J’AI RENCONTRE LE DIABLE (Akmareul boatda) de Kim Jee-woon

A côté des montagnes russes, vicelardes et barbares, du nouveau film de Kim Jee-woon, Hostel, Saw et Cie ne sont que d’inoffensifs tours de manège. Sérieusement. Monsieur 2 Sœurs, A Bittersweet Life et Le Bon, la brute et le truand confirme son goût pour l’excès dans ce thriller vigilante (comprendre : film de vengeance) où s’affrontent un veuf en colère (Lee Byung-Hum) et un immonde serial killer, coupeur de têtes et violeur de petites filles (Choi Min-sik de Old Boy). Si vous pensiez avoir tout vu au cinéma, sachez que le film va encore (bien, bien) plus loin repoussant toutes les limites du sordide et de la violence. Jusqu’à franchir la ligne rouge. Car, ici, le terrain est glissant : complaisance à chaque plan, surenchère dans les scènes de torture, atmosphère malsaine et propos dérangeant. Kim Jee-woon livre une œuvre-expérience, sadique de A à Z, vaine de A à Z, monstrueuse de A à Z, et moralement très discutable. Et, la réussite formelle de l’ensemble (photographie, musique, casting) n’excuse rien.
D’abord, le déballage outrancier, poussif, de séquences difficilement supportables (même pour les habitués !) n’incite qu’au rejet pur et dur de la totalité du film. Mais pire que la forme, il y a le fond : ses maigres interrogations latentes (sur les notions de bien et de mal, de justice, de vengeance personnelle), ne semblent que prétextes à la boucherie, lorsque l’on voit ce qu’il en ressort in fine. Oui, l’Homme qui se comporte comme le Monstre, devient lui-même un monstre. Pas besoin de 2H25 (oui, oui !) de corps éventrés, de visages massacrés à coups de marteau et de viols abjects pour le comprendre. Cette accumulation insensée de cruauté et d’abominations cochonnes tourne à vide et finit par provoquer nausée ET colère (Gaspard Irréversible Noé, sors de ce corps !). J’ai rencontré le diable ne possède finalement qu’un mérite : questionner, par son existence même, les limites de l’art (soit, jusqu’où a-t-on le droit d’aller ?). C’est simple : c’est le film le plus bête de Kim Jee-woon, et le plus stupide que l’on ait vu depuis longtemps ! Bien sûr, parce qu’il est estampillé "film d’auteur coréen" (ah ! Cela n’aurait pas été la même s’il avait eu le malheur d’être américain !), il remporte prix à Gérardmer, rafle critiques élogieuses et se faufile tranquillement une place dans la programmation de divers cinémas art et essai. Pour nous, ce sera un NON, en majuscules.

AVANT PREMIERE: sortie le 6 juillet.