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Polisse

Publié le 01 juillet 2011 par Mg

Le temps d’un Bal des Actrices, joli portrait de ce métier et de ces femmes, Maïwenn (Le Besco ou pas) nous prouvait qu’on peut être fille de, et savoir bien faire les choses quand même. Du talent à l’état brut, qui n’aura sans doute de cesse de nous étonner, tant son troisième film lui offre une marche glorieuse vers un succès encore plus grand. Preuve s’il en est, et pas la moins importante, une sélection au Festival de Cannes, et un Prix du Jury amplement mérité. Mais on est prêt à parier que ça n’est que le début…

Mais Polisse, c’est quoi? Ecrit par la main d’un enfant, maladroitement, innocement, ce mot Polisse nous expédie dans la Brigade de Protection des Mineurs au coeur de Paris. Viol, inceste, violence, trafic… Ils sont appelés dès qu’un enfant est concerné. Des drames au quotidien, accentués par la fragilité et la jeunesse des victimes. Nous découvrons donc la BPM via les yeux d’une photographe (Maïwenn, qui superpose son regard à celui de la caméra – pas franchement la meilleure idée, mais cela laisse place à autre chose que du 100% policier), ce groupe d’intervention fait d’hommes et de femmes, d’êtres humains confrontés à la société dans ses aspects les plus sombres, les plus sales. Protecteurs et chasseurs, ils sont aussi fragiles et blessés par les années de métier, les choses vues… Le portrait est attendu mais réaliste, et évite les poncifs du genre. Pas difficile avec un casting 5 étoiles (Viard, Fois, Joeystarr, Rocher, Elkaïm, Duvauchelle…), Maïwenn s’entoure bien, et l’énergie est évidente à l’écran, transformant un simple film policier en voyage accompagné pas si loin de chez nous.

Et on s’y attache à ce groupe. La volonté de filmer en docu-fiction procure une grande sensation de liberté et un ton résolument moderne. Caméra épaule, en bureau ou sur le terrain, Maïwenn filme de près et casse l’image du cinéma à la française. Les comédiens sont entourés, amenés à livrer du vrai, et si le maquillage se voit encore un peu ce sont de vibrants portraits d’hommes et de femmes que nous avons là, pour des acteurs et actrices qui ont peu l’habitude de se faire (gentiment) malmener comme ceci. Retrouver Joeystarr (comme l’indique le générique) dans un rôle central ici est étonnant mais confirme tout le bien que l’on peut penser de sa trajectoire sur grand écran. Autour de lui, l’avant garde du cinéma hexagonal (féminin surtout) est bien présent. Karin Viard, en divorcée pas si heureuse, se mange une belle part de l’ensemble, mais avec une émotion palpable.

Au final, Polisse est bien la pépite annoncée, offrant une vague de liberté de ton et de forme assez généreuse. On aimerait voir autant d’audace et de complexité (les relations entre personnages sont exploitées en parallèle de la thématique forte du quotidien de la brigade) dans les autres films français… Seul réel bémol, une fin particulièrement décalée, forte mais trop loin du reste pour réellement fonctionner.


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