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Un silence de clairière de David THOMAS

Par Lecturissime

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♥ ♥

Prix orange du livre 2011

L’auteur :

Après avoir été journaliste pendant une quinzaine d'années, David Thomas se consacre aujourd'hui à l'écriture. Il a publié plusieurs pièces de théâtre et un recueil de nouvelles, La patience des buffles sous la pluie (prix de la Découverte 2009 de la Fondation Prince Pierre de Monaco). Il signe ici son premier roman.

L’histoire :

Adrien Lipnitsky n'est pas en grande forme. Il finit par comprendre que derrière ce malaise existentiel se cache l'absence de son frère, voyageur insatiable, dont il est sans nouvelle depuis un an. Il décide alors de partir à sa recherche. Son périple le mènera au coeur de la Suède. C'est là, dans le silence d'une clairière perdue dans une immense forêt, qu'il va être au plus près de son frère. Mais peut-on jamais atteindre ceux qui vous manquent ? (Présentation de l’éditeur)

Ce que j’ai aimé :

-   J’attendais avec fébrilité la sortie de ce roman de David Thomas auteur que j’ai découvert avec sa Patience des buffles sous la pluie, un petit bijou que j’affectionne tellement qu'il eût l'immense privilège de constituer le premier billet de ce blog, il y a un an de cela. J’en possède même deux exemplaires au cas où j’en perdrais un, sait-on jamais…

-   J’ai retrouvé avec joie la façon désinvolte et ironique qu’il a de considérer le couple et les relations amoureuses :

« Moi aussi je l’ai aimée, mais je l’ai sans doute aimée en déformant à mon avantage ce qu’elle était. Elle marchait vite, je prenais cela pour de al vivacité alors que c’était de l’impatience. Elle s’emportait, je prenais ça pour de la passion alors que c’était de l’intransigeance. Elle m’encourageait à écrire, je prenais ça pour du soutien alors que c’était du calcul. Elle disait la plus crasse des idioties, je prenais ça pour une charmante naïveté alors que c’était bien la plus crasse des idioties. C’est dire à quel point je l’aimais. » (p. 61)

-   J’ai admiré là encore son sens de la formule :

« Cette fille-là fouettait le temps et le dressait comme on dompte un tigre, sans craindre les dangereux coups de patte que peuvent vous assener les lendemains qui déchantent. »

-   J’ai découvert une belle réflexion sur l’écriture et la création, tout à fait en adéquation avec le personnage créé :

« J’avais fait ce choix, je m’y tenais, voilà tout. Pour le plaisir de réussir une phrase comme on réussit une sauce et pour donner un sens à ma vie. » (p. 57)

« L’écriture est le meilleur moyen de se souvenir de ce que l’on n’a pas vécu.  C’est le désir qui tend les cœurs et les arcs. C’est à lui que l’on doit tout. Et un désir qui ne se transforme pas en obsession n’a pas plus d’intérêt qu’une pluie en novembre. Il fallait ne rien céder afin d’affirmer, dans un hurlement de muet, qui on était. Il fallait aller au bout de soi et marcher jusqu’à ses propres soleils en restant sourd à ses propres craintes. » (p. 171)

-   Bref j’ai adoré cet Adrien Lipnitsky, un homme perdu dans un monde fou, et qui par son humour et sa dérision, parvient à donner du relief à son univers.

Ce que j’ai moins aimé :

- Mais (et c’est là que je verse une larme tant je suis déçue qu’il y ait ce « mais »…) mais à mes yeux ce roman manque d’envergure (premier sanglot). Il aurait pu être tellement plus dense, tellement plus drôle, tellement plus inventif (deuxième sanglot) tant cet auteur est doué. Mais je me suis sentie comme « ces entraîneurs qui reviennent de Deauville avec un yearling sur lequel ils avaient mis tous leurs espoirs et qui, après plusieurs années d’entraînement intensif, de soins méticuleux, d’attention affectueuse et de projections égotiques, sont confrontés à l’implacable réalité des tiercés. » (p. 57) (ultime sanglot)

Premières phrases :

« J’ai couru après quelqu’un ou quelque chose. J’ai passé ma vie à ça. Ce jour-là, j’avais couru après un chevreuil. Quelqu’un peut me dire ce que je faisais dans cette campagne à courir après un chevreuil ? »

Vous aimerez aussi :

 La patience des buffles sous la pluie de David THOMAS

Un silence de clairière, David Thomas, Albin Michel, mars 2011, 174 p., 15 euros


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