L'Harmonie, Allié de notre âme 6/8

L'harmonie est-elle le Bien ? Si oui, son contraire, la dysharmonie, ou désharmonie, est le Mal. Quels rapports y a-t-il entre harmonie et dysharmonie, consonance et dissonance ? Et entre Bien et Mal ? Qu'est-ce réellement que la dysharmonie, et le Mal ?

Il y a une harmonie statique : en musique, la consonance (comme l'amour réalisé, état d'amour). Et une harmonie dynamique : la dissonance suivie d'une consonance, ou la note sensible « attirée » par la tonique (comme l'amour-désir).

La dissonance n'est pas mauvaise en soi : la musique ne contient-elle pas, partout ou presque, des dissonances ? Celles-ci entrent dans l'harmonie globale, selon les règles de notre musique classique, en se « résolvant » sur des consonances. La dissonance instaure une tension, propre à mettre en valeur, par contraste, l'euphonie de la consonance (détente). Une musique entièrement consonante, sans le piment de la dissonance, serait très monotone ! Donc la dissonance existe, légitimement si elle se subordonne à la consonance. De même, le Mal existe, mais seul le Bien est un absolu. Affirmer le contraire, c'est adopter l'hérésie manichéenne, qui oppose le Mal au Bien comme deux principes, deux pôles équivalents et antagonistes.

Le Bien finit toujours par vaincre le Mal. C'est, en particulier, le message initiatique des contes folkloriques : « Les contes, outrepassant les lois temporelles et spatiales, relativisent le mal, le ramènent à ses confins, le présentent comme un prétexte au triomphe du bien, comme l'ombre d'une absence » (Dennis Boyes, Initiation et sagesse des contes de fées, p. 136).

« Je suis l'Alpha et l'Oméga, le Premier et le Dernier », dit Dieu dans l'Apocalypse. Entre l'Alpha et l'Oméga – équilibre, unité, immobilité initiaux et finaux – il y a l'histoire du monde, où tout est dualité, dynamisme, affrontement. Si l'on représente le monde par un cercle, le cercle en rotation symbolise l'existence, la vie du monde et ses péripéties : la roue tourne, avec ses hauts et bas, jours et nuits, heurs et malheurs, victoires et défaites.

À notre échelle humaine, matérielle, le mal s'oppose au bien, comme la maladie à la santé, la vertu au vice, la dissonance à la consonance. Œuvrer pour l'harmonie, la consonance, c'est la meilleure manière d'effacer ou neutraliser les dysharmonies individuelles et collectives, de même que la lumière dissipe les ténèbres. Ce combat, jamais achevé, est la trame de notre vie ; il lui donne son sens.

Si nous ne pouvons supprimer le Mal, nous pouvons du moins le vivre autrement, en brisant l'identification à l'ego : lâcher-prise, détachement, déconditionnement. Attitude non d'indifférence, mais de sérénité.