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BALADA TRISTE (Balada Triste De La Trompeta) de Álex de la Iglesia
Publié le 22 juin 2011 par Celine_dianeAprès une escapade à Londres avec The Oxford Murders (Crimes à Oxford), le cinéaste espagnol Alex de la Iglesia retrouve ses personnages freaks, à savoir ici deux clowns psychopathes qui tentent de s’entretuer pour obtenir les faveurs d’une séduisante acrobate. Autant le dire de suite: Balada Triste est un film très inconfortable. Clairement : il dérange. D’abord parce que les ambitions démesurées du réalisateur n’ont d’égales que son extrême mauvais goût. Ensuite parce que raconter le franquisme, les ravages de la violence, de la guerre civile, du fascisme en général, d’une Espagne abîmée, agressée, malade demandait plus de maturité. De la Iglesia n’est qu’un gamin rebelle et irrévérencieux, qui ne manque pas de bonnes idées, mais qui ne cherche que la provoc’ facile : un générique qui juxtapose les dictateurs les plus sanguinaires avec des créatures de cinéma (Frankestein et cie), une surenchère sauvage, un délire sanguinaire. Le ton est donné : ce qu’il désire avant tout est de remonter aux origines de la violence et de la barbarie, tenter d’aller titiller les traumas enfouis dans la figure du monstre.
Pour cela, il remonte à l’enfance, installe son triangle passionnel au cœur de l’univers décalé du cirque, saccage le conte de fée (la princesse est sadomasochiste, ses prétendants sont des tarés violents et instables) tout en en gardant la forme (imagerie qui rappelle Burton ou Gilliam). Dans le bon sens, il dérange parce qu’il offre des séquences d’une brutalité folle pour en parler, s’amuse avec l’horreur pour la dénoncer, filme le "théâtre de la guerre". Dans le mauvais, il conjugue vulgarité baroque et excès kitch, sombre dans un grand guignolesque ridicule (l’apothéose finale), fait de la tragédie une foire burlesque, gigantesque fourre-tout de n’importe quoi. Et la plupart du temps, Balada Triste fait preuve de (très) mauvais goût. Dans ses excès. Dans ses dérives. Dans ses longueurs. Dans sa volonté de choquer coûte que coûte. Tout finit par y être glauque : l’amour, le cul, le rire. On en ressort hagards. Ecœurés, aussi, quelque part.