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La nomination de Christine Lagarde, une femme au FMI

Publié le 30 juin 2011 par Alex75

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C'est finalement Christine Lagarde, qui a été nommée, ce mardi 28 juin, directrice générale du FMI à “l'assentiment général“. Elle est ainsi la première femme à prendre la tête d'une institution financière internationale. On s'est penché sur les candidatures, pour un choix qui s'est finalement rapidement porté, en faveur de Mme Lagarde. Il est vrai qu'après l'affaire DSK, ce n'était pas gagné. Au jeu des pronostics, Christine Lagarde paraissait d'ailleurs, loin d'être la favorite. On pensait que l'on était pas prêt de revoir un Français, à la tête du FMI. Les Américains en avaient souper et les grands pays émergents d'Asie souhaitaient y installer un de chez eux, pour s'occuper un peu plus de leurs problèmes, et un peu moins de ceux de l'Europe. Mais nous faisons encore illusion, nos élites ayant conservé un je ne sais quoi, sans doute l'avantage d'avoir été une grande puissance, dans le passé. Mais avant d'être française, Christine Lagarde est une femme. Et elle parle aussi anglais, “fluent english“, parfaitement, mieux elle parle l'anglo-américain, la langue de l'empire… C'est une Française, dans une enveloppe anglo-saxonne.

Certaines mauvaises langues ont même dit, qu'en dépit de ses nombreuses gaffes, lors de son passage à Bercy, Christine Lagarde auvait été sauvée par l'excellence de son anglais. Surtout, si on le compare à celui de Nicolas Sarkozy, ce qui permettait à Mme Lagarde de tailler le bout de gras, de faire la conversation dans les enceintes internationales, où elle aimait à se faire photographie allègrement, en compagnie de ses collègues étrangers. Jusqu'à la guerre de 14-18, il fallait parler le français pour être compris dans les rencontres internationales. Aujourd'hui, les successeurs potentiels de Christine Lagarde, à commencer par François Baroin, seront surtout jugés sur leur niveau d'anglais. Et le passage de Christine Lagarde à Bercy, a montré que le titulaire du portefeuille n'était plus réellement le ministre des finances, mais ne faisait qu'appliquer une politique appliquée ailleurs, en bon petit soldat, à savoir à l'Elysée, mais aussi à Bruxelles et à Berlin. Au FMI, elle appliquera une politique, là adoptée à la Maison Blanche. La presse américaine l'avoue crûment, malgré les compétences de juriste de Christine Lagarde, les dirigeants français et surtout allemands, comptent pour elle, pour puiser dans les fonds du FMI, afin de sauver un euro, au bord du gouffre, suscitant la fureur des pays émergents, qui ont eux aussi leurs petits soucis. Au début du XXe siècle, les grands pays émergents, de l'époque (Empire ottoman ou Russie), faisaient déjà appel à des Français, pour organiser leur administration.

La nomination de Christine Lagarde, une femme au FMI

Cette prédominance hexagonale s'expliquait sous des approches diverses : la qualité de notre système de formation des élites, l'ancienneté de notre Etat, longtemps vénéré comme un Dieu tutélaire, la clarté de pensée et d'expression de la langue française (jusque dans l'après-guerre, la langue de la diplomatie), et notre universalisme issus du catholicisme et de la philosophie des lumières. La France a su conservé certains postes prestigieux, à l'image de la direction de la Banque Centrale Européenne, à la tête de laquelle est placée le Français Jean-Claude Trichet, qui arrive à la fin de son mandat. Auquel l'on peut rajouter Pascal Lamy, qui entame son dernier mandat, à la tête de l'Organisation Mondiale du Commerce… Depuis le siècle dernier et les deux guerres mondiales, à l'image de la création de la S.D.N. sous l'impulsion du Français Aristide Briant, en 1919 ou du Traité de Rome et de l'Europe du  fer et du charbon, à l'instigation du duo Monnet / Schumann, s'ajoute chez les élites françaises, le sentiment que la France n'a plus la taille adéquate, dans ce monde de géants, et que toutes les grandes questions économiques, financières, écologiques, démographiques et sécuritaires, n'ont de solution qu'à l'échelle planétaire. Cette conviction des élites françaises, que l'on retrouve dans la thèse d'un gouvernement mondial, d'un Jacques Attali, par exemple, n'a pas d'égal dans les autres pays. Il est le point de jonction idéal et parfait, entre l'universalisme hexagonal et l'internationalisme de la gauche. Pas étonnant que les socio-démocrates, tels Strauss-Kahn, Lamy et autres, y soient comme des poissons dans l'eau.

Mais nos brillants esprits font semblant de ne pas voir, que cet idéal correspond aussi, aux intérêts des grandes entreprises globalisées, qui ont imposé la loi du marché, sous la tutelle discrète, mais jamais prise en défaut de la puissance dominante. Le FMI est situé à Washington, et tout le talent de DSK en son temps, n'a pas empêché que les véritables leviers décisionnels de l'institution émanent de la Maison Blanche. L'intérêt général mondial est largement un mythe, une utopie. Les égoïsmes nationaux, comme on dit, sont après tout les intérêts des peuples, soumis à la démocratie. Ce choix prouve que les Etats-Unis ont décidé de sauver l'euro, pour des raisons multiples. Alors doit-on se réjouir ou se plaindre de cette nomination. Un grand diplomate anglais, ancien commissaire européen, Christopher Sommes, un jour, a apporté la réponse : “Dans une organisation internationale, disait-il, il faut toujours mettre un Français, à la tête. Car les Français sont les seuls, à ne pas défendre les intérets de leurs pays“. “Il faut sans doute nous détester autant que les Anglais, depuis si longtemps et réciproquement, pour nous connaître aussi bien“, dixit Eric Zemmour. 

   J. D.


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