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La génération oubliée?

Publié le 27 juin 2011 par Stev
La génération oubliée?La génération oubliée?La robe Nasse de Laura Dalla Palma.Quand nous sommes arrivés à Bruxelles, on nous a dit : « Francisco Ferrer, c'est pourri ». Bon, OK, nous on n’a pas la mode infuse et sortis de notre Sud natal, on a suivi le troupeau comme de vraie cagoles. Mais finalement, il y avait un truc qui clochait: sachant que Céline Collard et Aurore Brun, ou même que d'autres créateurs qui nous font fantasmer, comme David Giampiccolo sortent tous de Francisco Ferrer, on a été un peu conne de pas venir y fourrer notre nez avant. Nos placards sont nourris de pièces créées par ces mêmes designers, c'était carrément une évidence. Du coup, pourquoi laisser leurs étudiants de côté ? Ce n'est pas parce qu'on n'intègre pas systématiquement des écoles super réputées qu'on est forcément moins bonLa génération oubliée?L'ethnique outrancier de Gaëlle Bree.Attention, le but n'est pas de remettre en cause de quelque manière que ce soit l'enseignement des autres écoles, mais bien de mettre en avant celle-ci! Une école qui n'est pas siiii naze comme on l'entend, et qui par la même occasion « produit » des créatifs à la portée de tous. C'est quand même dommage que la presse nationale ne leur accorde pas un peu plus d'attention et de couvertures... Il y a une focalisation compréhensive mais pas du tout constructive.La génération oubliée?
La génération oubliée?Gaëlle Bree.La principale qualité de Francisco Ferrer est une capacité à l'auto-entreprise. Ce qui est une bonne chose parce que, ce qu'on préfère dans la mode, c'est de pouvoir la porter. Les designers qui sortent d'ici sont généralement plus facilement accessibles sur le marché et on peut donc se les procurer. Nos placards aiment. Car il n'est pas forcément évidemment de s'offrir une veste, par exemple, sur laquelle on a flashé lors d'un défilé de fin d'année.Oui, oui, vous pouvez vous dire que c'est parce qu'on a été jury des dernières années il y a une ou deux semaines qu'on les défend, mais si ces mêmes étudiants n'en avaient pas valu la peine, qu'est-ce qu'on en aurait eu à foutre ? La curiosité entraîne de bonnes comme de mauvaises surprises, c'est un fait, mais ici nous en avons la preuve en images, donc pourquoi ne pas la mettre en avant ?La génération oubliée?Chaussures: Laura Dalla Palma. La génération oubliée?Mais cessons de déblatérer et entrons avec passion dans le vif du sujet ! Nous avons remarqué cinq loulous qui ont réussi à faire leur trou (on rattrape le temps perdu, hein ! C'est pour ça qu'ils sont autant…). Cinq créateurs ancrés dans un domaine différent, avec un univers opposé, mais qui offrent une mode créative, très professionnelle et audacieusement portable. La génération oubliée?La génération oubliée?La génération oubliée?La génération oubliée?Collection "chasse et pêche" - Laura Dalla Palma.La première n'est autre que la nouvelle petite protégée du dieu Lespagnard, qui propose une féminité exacerbée avec une intelligence sobre mais plongée dans un univers loufoque : Laura Dalla Palma a les pieds sur terre et la tête dans la lune. On comprend pourquoi elle est chez Lespagnard, l'empreinte du maître se fait sentir sur l'élève. Avec sa collection « chasse et pêche », le résultat aurait pu être incongru, voire carrément à côté de la plaque, mais elle a réussi à ne retirer que le meilleur du thème pour transformer, grâce à sa créativité, un monde qui sent bon l'homme macho – et les réunions masculines de la même descendance – en un bel hommage à la femme. Une femme inspirée de nature qui se ressent dans un traitement du romantisme et des matières avec des voiles qui flottent et un aspect léger qui rend le tombé fluide. Pour autant, elle n'en délaisse pas la puissance de ses modèles en choisissant d'insuffler une haute dose de masculin dans ses coupes et en jouant avec des détails de la pêche pour renforcer un effet « baroudeuse des fêtes et des champs » : les écailles de poissons se transforment en sequins, les branchies en voiles savamment placés et les nasses à poissons en une robe loufoque mais couture. Un savant combat subtilement mené entre masculin et féminin, qui donne à sa collection une apparence chic mais décalée. Un joli travail achevé par une designeuse qui explique son cheminement avec passion et timidité. Elle aura réussi le pari d'exprimer son entière personnalité de façon désirable et ça, c'est assez rare pour être notifier.La génération oubliée?La génération oubliée?La génération oubliée?Collection "indigestion culturelle" - Gaëlle Bree.Dans un autre genre, Gaëlle Bree rend hommage à une tendance ethnique tout en lui incorporant une ingénieuse dose de modernisme : ça claque, c'est chargé mais pas indigeste, et l'utilisation de matières originales finit d'asseoir un travail de recherche très méticuleux, à l'image de cette veste en cuir que l'on dirait faite dans une écorce de bois. La demoiselle sait rendre sa mode vivace, armant sa femme de détails lourds mais au bénéfice d'une beauté exagérée, comme avec sa veste rebrodée de milliers de boutons. Ici, on ne joue pas dans la cour d'une mode simpliste, c'est par la complexité des tissus choisis et des silhouettes qu'elle donne de la consistance à celle qui s'en vêtit, comme si une amazone des nuits excentriques pouvait naître de cette combinaison. Certes, le jeu est risqué, ne visant que les forts caractères et les assurées de la confiance mais paradoxalement, ce sont peut-être les plus fragiles qui se sentiront le plus à l'aise dans des créations qui n'oublient pas le design des coupes pour mettre en valeur tout type de morphologie. A contrario de Dalla Palma, l'épure n'a pas sa place, seule la personnalité est mise en avant. Alourdie mais assumée, sa mode s'octroie le pouvoir d'avoir envie d'envoyer valdinguer le qu'en-dira-t-on. La génération oubliée?La génération oubliée?La génération oubliée?Hélise Bertouil ose le pari d'une mode que l'on déteste à la base : le modulable. Un vêtement est censé avoir une âme pas 36, sinon après il perd de son aura. Pourtant, avec mademoiselle Bertouil, ça fonctionne avec admiration car c'est dans le détail chic qu'elle va aller titiller ces dames : le Zip devient alors son principal allié pour le meilleur et pour le... meilleur ! Ses petites robes deviennent les atouts glamour des femmes que l'on pourrait voir comme des Rubik's Cube de mode : pratiques, utiles, mais surtout très très glamour, qui permettent le jeu sans en concevoir l'échec. Avec cette signature si particulière, elle s'impose non seulement comme une designeuse à part, à surveiller de très près, mais aussi comme l'initiatrice de la résolution d'un casse-tête couture maintes fois tenté mais jamais réussi. De quelque chose qui aurait pu faire sa faiblesse, elle a fait une empreinte joliment réussie qui donne à sa femme le choix d'une multitude de possibilités, ne laissant aucunement de côté une modernité atrocement classe. La génération oubliée?La génération oubliée?La génération oubliée?Pour finir, on voulait parler d'Aude Claessens, qui défie cette fois la gent masculine en se targuant de vouloir associer les hommes d'un classicisme italien et leurs costumes cravates et les ouvriers mal fagotés qui construisent les bureaux des premiers. Elle réussit avec justesse à entrechoquer deux cultures qui se croisent tous les jours mais qui sont finalement si lointaines. Audace d'une demoiselle qui casse les genres pour créer l'étincelle et rallier le trader et le plombier. On ne peut pas dire non à une envie de délibérément créer le questionnement, pour finalement proposer un hybride étrange mais aussi fonctionnel que professionnel, comme si Richard Gere s'était accouplé sans à priori avec le maître d'œuvre de son appart dans l'Upper East Side. La mode homme est déjà bien assez morne comme ça et Aude l'a bien compris : elle la combat avec ses armes, avec pour qualités de fond aucune concession et de la passion à revendre. La génération oubliée?Finalement, Francisco Ferrer ne mérite que ce qu'elle produit. Leur principale qualité est aussi leur plus gros désavantage : ne pas avoir de ligne directrice proprement dite pour laisser libre cours à l'imagination de l'étudiant. Le seul problème, c'est qu'alors celui-ci ne crée pas LA mode mais SA mode. Alors des fois, on peut tomber sur des choses « incommercialisables », sans aucune justesse avec la réalité... Souvent des trucs « alter-mondialo » qui fleurent bon le festival d'Avignon. Sauf que ce n'est pas tous les jours le festival d'Avignon. Si ces personnes sont cohérentes dans leur discours, laissons-les faire. Mais est-il nécessaire de mettre tout le monde dans le même panier? Ne ne pas s'intéresser à ceux qui créent des produits qui vous feraient mourir si c'était en magasin ? Nous gâchons nos forces de ville potentiellement Hip et on ne sait toujours pas au nom de quoi. Nous, on dit juste « bravo ! ». Et demain, on vous achève avec le chouchou de la rédaction... Mais pour l'instant, digérez déjà ceux-là ! ENJOY!Bien à vous.

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