genre: anticipation
année: 1984
durée: 1h45
l'histoire: En 1984, dans une société totalitaire, Winston Smith est employé au Ministère de la Santé. Dans son logement sordide, un télécran diffuse des messages de Big Borther, le chef suprême. Malgré tout, Winston tient en secret un journal et fait la connaissance de Julia.
La critique d'Alice In Oliver:
Tout d'abord, difficile d'adapter un roman aussi riche et complexe que 1984. L'ouvrage de George Orwell est avant tout une vision prophétique et pessimiste de notre monde et des hommes de notre temps. Pour cela, est-il nécessaire de rappeler brièvement l'histoire.
Winston Smith travaille dans l'un des départements de la ville. Son quotidien est rythmé par le travail et sa vie de famille.
Que ce soit chez lui ou dans la rue, Winston est surveillé, épié, le but étant de contrôler les citoyens et de répérer les déviants.
Ceux qui n'aiment pas Big Brother, le chef d'Oceania, ou qui contestent son autorité naturelle, sont éliminés ou disparaissent mystérieusement comme s'ils n'avaient jamais existé. L'ennemi de la nation, de Big Brother, donc du peuple, se nomme Goldstein. De cette façon, Orwell décrit une société futuriste à la recherche du coupable idéal. Comprenez ici: le juif.
Aussi, pour éduquer parfaitement les gens à aimer Big Brother et à lui obéir, le slogan du parti repose sur trois phrases essentielles.
"La guerre, c'est la paix. L'ignorance, c'est la force. La liberté, c'est l'esclavage". On retrouve donc ici cette fascination pour le chef, sa toute puissance, Big Brother étant presque considéré comme un être surnaturel ou une sorte de nouveau messie, censé apporté le bonheur à tout un peuple.
Pour s'assurer d'une obéissance totale, le gouvernement répressif a donc mis en place des télécrans pour surveiller les individus et pour émettre des spots publicitaires à l'effigie de Big Brother.
Le but ? Façonner les esprits et surtout annihiler toute critique envers la suprématie, donc envers Big Brother.
Cela passe évidemment par le novlangue, une nouvelle forme de langage qui consiste à supprimer toute une série de mots, et à les remplacer par des codes précis et destinés à éliminer toute volonté de rébellion contre un système parfaitement huilé.
Je m'explique... Le contraire de "bon" est "mauvais". Mais on pourrait trouver d'autres antonymes, comme "médiocre", "désagréable" ou encore "méchant".
Mais pourquoi utiliser toute une série de mots pour exprimer la même chose ? De cette logique visiblement implaccable, un seul mot doit être utilisé pour exprimer ce qui est "mauvais", "médiocre" ou encore "désagréable".
Pour cela, le dictionnaire du novlangue est remis régulièrement au goût du jour, tous les synonymes de mauvais étant regroupés en un seul terme: "inbon". Seul ce mot est correct, les autres synonymes étant éliminés du langage courant.
De ce fait, la critique est amenée à disparaître également. Pour faire évoluer l'idée d'une critique, il est nécessaire de maîtriser un langage évolué, avec un maximum de mots. Si on réduit le champ du langage, on réduit aussi le champ de la pensée. Ainsi, on peut faire admettre tout et son inverse: "l'ignorance, c'est la force" ou encore "2+2= 5". L'esprit humain est largement modelable et le héros, Winston Smith, va largement en subir les conséquences.
Derrière toute cette propagande, le parti crée ce sentiment de peur, de frustration et de terreur. L'élimination de certains individus déviants et la police de la pensée participent également à créer un univers paranoïaque, sans cesse dans le doute et à la dérive.
A partir de ces différents éléments, le but n'est pas de remettre en cause un système ou le fonctionnement d'une société, mais de trouver un ou des coupables. Pour lutter contre ce ou ces coupable(s), il est donc nécessaire de faire la guerre. Et cela passe nécessairement par l'éducation, et par une jeunesse déjà amoureuse de son chef et prête à dénoncer leurs parents en cas de comportement suspect.
Michael Radford réussit un véritable coup de maître, en réalisant un film fidèle au roman de George Orwell. Le cinéaste parvient à brasser les thématiques les plus importantes, John Hurt livrant à nouveau une performance étonnante dans la peau de Winston Smith. Et n'oubliez pas: 2+2=5.
Note: 20/20