Magazine Culture

Dernier coup de ciseaux

Publié le 22 juin 2011 par Gjouin @GilbertJouin
Dernier coup de ciseaux
Théâtre des Mathurins
36, rue des Mathurins
75008 Paris
Tel : 01 42 65 90 00
Métro : Havre-Caumartin / Madeleine / Auber
Une pièce de Paul Pörtner
Conçue par Marilyn Abrams et Bruce Jordan
Adaptée par Sébastien Azzopardi et Sacha Danino
Mise en scène par Sébastien Azzopardi
Avec Domitille Bioret, Romain Canard, Réjane Lefoul, Yan Mercoeur, Bruno Sanchès, Olivier Solivérès
Ma note : 8/10
Le principe : Cette pièce est une comédie policière interactive. Un meurtre est commis chaque soir et c’est au public de résoudre l’enquête… 30 ans de succès aux Etats-Unis, plus de 9 millions de spectateurs à travers le monde ! Un salon de coiffure, un meurtre, un flic, des suspects… La première pièce dont le public est le héros.
Mon avis : Quelle (bonne) surprise ! Fidèle à mon habitude, je n’avais rien lu sur ce qui m’attendait en me rendant au théâtre des Mathurins voir Dernier coup de ciseaux. Voici donc comment j’ai vécu cette soirée.
La pièce commence alors que la salle continue de se remplir. Sur la scène transformée en salon, un coiffeur (Romain) dont le moins qu’on puisse dire c’est qu’il est très maniéré et sa collègue (Réjane), une jeune femme sexy attendent le client. Le premier qui survient est aussitôt pris en charge d’une manière très cavalière par Romain qui se met à la shampouiner vigoureusement.
J’ai commencé à me demander ce que je faisais là tant le tableau était caricatural et outré. Les dialogues étaient primaires, l’humour potache, les comportements excessifs… Jusqu’à l’arrivée des autres clients, deux hommes et une femme. Tout doucement, avec de judicieux clins d’œil à l’actualité et beaucoup de name dropping, les répliques commençaient à s’améliorer et une histoire à prendre forme. On se met à s’intéresser à la première cliente de Réjane, madame Bioret, une bourge hautaine et suffisante et à être intrigué par le manège d’un personnage énigmatique et silencieux dont on saura plus tard qu’il s’appelle Yan Mercoeur. On voit tout de suite que ce n’est pas un client ordinaire. D’autant qu’il se met à montrer une certaine connivence avec Réjane. Pendant ce temps-là, le Romain en fait des tonnes ; il prend des poses, ondule, provoque, s’amuse… Sauf quand la voisine du dessus, une ex-concertiste qui s’avère être également sa propriétaire, se met à jouer du piano fortissimo, ce qui a le don de le mettre hors de lui… Chacun vaque donc à ses activités, ou de coiffeur ou de client, s’absente, passe un coup de fil en douce, se coupe la main… Soudain, la musique s’arrête, un hurlement retentit et Réjane, qui était sortie un instant, revient pour informer tout le monde – et nous avec – qu’elle vient de découvrir le corps de la voisine du dessus. Elle a été assassinée… On a à peine le temps de digérer l’information que deux flics surgissent, le capitaine Solivérès et son adjoint, Bruno Sanchès. Et on reconnaît en eux deux des premiers clients du salon.
A ce moment tout bascule. De passifs, nous sommes appelés à devenir actifs. Solivérès nous enjoint de témoigner de ce qu’on a pu remarquer de particulier dans le comportement de tous les protagonistes de l’affaire. J’ai alors amèrement regretté de ne pas avoir lu le pitch car je me serais encore plus attaché à enregistrer les détails pour y aller de mon grain de sel et de mes fines observations. Mais, heureusement, nombreux étaient les spectateurs avides de contribuer à l’élucidation de meurtre sauvage. Et un jeu de pingpong de s’installer entre la salle et la scène. On se prend tous au jeu. D’autant que les comédiens restent parfaitement dans leur personnage et réagissent en fonction des propos qui sont tenus et quand ils sont concernés. Ils sont tous étonnants tant ils sont investis. Surtout que, la plupart du temps, ils sont dans l’improvisation tout en restant fidèles à leur rôle. C’est de la grande virtuosité.
Relayée par le capitaine, l’enquête évolue sous nos yeux en fonction de nos témoignages et suggestions. Jusqu’au dénouement où il nous faudra voter à main levée pour désigner « notre » coupable parmi les quatre suspects.
Franchement, j’ai passé un excellent moment de détente. On se prend pour des détectives. Et il faut voir comment les policiers et les suspects adaptent leur jeu à la seconde. Ils sont tous vraiment bluffants de conviction… et de talent.
Cette pièce qui ne ressemble à aucune autre du fait de son interactivité devrait être un des grands succès de l’été. C’est un pur divertissement, un exercice de style étonnant accompli par un sextuor de superbes acteurs. On oublie tout, on ne pense qu’à jouer avec eux et à essayer de trouver le ou la coupable. Et on n’arrête pas de rire. Que du plaisir…

Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Gjouin 18712 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Dossier Paperblog