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Un poème de Jules Supervielle

Publié le 20 juin 2011 par Onarretetout

Dieu crée la femme

Pense aux plages, pense à la mer,

Au lisse du ciel, aux nuages,

A tout cela devenant chair

Et dans le meilleur de son âge,

Pense aux tendres bêtes des bois,

Pense à leur peur sur tes épaules,

Aux sources que tu ne peux voir

Et dont le murmure t’isole,

Pense à tes plus profonds soupirs,

Ils deviendront un seul désir,

A cela dont tu chéris l’image,

Tu l’aimeras bien davantage.

Ce qui était beaucoup trop loin

Pour le parfum ou le reproche,

Tu vas voir comme il se rapproche

Se faisant femme jusqu’au lien,

manuellaveurdemains
Ce dont rêvaient tes yeux, ta bouche,

Tu vas voir comme tu le touches.

Elle aura des mains comme toi

Et pourtant combien différentes,

Elle aura des yeux comme toi

Et pourtant rien ne leur ressemble.

Elle ne te sera jamais

Complètement familière,

Tu voudras la renouveler

De mille confuses manières.

Voilà, tu peux te retourner

C’est la femme que je te donne

Mais c’est à toi de la nommer,

Elle approche de ta personne.

Jules Supervielle

(La fable du monde)

Ce poème m'a été offert par Manuel Laveur de mains, aux Guinguettes, à Chilly-Mazarin (91)


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