Magazine Cuisine

Rumeurs nuisibles

Par Florentw
«Fûhyô higai » 風評被害 est un terme très en vogue ces temps ci au Japon. Je ne sais trop comment le traduire correctement en français, alors, voyons ce qu’en dit le traducteur google : « rumeur nuisible » … pas mal, oui, pourquoi pas, allons y.
C’est comment un produit se retrouve mis en danger (calomnié, en quelque sorte) sans raisons fondées, juste à cause d’un jugement irréfléchi. A la suite de l’accident de Fukushima, nombre de pêcheurs, d’agriculteurs, furent et sont victimes de ce phénomène, fruit du mariage de l’ignorance et des médias.
Aujourd’hui, ce phénomène à dépassé les limites du Tôhoku (région nord du Japon), pour aller jusqu’à toucher le thé de Shizuoka.
Rappelons les faits. Le mois dernier, des feuilles fraiches (namaha 生葉, feuilles de thé venant d’être cueillies) de thé des départements de Kanagawa, Chiba, et Ibaraki sont testée légèrement au dessus des seuils de césium en vigueur au Japon, c'est-à-dire 500 Bq / kg. Les pauvres agriculteurs se voient obligé de détruire le produit d’un an de labeur.
Ni une ni deux, le département de Shizuoka procède à nombre de tests sur feuilles fraîches, et, soulagement, tous relèvent des taux de césium  5 à 10 fois inférieurs au seuil. A cette occasion on test aussi les produits finis infusés (puisque c’est finalement l’infusion que l’on boit, pas les feuilles que l’on mange) qui eux montrent des taux 20 à 50 fois inférieurs aux seuils (200 Bq/Kg dans le cas de liquides). On se croit rassuré, jusqu’au moment où le gouvernement, en grande difficulté, veux montrer que maintenant, il est sur le coup, et demande ainsi de tester les feuilles sèches (produit brut aracha 荒茶ou produit fini seicha 製茶). Au départ, refus du préfet de Shizuoka, car suite à la perte de l’humidité des feuilles, le taux de césium peut être jusqu’à cinq fois supérieur, ce qui finalement n’a aucune importance, puisque l’on sait déjà que presque rien ne se diffuse dans l’eau (les tests qui viennent alors d’être effectué le montrent, comme nombre d’expériences effectuées depuis plusieurs dizaines d’années). Finalement, le préfet accepte, et un monitoring sur 19 zones du département montrent des résultats qui reste sous le seuil avec des feuilles sèches.
Mais le lendemain, voilà qu’apparaît dans une usine de Warashina 藁科(dans les montagnes au nord de la ville de Shizuoka ; je ne rentrerai pas dans le débat autour de l’appartenance ou non de Warashina au secteur de Hon.yama, mais en toucherai un mots après) un thé, produit fini, contrôlé à 679 Bq/Kg ! Panique ! Les medias on ce qu’ils veulent, relayent l’info, sans aucune explication bien sûr. On n’explique pas qu’une fois infusé, le taux de césium est divisé par au moins 50. On n’explique pas que même si l’on mangeait les feuilles, tous les jours, 700 Bq/Kg de cécium reste un niveau de radiation qui ne représente pas de danger prouvé. Par exemple,  1 Kg/jour pendant un an : 0,013×700Bq×1Kg×365 jours3321,5μSv/an3,3215 mSv/an (en France, la limite annuelle est fixée à 1 mSv pour la population, mais à 20 pour un travailleur du nucléaire).
Mais personne ne mange 1 kilo de feuilles thé par jours (heureusement, car dans ce cas, le danger n’est pas les radiations, mais de savoir si le cœur peut supporter une telle quantité de caféïne), personne ne mange de feuilles de thé en quantité significative. Prenons donc le cas de thé infusé, disons 20g par jours (ce qui est déjà beaucoup), il est prouvé scientifiquement que la dose est alors diminuée par au moins 50 :(0,013×700Bq×0.02 Kg×365 jours)/501,3286μSv/an0.00132 mSv/an, c'est-à-dire pas beaucoup, une radio, vous exposerait  à 0.1 mSv en une fois. (*tous cela m’est confirmé par un scientifique)
Evidemment, ce thé n’est pas la seule source de radiation, hors de question de remettre en question les seuils. Seulement, même à 700 Bq/Kg dans les feuilles, une fois infusées, on est bien en dessous du seuil. Aussi, et surtout, un certain nombre d’échantillons on était contrôlés au dessus (entre 500 et 679 Bq/Kg), mais seulement à Warashina, mais même dans cette zone, les échantillons en dessous sont bien plus nombreux. En revanche, on pourrait remettre en cause l'idée de faire les tests sur les feuilles qui ne sont pas consommées telles qu'elles. Se baser sur es tests sur l'infusion ne serait-il pas plus constructif ?
Mais nombreux sont ceux pour qui tout le thé de Shizuoka est super dangereux. Pourtant, aucun média, ni TV ni journaux n’ont dit qu’il y avait danger. Ils disent seulement que des thés ayant dépassés les seuils ont été trouvés. Mais voilà, aucune autre explication.
Ce qui est décevant c’est que dans le premier mois, les médias japonais ont fait preuve d’une remarquable pédagogie, de calme, la TV était comme prise d’assaut par une armée de chercheurs, mais toutes ces explications sont bien compliquées, et sortent de la tête très rapidement. Mais depuis maintenant plusieurs semaines, les médias ont repris leur forme habituelle, celle du « sensationnalisme».
Même si la plupart continue à acheter du thé de Shizuoka sans hésitation, on en trouve quand même qui demande du thé de Kyushu, déclarant sans peur que le thé de Shizuoka = danger. Ceux sont en général des personnes âgées, 70 ans ou plus. Franchement, même en supposant que ce thé soit impropre à la consommation, ont-ils à leur âge à craindre un cancer dans 30 ans ?! Ca, évidemment, impossible de l’expliqué à un client. Ceci-dit, certains le comprennent, mais disent que le risque est qu’ils transmettent les radiations à leurs petits enfants, comme une maladie honteuse ! Le manque d’information est manifeste.
Bien sûr, je sais que certains diront « oui mais on connait pas les vrais risques », « oui mais de toute façon on nous ment », etc. Dans ce cas là je commencerai par me soucier des légumes que je mange, mais il faut bien vivre, et si on commence à tout remettre en doute, on n’aurait pas fini.
D’autres diront, « mais tout le monde n’est pas censé avoir de connaissances scientifiques, ni de connaître de chercheurs pouvant expliquer ce qu’il en est exactement », certes, mais ce devrait être le rôle des médias.
Bref, c’est un peu de colère, beaucoup de déception qui m’ont poussé à écrire (à extérioriser un stress aussi) cet article probablement ennuyeux, et surement très désorganisé. Je m’en excuse auprès de ceux qui auront pris la peine (c’est le cas de le dire) de le lire jusqu’au bout.
J’en reviens pour finir à Hon.yama est Warashina. On trouve souvent Hon.yama défini comme les zones qui longent les rivières Abe et Warashina. Mais beaucoup affirme que traditionnellement Hon.yama ne désigne que les rives de la rivière Abe. Personnellement, je ne saurais rien affirmer sur cette question, sinon que la tendance moderne est à élargir les zones productrices très célèbres. Un thé de Warashina se vendra bien mieux sous le nom de Thé de Hon.yama.
Aussi, en ce qui concerne le fait que des taux de césium en moyenne plus élevés que dans le reste du département se soient manifestés à Warashina, une simulation a permis de dresser l’hypothèse que la configuration particulière du terrain en serait la cause. Des plaines ouvertes sur le nord-est dans lesquelles se seraient engouffrés des vents de nord-nord-est du 21 au 23 mars. Simple hypothèse, qui ne change rien au lamentable résultat.
Aujourd'hui, les tests sur les premières deuxièmes récoltes montrent des tendance à la baisse.

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Florentw 4836 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog

Magazine