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Le fleuve détourné de Rachid Mimouni

Par Labibdadi

Le fleuve détourné de Rachid MimouniAuteur : Rachid Mimouni

Titre : Le fleuve détourné

Edition : Pocket /Septembre 1990 (218pages)

Quatrième de couverture :  »Le narrateur, précisément, veut savoir. Il revient de loin, après plusieurs années d’absence. Il revient de si loin que tout le monde, dans son vilIage, le tient pour mort : officiellement, il à été tué lors d’un bombardement par les forces françaises d’un camp du FLN, pendant la guerre d’indépendance. Qu ‘a-t-on à faire de ce revenant ? Il s’obstine, veut retrouver sa femme et son fils. Et le voici parti, comme une ombre, à travers son pays. Sa voix nous bouleverse. Le fleuve immémorial de la tradition a été détourné de son cours ; le peuple ne se reconnaît plus ; il se tait. Ce roman, d’une densité et d’une rigueur exemplaires, est le plus éloquent des textes du silence. « 

Ce qui me déroute avec Rachid Mimouni, c’est que à chaque fois que je lis un de ses livres, (et je les ai presque tous lus, plusieurs fois même), je me dis que c’est mon préféré.

Dans ce livre aux allures allégoriques prononcées, Mimouni scrute avec minutie et rigueur l’Algérie postcoloniale. Cette Algérie spoliée à ses algériens, par un groupe de faux-jetons qui se cachaient hier encore terrés chez lui, pendant que de glorieux (et vains ?) martyrs abreuvant de leur sang, la terre sacrée de la patrie.

Avec l’humour et dérision qui lui sont caractéristiques, Mimouni voue aux gémonies de manière subtile les teneurs des rennes, et qui en ont été indignes. A travers l’histoire de cet homme amnésique, à qui on refuse jusqu’à l’identité, à qui on a déshonoré femme et amour-propre, c’est l’histoire de tous les algériens, qui avant 1962 étaient colonisés par les français, et qui depuis cette année là, sont colonisés par un groupe d’algériens. Amer constat, toujours d’actualité, grâce aux brises révolutionnaires de ce printemps dit arabe.

Ce livre est en réalité scindé en deux parties parallèles. L’une d’elles est celle de cet homme amnésique, l’autre, plus allégorique, plus George Orwell je trouve, raconte le sort d’un groupe de personne enfermé, encerclé, surveillé, toujours à l’image du peuple algériens. La particularité de ces hommes est qu’ils sont considérés (à tors ou à raison, et dans ce dernier cas, celle du plus fort !!) comme subversifs, comme leurs spermatozoïdes, raison pour laquelle l’administration a décidé de les castrer. Je ressens à travers cette partie, comme dans d’autres livres de Rachid Mimouni, une critique négative de la politique socialiste, politique menée par Boumediene avec beaucoup de bonne volonté (comme le pense une majorité d’algériens), et aux résultats catastrophiques sur l’économie nationale et la mentalité des algériens qu’on connait (un peu).

Je conseille vivement à tous, de toujours avoir un Rachid Mimouni dans sa bibliothèque. Cela permettra aux non-algériens de mieux connaitre le mystère algérien que nous sommes, et aux algériens, de mieux se connaitre eux même.


Filed under: Algerie, analyse, Critiques, littérature, Livres, poche, Rachid Mimouni, reflexion, roman

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