont également prévus un peu plus tard), un autre carbet pour les repas, la maison des gardiens, et les sanitaires. Il y a de l’eau potable. L’Orapu est magnifique et il n’y a pas (pour l’instant) d’autres lodges le long de cette rivière. On peut s’y balader en toute quiétude.
Maurice Méthon savoure cette nouvelle entreprise. Un soir, il m’emmène dîner dans un restaurant chinois à Cayenne. Il est heureux, toujours pensif mais heureux. Nous parlons de Carolle. Il sait combien elle s’investit dans l’entreprise (il ne lui dit peut-être pas assez souvent !). Tiens, sa pirogue s’appelle Carolle.
Après dîner, nous nous promenons en voiture à 20 km/h maxi, toutes vitres baissées et nous faisons comme le tour du propriétaire. Un orchestre antillais joue sur la place des Palmistes. Nous traversons le canal Laussat, nous arrivons dans ce que tout le monde nomme Chicago. Le soir, un autre monde, un tout autre monde. Il me demande en souriant si je préfère que l’on remonte les vitres. «Je suis un peu guyanais, non? Alors, c’est très bien ainsi.»
Et nous avons ainsi vu passer le temps avant de rentrer… à la maison.
Alain Bossu

PS: Prochain article: le CSG, port spatial de l’Europe, avec le drapeau suisse puisque des entreprises helvétiques participent très activement à la réussite des lancements d’Ariane.


Légendes photo:
Maurice Méthon fut autrefois saxophoniste aux Club Med de Villars et Leysin. Le week-end, il joue toujours pour ses clients du Cric Crac.
Alain Bossu et Maurice Méthon à l’entrée du lodge sur la rivière Orapu
Les carbets sortent de terre petit à petit pour accueillir bientôt les premiers visiteurs.

Et demain est un autre jour!

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