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Stars & Co, le 1er magazine people gratuit…

Publié le 24 juin 2011 par Maybachcarter

Stars & Co, le 1er magazine people gratuit…

Sortie du bureau. Alors que je m’apprêtais à m’engouffrer dans le métro, je vois une jeune femme qui distribue des magazines. De loin, j’ai cru qu’il s’agissait de Kate Moss en couverture. Bien sûr, vous me connaissez, dès qu’il y a un nouveau magazine Mode, je saute dessus histoire de me faire un avis, c’est devenu un réflexe avec le temps. Alors un magazine de mode GRATOS, ça me semblait encore plus intéressant à étudier.

Double erreur: non seulement, ce n’était pas Kate Moss en couverture mais Lady GAGA, mais en plus, il ne s’agissait pas d’un magazine de mode mais d’un magazine people. En temps normal, je ne l’aurais pas pris, mais j’avais besoin de lecture sur le chemin du retour (et puis c’est gratuit donc bon…).

Avant d’entrer dans les détails, partons d’un postulat clair: la presse People, c’est pas de la haute littérature, on est tous d’accord. C’est une presse généralement méprisée (à juste titre) mais très lucrative, pour des raisons que je n’ai pas besoin d’expliciter. Ceci dit, je ne pensais pas que dans ce type de presse, on pouvait descendre bas. Par là, je veux dire que pour moi, tous les magazines People sont au même niveau à quelque chose près, il n’y a pas de « bon » ou de « mauvais », à la limite ce qui les différencie souvent, c’est la fiabilité des « informations » et les exclusivités qu’ils ont par rapport aux concurrents. J’étais donc TRES LOIN de me dire qu’il y avait des « paliers » dans ce domaine, et que l’on pouvait descendre tellement bas qu’on en soit à tomber sur des gisements de pétrole. Ce qui est le cas de « Stars & Co » donc.

 

Commençons par les points « positifs »: la qualité du papier de la couverture et des pages en général est plutôt bonne pour un 1er numéro. Mais surtout, l’idée de faire un people gratuit est très bonne (selon moi). Tout d’abord parce qu’il n’y a personne sur le secteur, mais aussi parce qu’a priori, avec le boom de cette presse depuis 5 ans à peu près (en gros depuis que GALA,Ici Paris et surtout VOICI ont perdu le monopole), la proposer gratuitement peut engranger une forte demande en termes d’exemplaires et donc, une grosse diffusion, et donc le Saint Graal, des annonceurs. D’après le rapport que j’ai pu lire sur la presse gratuite en 2010, METRO et 20Minutes s’en sortent assez bien mais Direct Matin/Soir sont un peu à la traîne, d’où leurs récentes évolutions (refonte, inclusion/développement de nouvelles rubriques etc). Le milieu du quotidien d’actu gratuit est de plus en plus concurrentiel. Pourtant, sur le secteur du People gratuit, il n’y a encore PERSONNE, et ce type de magazine peut attirer à la fois des annonceurs généralistes mais aussi 100% ciblés Femmes (puisque les 60 à 70% des gens qui lisent cette presse sont des femmes). Je ne doute donc pas que les fondateurs de Stars & Co aient pu obtenir plus ou moins facilement des financements. Mais je ne l’apprends à personne, avoir une bonne idée, ça ne suffit pas toujours. Okay, ils sont gratuits mais ce n’est pas avec cette seule différence qu’ils vont réussir à prendre une part du gâteau que les mastodontes comme Public (Lagardère) ou Closer (Mondadori) se partagent, ou encore percer au milieu de la dizaine de nouveaux magazines de ce genre (Oops Mag., « Waouh » Mag et autres) . Comment faire ? Miser sur le contenu. Et c’est bien là, le COEUR du problème de ce magazine. Points négatifs donc.

Points négatifs: que dire….. ? Je le disais plus haut, je ne lis plus les mags people, et ce pour une bonne raison: INTERNET. Encore plus que dans la mode, le Gossip est un domaine dans lequel l’instantanéité prime. Regardez par exemple, ce qui s’est passé avec Justin Bieber (il s’est fait agresser par un fan mécontent hier). Je l’ai appris quelques minutes après l’incident via Twitter, et l’info s’est largement répandue depuis. Or, même si Public/Closer & co l’ont publié sur leur site web, l’info ne sera dans leur magazine papier que la semaine prochaine. D’ici là, d’autres choses peuvent encore se passer. C’est ainsi qu’en lisant tous les magazines qui arrivent au bureau, je suis déjà au courant des 90% de leur contenu, et je suis même en mesure de déceler le vrai du faux assez rapidement. Bref, n’étant donc pas une lectrice assidue de ces magazines, je sais tout de même qu’ils ont une certaine forme de « professionnalisme ». Oui d’accord, faire des commentaires sur le derrière mal-fagoté de Courtney Love, ça n’a rien de reluisant/valorisant comme métier, mais ça reste un domaine dans lequel il faut répondre aux attentes du lecteur et le faire de manière pro. Et c’est bien ça qui m’a choquée dans « Stars & co ».

Je suis une amatrice du Bitching, et faire des petits commentaires est un exercice que je manie plus ou moins bien. A priori donc, j’aurai dû adorer les textes de ce magazine mais ma foi, j’ai été choquée. Choquée par autant de vannes foireuses, par autant de commentaires alambiquées, par autant de jeux de mots montés de toute pièce, par une recherche de cynisme qui n’a d’égal que la platitude des jugements de valeur des rédacteurs. On passe complètement du ton « copine avec qui on dit du mal sur les autres » à « concours pour savoir qui va aller le plus loin dans la méchanceté gratuite ». Morceaux choisis:

- Sur une photo de la chanteuse Pink: « Alerte à la baleine ! Mince, on pensait que PINK avait accouché d’une fille le 3 Juin dernier.. »

- Sur une photo de Johnny Hallyday: « Pas étonnant que l’idole des jeunes éprouve de la compassion pour DSK et sa femme…Entre personnes accusées de viol, faut être solidaires »

- Sur une photo de  Gwen Stefani:  « Quand Gwen Stefani se gratte. Cystite, prurit, champignons…en plein milieu de la rue, Gwen Stefani n’a pu retenir son geste »

-Sur une photo de Rihanna: « Avec un derche pareil.. »

-  « Lady Gaga et Beyoncé, voilà 2 erreurs ! La première, Miss Gaga, laide comme le péché, flapissant ses affligeants refrains, aurait plus sa place chez Barnum que sur le Walk of Fame (…). Quant à Beyoncé – dont le maigre talent se résume à minauder et s’agiter frénétiquement sur des bluettes dispensables- qu’elle se contente donc de mitonner des petits plats à son Jay Z de mari et libère la bande FM de ses couinements pénibles, ce serait d’utilité publique »

- « Lindsay Lohan & Courtney Love se ressemblent comme deux gouttes d’eau: Mêmes fesses molles, même blondeur queue-de-vache, même grâce de chat sur un bac à graviers… »

- « Amanda Lepore , avec ses seins gonflés au gaz de ville et à la super glue, et sa bouche de mérou lubrique, peroxydée jusqu’aux amygdales (..) est une insulte au catéchisme et au bon goût. Hey les mecs, si elles vous kiffent, ne dites pas non: un coup de nichons et votre compte est bon ! »

Autre chose. Je me demande si les articles ont été écrits par des « Wesh ma gueule ». Le style d’écriture n’a pas à être soutenu certes, mais de là à limite employer des mots de verlan un peu partout…

« Beyoncé continue d’envoyer du lourd », « Diane Kruger en sait quelque chose: les mecs deviennent ouf pour une belle paire de jambes »,  » Mariah Carey porte une robe mémère « thon » sur « thon »…Ca fait peur ! Même les lunettes, genre mouche à viande, sont effrayantes  » (  » GENRE  » ? Ecrire « genre » dans un article ? ).

Bon, je m’arrête là, je crois que ça vous donne un aperçu de ce qu’il y a dedans. Encore une fois, OUI, je sais, c’est de la presse People et pas Philosophie Mag, mais tout de même. Mettre « Genre », « Kiffe » dans un article pour moi c’est NO WAY. Il s’agit d’expression que l’on emploie dans le langage parlé, ou à la limite sur un site web, mais tu n’imprimes pas un truc que tu comptes diffuser au plus grand nombre avec ce genre de fautes, je suis désolée. Je fais l’impasse aussi sur les nombreux « !!! » qui peuple pratiquement chaque fin de phrase. Je fais également l’impasse sur les pages Mode qui sont juste HILARANTES. Bref. On les sent à la recherche du commentaire VACHE par TOUS LES MOYENS, et tant pis si c’est nul, si la chute est inexistante ou si la photo n’a en soi rien de mauvais. Mes attentes en terme de magazine de gossips ne sont déjà pas très élevées mais je ne m’attendais pas à non plus à tomber sur des retranscriptions de conversations entre collégiens ou des tournures de phrases qui laissent pantois. Je sacralise peut-être un peu trop la chose, mais pour moi, lorsque l’on sort un magazine papier, c’est un peu un aboutissement de quelque chose. On va l’exposer, on va le distribuer à des centaines voire des MILLIERS de personnes. De ce fait, même si un numéro n’est jamais ENTIEREMENT parfait, il y a quand même un seuil de fautes/d’erreurs à ne tolérer en aucun cas avant impression.

Je sais bien qu’on ne peut pas juger un magazine sur son premier numéro, la marge d’évolution étant assez large. Malheureusement, dans ce milieu, sauf si vous avez un GROS groupe derrière vous qui est prêt à mettre la main à la poche pendant quelques mois supplémentaires, on ne vous laisse pas (toujours) une occasion de vous rattraper. Il serait intéressant donc de voir comment ce concept évolue. Peut-être ai-je des attentes trop élevées par rapport à la moyenne (sur Twitter, j’ai vu que je ne suis pourtant pas la seule à avoir été choquée par la « qualité » éditoriale), peut-être que finalement le mix entre ton méchant à l’anglo-saxonne et commentaires de blogs est une voie royale, peut-être que ci ou ça…Le minuscule (et très humble) conseil que je leur donnerai en tant que lectrice (et qui ne leur coûtera pas plus cher): revoir leur ligne éditoriale et surtout faire GAFFE à la cohérence des articles. On sait bien que ce sont différentes personnes qui écrivent, mais passer d’un article en français correct à un article en verlan, c’est assez déroutant. 
Dans tous les cas, j’attends de voir s’ils survivent. Qui sait ? Peut-être que s’ils s’en sortent, on arrivera un jour à avoir (aussi) un magazine de mode qualitatif et gratuit ? CA, ce sera par contre, une VERITABLE révolution.



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