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Mon prof, ce héros

Publié le 28 juin 2011 par Abelcarballinho @FrancofoliesFLE
« Mon prof, ce héros » suite à l'appel du Monde Education du 18 mai de nombreux lecteurs ont partagé leurs souvenirs

« Mon prof, ce héros » Vous avez été nombreux à répondre à notre appel « Mon prof, ce héros » dans le Monde Education du 18 mai. Parents, anciens ou actuels élèves, vous nous avez partagé souvenirs, anecdotes et autres petites histoires autour de professeurs qui vous ont marqué. Voici une sélection de quelques uns de vos témoignages:

Jean-Joël Blanc, un professeur d’allemand retraité, rend hommage à Jacqueline de Romilly, célèbre professeure de grec à la Sorbonne et académicienne. Quelle surprise que ce « Monde Éducation » n° 20627 du mercredi 08 mai 2011 ! Ne serait-ce pas la première fois depuis que je suis de ce monde que le corps professoral retient tant l'attention, et surtout reçoit de tels éloges et autant de remerciements ! Je vous suis reconnaissant pour ces pages spéciales en faveur de cette profession tant décriée ! Il me sera permis de citer un professeur lors de mes études de grec ancien à la Sorbonne. Quand il arrivait dans l'amphi avec seulement le livre de Budé - cette célèbre collection bilingue grec-français - sous le bras, le cours était dans la tête, il nous en imposait déjà. Il commentait le document, par exemple un chapitre de Thucydide ou un récit d'Hérodote, mêlait le texte littéral aux sentiments psychologiques : le temps du verbe, l'emploi d'un préfixe, la disposition des groupes de phrase, la particule judicieusement placée ; en un mot, j'étais transporté dans l'époque, je vivais la bataille ou la chevauchée, j'entendais la joute politique, je participais au repas familial, j'étais dans l'atmosphère de l'œuvre qui de cette façon nous apparaissait non seulement vivante mais presque évidente. Et pourtant ce n'était que du texte en grec ancien, reconstitué sous nos yeux de manière magnifique en une fresque réaliste où se confrontaient grammaire et civilisation, en un conte merveilleux.

Souvenirs impérissables ! Le professeur s'appelait Jacqueline de Romilly. Alice Erlinger, élève de terminale, remercie « monsieur T. » pour lui avoir transmis sa passion des mathématiques et trouvé sa voie professionnelle. En terminale, au milieu d’une vie froide vidée d’émotions et d’un temps réglé à la minute pour préparer à la fois la mention très bien du bac et les Championnats du Monde de natation synchronisée, j’ai rencontré un homme qui m’a bouleversée.

Un professeur de mathématiques. Ce n’était peut-être pas un héros mais il a déterminé le reste de mon existence. Dès la première minute de cours, non seulement je comprenais ce qu’il expliquait, mais je percevais aussi les liens logiques de ses phrases, ses hésitations, ses allusions. Il était certes très bon pédagogue mais il avait, je crois, quelque chose de plus. Petit cheveu sur la langue, fumeur mais pas trop, dignement modeste. Passionné. Le vouvoiement, signe magistral de respect. Contraste avec l’entraînement sportif où règnent le tutoiement et l’humiliation. Il avait la fierté d’enseigner ce qui était pour lui la plus noble des matières scientifiques, et il m’a transmis ses valeurs tout autant que sa passion. Il enseignait avec grâce, humour, rigueur, et finesse. Il m’accordait de l’attention, je lui vouais tout mon investissement. Le jour du bac, il m’a appelée et le jour des résultats, il était là, il attendait avec nous. Si je n’avais pas eu 20 en maths, j’aurais été déçue de l’avoir déçu. Aujourd’hui, je m’apprête à entamer une carrière de chercheuse en mathématiques et je voudrais simplement lui dire : merci monsieur T.


Un parent d’un élève du collège Jules Ferry à Chambéry se souvient des méthodes d’enseignements du professeur d’espagnol, « Monsieur B.A. », dont les cours ont été suivis assidûment par son fils pendant deux ans. On ne parle qu'en espagnol, on a appris dès le premier cours à dire « présent », « absent », « je ne comprends pas », « pouvez-vous répéter s’il-vous-plaît ». A partir de ces bases, l’enseignant continue avec 45 minutes de conversation, pendant lesquelles il note au tableau le vocabulaire et la grammaire. Aucun élève n'a le droit de prendre un stylo. Ensuite, pendant les quinze dernières minutes, les élèves copient sur leur cahier ce qui est écrit au tableau. La leçon est à apprendre à chaque cours, avec un exercice d'application. Très rapidement, notre enfant a su parler en espagnol et a aimé cette langue. Parti au lycée cette année, il s'ennuie en espagnol et est très sévère envers son enseignante qu'il ne trouve « pas à la hauteur ». Il constate aussi que son niveau en espagnol est plus élevé que celui des élèves venant des autres collèges. Il nous dit que Monsieur B.A. devrait être formateur pour tous les futurs enseignants – toutes disciplines confondues – car il détient la clé de la pédagogie et le secret pour rendre sages et attentifs les élèves les plus dissipés. Bravo Monsieur B.A., nous espérons que vous resterez longtemps dans ce collège car il comporte des élèves difficiles qui ont besoin d'enseignants comme vous ; exigeants avec leur public mais aussi avec eux-mêmes. Nous espérons aussi que vous ne perdrez pas votre foi en ce beau métier. Bravo et merci mille fois.


L’hommage d’élèves sportifs près de Bordeaux .Ann Nguyen enseigne le français en lycée, au Cours Péret à Saint-Médard-en Jalles (33), un établissement privé où sont scolarisés les jeunes des Girondins de Bordeaux. Après lecture du Monde éducation du 18 mai, elle a proposé à ses élèves de seconde un atelier d’écriture. Elle leur a demandé de rédiger un témoignage qui pourrait s’intituler « mon prof, ce héros ». Le fruit de leurs travaux, proposé ci-dessous, lui rappelle « Daniel Pennac à leur âge, persuadés que la littérature et l’écriture, ce n’est pas pour eux ». Et pourtant, leurs lettres sont de vrais hommages.


Axel Joubert se souvient de Monsieur Zocolant, professeur d’italien au collège Henri IV à Poitiers J’ai le souvenir d’un professeur d’italien qui m’a particulièrement marqué durant ma scolarité. Il s’appelait Monsieur Zocolant (…) Il était doué d’une merveilleuse capacité pour l’enseignement et pour nous faire aimer cette magnifique langue qu’est l’italien. Monsieur Zocolant savait rire sur des milliers de choses mais quand il fallait travailler, lui, comme toute la classe redevenait sérieux. Chaque jour, il nous répétait sa phrase culte : « sortez de la salle en ayant compris et re-rentrez demain en ayant appris ». (…) [D’autre part], les belles femmes étaient une véritable passion chez lui, notamment Monica Belluci. C’était son actrice préférée, qu’il qualifiait chaque fois de « bellissima ». Un poster d’elle ornait un mur de la salle de classe, pour qu’il ne la quitte jamais des yeux. (…) Chaque cours réservait sa dose de surprises comme cette fois où pendant une heure entière, il nous a parlé de sa grand-mère italienne, qui préparait les pâtes du soir pendant toute la journée. Je me souviens aussi du jour où il nous a expliqué l’histoire du Nutella (produit né en Italie, ndlr), car dans sa famille c’est une véritable religion. Grâce à toutes ses méthodes d’enseignement, par l’humour, l’implication, l’application et l’amour du métier, on a réussi à finir le programme de l’année, un mois en avance. Je garderai en moi toute ma vie le souvenir de ce géant de l’enseignement (…) Merci, Monsieur !


  Lucas Digon a écrit à Madame Seguette, professeure des écoles Chère Madame Seguette, Je lis déjà sur votre visage la surprise que vous éprouverez en découvrant cette lettre. (…) Moi qui n'ai pas une imagination débordante pour les sujets de rédaction, cette fois-ci je n’ai pas hésité une seconde : j'ai directement pensé à vous ! Puis, une envie de replonger dans le passé m'a envahi la tête et je n’ai pas pu y résister. Peu à peu, je me remémore tous ces moments passés à vos côtés et toutes ces expériences que vous nous avez fait vivre. Esprit rêveur, je repense à la toute première fois où vous nous avez fait découvrir la lecture. À la toute première fois où vous nous avez amenés sur l'eau afin de nous apprendre comment pratiquer la planche à voile, qui est votre plus grande passion. Je repense aussi à la toute première fois où vous avez arraché une dent qui bougeait à une de mes camarades. C'est avec le recul, Madame, que je voulais vous adresser mon respect, mon admiration et mon affection la plus profonde car par votre simplicité, votre humour, votre gaieté et j'en passe…vous m'avez appris énormément de choses tant sur le plan scolaire que sur le plan personnel. Madame, merci.


Pierre Laborde a écrit à Monsieur Lemière, professeur de français Cher Monsieur Lemière, J'étais un de vos élèves il y a de cela deux ans, au collège Jean Bouzet à Pontacq (64), en classe de 4ème C. J'ai aujourd'hui décidé de prendre mon stylo et de vous écrire, pour vous dire que depuis cette année-là, mes cours de français ne sont plus les mêmes. Vous m'avez appris, de par votre prodigieuse façon d'enseigner et de transmettre votre savoir, à aimer cette matière qui, jusque là, me semblait rébarbative. Je m'étais dit qu'en entrant en quatrième, les cours seraient comme toutes les autres années, ennuyeux, longs et inintéressants. Mais non. Votre joie de vivre et votre investissement afin de pouvoir aider les élèves ont complètement changé ma façon de voir les choses (…). Vous avez également agi avec moi en tant qu'ami, en me conseillant sur mon orientation future. Votre aide m'a été totalement bénéfique et c'est pour cela qu'aujourd'hui je me permets de te tutoyer et de te dire que je ne te considère plus seulement comme le meilleur professeur du monde mais également comme un ami. Tu m'as fait apprécier cette matière à sa juste valeur et tu m'as aidé quand j'étais en difficulté. Je voulais donc te remercier pour tout ce que tu m'as apporté.

Par : FormationsFLE

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