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Notre entretien avec Christian Olivier (Les Têtes Raides)

Publié le 18 juin 2011 par Chroniquemusicale @chronikmusicale

Christian OlivierVous dites que votre album L’An Demain est plus poétique, moins frontal politiquement, pourquoi cette orientation ?

Quand on se met à écrire des chansons, on ne sait pas sur quoi on va écrire, ni comment on va les écrire. C’est donc plus le constat de ça.

Dans cet album il avait un souci de plus travailler dans des ambiances, et puis refaire écouter du verbe, de vraiment travailler sur le mot et la musicalité du mot. Ce qui a amené ensuite le contenu.

Comment est-ce vous composez ?

Au démarrage, j’écris le texte et la mélodie. C’est quelque chose de totalement personnel. Une fois que mes textes sont aboutis, qu’il y a dessus un semblant de mélodie, on entre alors dans une deuxième phase de travail où on commence à bosser en groupe. Puis à nouveau on repart chacun dans nos « ateliers », c’est là que chacun intervient. Par exemple Pierrot qui est tromboniste a bossé pas mal sur les arrangements de cordes, d’autres plus sur l’aspect rythmique. Enfin il y a une étape finale pour vraiment se rendre compte de ce que cela peut donner avant l’enregistrement.

J’aimerais revenir sur deux chansons. La première Fulgurance, qui me bouleverse, comment est née cette chanson ?

Quand je pars sur un sujet, ça peut être à partir d’un mot « Fulgurance ». Au début j’ai plus écrit sur un état, à la fois état d’âme, état physique, etc. Ensuite, la tournure que cela a pris c’est que Fulgurance est devenu un prénom quelque part. C’est là où on commence à jouer à la fois avec le sens, à la fois avec les mots, la matière des mots.

Je continue vraiment à penser que les mots sont une matière et qu’on s’en sert comme pour sculpter avec de la terre.

Pour résumer, cette chanson c’est une manière de dire que la vie est juste des instants, il faut profiter à 300% de ces moments de fulgurance.

J’avais commencé à maquetter un peu sur cette chanson et puis boum en réécoutant ça chez moi un soir j’ai vraiment pensé à Jeanne Moreau à ce moment là. Du fait du texte, de la mélodie, du rythme, j’ai pensé à elle, à sa voix et qu’il y avait un terrain possible pour que nos deux voix se croisent sur ce morceau là.

Je lui ai donc fait écouter, je lui ai fait passer le morceau. Et, trois jours après elle m’a rappelé en me disant qu’elle était partante pour l’aventure.

Ça a été une super expérience, à la fois humaine, à la fois artistique. On a chanté ensemble dans le studio, il y a donc eu vraiment un échange très fort avec plein d’émotions. Ça a été un moment très important dans mes histoires d’échanges musicales.

Elle fera des apparitions pendant la tournée ?

Elle était en tournage donc elle n’a pas pu jusqu’à présent, mais elle va pouvoir plutôt à la rentrée prochaine.

Il y a le Zenith à Paris où là il faudra qu’elle soit là. Il y aura sûrement d’autres dates aussi.

Christian Olivier - Les Têtes Raides
Vous êtes actuellement en tournée, comment est-ce que ça se passe ?

Ça répond super bien, il y a du monde.

Il y a aussi une vraie curiosité, parce que cela faisait un petit moment qu’on avait pas joué. Il y a à la fois les gens qui connaissent bien Têtes Raides et puis il y a des nouvelles personnes qui découvrent Têtes Raides, qui ont entendu parlé de Têtes Raides depuis longtemps mais qui n’avaient pas encore franchi le pas de venir nous voir et c’est ce qui est en train de se passer en ce moment.

Il y a vraiment une belle ambiance. Chaque concert c’est vraiment un beau petit voyage en bateau. Pour moi c’est ça, une belle ballade qui se passe à chaque fois.

Vous êtes tout le groupe sur scène ?

Sur scène on est actuellement sept et sur la route il y a une quinzaine de personnes. C’est donc un bon petit chantier. On est parti pour faire une centaine de dates sur la tournée. On marquera bien l’événement au Zénith à Paris le 16 novembre. Où là, on va faire une belle soirée, il va y avoir un peu des choses inhabituelles.

Cela fait maintenant 25 ans que vous êtes dans la musique, comment vous voyez les dernières années, la difficulté du secteur du disque, comment est-ce que cela vous impacte, dans la création, dans vos concerts ?

Dans la création même, non. De toute façon, quelque soit le support, quelque soit le machin, quand on écrit une chanson, on écrit une chanson.

Pour moi le disque reste quelque chose d’important, même si là maintenant, ce qu’on appelle le support physique a pris un bon coup dans la gueule. Mais je continue à penser qu’un disque c’est une œuvre. C’est vrai que les gens écoutent la musique aujourd’hui d’une manière beaucoup plus morcelée. Je pense qu’il y a très peu de gens qui se mettent à écouter 40 minutes un album aujourd’hui, je pense que cela doit commencer à ce faire même un petit peu rare. Même si une chanson peut être isolée le travail d’un album reste quand même quelque chose d’essentiel pour la création en général.

Après il faut penser bien entendu concert, ça va de paire, de toute façon c’est un ensemble. On a toujours travaillé comme ça. On ne va pas dire que c’est simple aujourd’hui parce que c’est quand même très compliqué, mais cela ne change pas radicalement notre façon de travailler.

On est ici dans la Niche, vous pouvez nous présenter cet endroit ?

C’est un peu le QG. C’est un lieu qu’on a ouvert il y a un an et demi. L’idée c’est d’avoir un lieu physique où l’on puisse retrouver tout l’univers Têtes Raides, les Chats Pelés, les graphistes qui travaillent sur Têtes Raides, puisqu’on travaille aussi sur des bouquins pour la jeunesse, du film d’animation, etc.

Il y a une petite pièce où on est là, où on peut faire des petites expositions. C’est une niche, donc c’est tout petit. Et dans l’autre pièce, il y a une sélection de bouquins, de littérature autre que Têtes Raides, une sélection de littérature que je propose. A terme du film aussi. Pas mal de chose pour les gamins aussi. Puisqu’il y a beaucoup de gamins dans les concerts des Têtes Raides. J’avais oublié de dire que dans la Niche il y a aussi tous les disques du label Mon Slip qui sont représentés.

Tout ce passe aujourd’hui par internet, quand les gens ils viennent à la Niche, ils sont super contents de venir toucher du doigt la Niche. Il y a même des gens qui viennent de province pour faire un passage à la Niche, parce qu’ils veulent voir de près, ce que ça raconte.

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