Chiara Mastroianni et Benjamin Biolay étaient sur la scène de la Cité de la Musique hier soir...
Jeudi 30 juin, parvis de la Cité de la Musique, Paris. Plein soleil. Je profite des derniers rayons avant d'aller rejoindre la foule qui se masse à l'intérieur pour la soirée d'exception qui l'attend : Le concert hommage à Jacno qui va donner une incarnation au magnifique projet Jacno Future qui s'est concrétisé il y a peu par un album éponyme.
J'observe vaguement les badauds et là, frissons : Il y a juste devant moi Christophe Honoré, c'est à dire un de mes réalisateurs préférés qui passe, là, comme ça, comme si de rien n'était, ne semblant visiblement pas réaliser l'effervescence subite qu'il vient de générer chez moi. Il me vient furtivement à l'esprit l'idée d'aller lui dire tout le bien que je pense de son travail et puis je me ravise. Je crois que je deviens raisonnable...
5 minutes plus tard c'est Clotilde Hesme qui se faufile. Le temps de réaliser qu'elle est aussi jolie et encore plus grande que je ne l'imaginais et hop, elle a déjà disparu. Bon, bien sûr ça n'a rien d'un hasard, si Christophe Honoré et une de ses actrices fétiches sont là c'est parce que sur scène doivent se produire ce soir Alex Beaupain (compositeur attitré des films d'Honoré) et Chiara Mastroianni qui fait aussi partie des habituées de ses castings, désormais...). Je me prends à rêver que peut être Louis Garrel viendra aussi à passer devant moi et ça m'aide à patienter en attendant d'être rejointe par ma "music partner" du soir.
C'est Jean Charles de Castelbajac qui entre en scène pour présenter la soirée, accompagné du portait de Jacno qu'il signe et qui orne la pochette de l'album. Introduction solennelle qui rend hommage à deux de ses amis disparus récemment, Malcom Mac Laren et Denis, enfin Jacno, dont il explique que, s'il avait pu observer cette soirée, il pense qu'il l'aurait qualifiée comme il le faisait souvent d'un "c'est classieux!'. Quelques mots sur ce "beautiful loser", ce si beau perdant et une ôde à la différence ponctuée d'anecdotes personnelles et JCDC quitte la scène pour céder la place aux musiciens.
C'est Alex Beaupain qui ouvre la soirée. Il s'installe sur la scène décorée de très graphiques carrés et rectangles aux couleurs changeantes et à l'éclairage intermittent pour interprèter un très dansant "tes beaux yeux bleus", accompagné de Frédéric Lo. Le public vraisemblablement timide remue peu.
Changement de plateau. D'une froideur saisissante. Pas de transition entre les titres, pas de présentation des artistes, les techniciens changent le plateau sur un fond sonore composé des musiques originales interprétées par Jacno au cours de sa carrière. Il en sera ainsi tout au long de la soirée, c'est peut être le seul bémol que je pourrais apporter à mon enthousiasme démesuré. Vient le tour de Thomas Dutronc ("Je ne suis pas toujours de mon avis") dont les yeux bleu azur sont masqués par une lourde de paire de solaires qu'il ne quittera pas avant le plateau final. Mauvaise idée ça. Mais bon son alors ça va...Ce sont ensuite Chiara Mastroianni et Benjamin Biolay qui s'installent pour un duo à leur image : d'une rare élégance.
Plus tard c'est Jacques Higelin qui entre en scène pour une lecture mise en musique, lecture de la préface poétique de l'album, dont il est l'auteur, et qu'il récite de l'émotion dans la voix et toute l'intensité qu'on lui connait. Magique. Il enchaine directement sur l'interprétation de son morceau pour lequel il va à la rencontre du public qui semblait n'attendre que ça et clappe des mains sur les deux dernières mesures. Enfin!
Viendra Miossec suivi d'Etienne Daho (dont je découvre la coupe rockabilly), accompagné de Calypso, la fille de Jacno et Ellie (duo littéralement acclamé par le public) et d'un quatuor de cordes (3 violons et un violoncelle : somptueux),puis Miossec, le retour d'Alex Beaupain (pour "je t'aime tant"), et enfin Coming soon et son chanteur aux allures de cowboy déguingandé qui, il faut le souligner, a apporté un peu de folie sur cette scène bien sage.
Pour le plateau final tous les artistes se réunissent autour de Jean Charles de Castelbajac qui après avoir remercié tous ceux qui ont participé au projet Jacno Future fait chanter au public quelques passages d'amoureux solitaires. La soirée se termine sur un moment de recueillement, tous tournés face à une vidéo de Jacno sur un fond instrumental (extrait de Rectangle, 2 chansons de Jacno, d'Oliver Assayas). Emotion.
Magnifique soirée qui a su tenir ses promesses, où chacun a eu plaisir à retrouver sur scène ceux qui l'avaient enchanté sur l'album. Des absents bien sûr, qu'on pourra regretter (Katerine, Brigitte Fontaine...) mais en compensation la setlist ménageait aussi quelques surprises (avec par exemple l'interprétation des "nuits de pleine lune").
Peut être un peu trop guindé à mon goût mais la solennité était sans doute de mise. Hommage posthume oblige.
La foule se disperse rapidement, certains s'engouffrent dans le métro tandis que d'autres se réfugient dans un rongeur (le taxi selon Jacno)... en route vers d'autres rives.
Pour terminer je reprends les mots de JCDC, si beaux :"Merci à tous ces artistes qui ont réussi à cristalliser l'invisible et à faire en sorte que Denis était avec nous. Pour toujours".