Medianeras, le premier film de Gustavo Taretto

Martín (Javier Drolas) est informaticien. Mariana (Pilar López de Ayala) habille des mannequins pour décorer les vitrines des magasins. Tous deux vivent à Buenos Aires. Ils ne se connaissent pas, fréquentent les mêmes lieux, se croisent régulièrement mais pourtant jamais ils ne se rencontrent. La faute aux medianeras, à ces murs aveugles qui empêchent les uns et les autres de se voir. Tous deux ne parviennent pas à se remettre de leur dernière relation amoureuse. Martín végète devant son ordinateur, s’occupe de l’animal de compagnie de son ex, rencontre une promeneuse de chiens. Sans conviction, cette histoire se terminera avant même d’avoir commencé. Mariana erre dans son appartement qui lui rappelle constamment son ancienne vie de couple. Elle aussi végète, déprime et angoisse devant son écran, cherche désespérément Charlie dans la ville (au sens propre comme au sens figuré) et finit par s’amuser avec les mannequins des vitrines qu’elle habille, sa manière d’extérioriser son sentiment de solitude. Dans cette capitale peuplée de trois millions d’habitants, tout ce qui les éloigne finira pourtant par les rapprocher grâce à une fenêtre, minuscule et illégale, posée entre ces murs aveugles.

Premier long-métrage de Gustavo Taretto, Medianeras est une comédie romantique qui s’inscrit dans son époque. L’individualisme exacerbé de notre société contemporaine est mis en relief à travers une réflexion sur le manque de perspectives et de projets architecturaux dans les grandes villes, de la solitude de ces personnes qui les habitent et de l’isolement auquel chacun est confronté. Dans cet univers hostile et pollué, les nouvelles technologies et moyens de communication sont sensés rompre les barrières de l’exclusion. Ils ne font que les renforcer car la modernité offre tout le confort à la maison, nul besoin ni raison de sortir de chez soi.

Pourtant, les individus ne peuvent vivre seuls. Chacun a besoin de l’autre pour survivre. C’est sur cette nécessité que se construit Medianeras mais aussi sur ce désir que le long-métrage du réalisateur argentin s’effondre. Les personnages ont beau être sincères et attachants, perdus dans cette immensité sociale et géographique ; la mise en scène est originale (proche de celle que l’on retrouve dans certains films du cinéma indépendant américain à l’instar de 500 jours ensemble de Marc Webb ou récemment Beginners de Mike Mills), le film ne parvient pourtant pas à échapper aux carcans que ce genre cinématographique impose et finit même par sombrer dans le plus grand cliché éculé de la comédie romantique, celui de se terminer sur l’illusion qu’une nouvelle rencontre est toujours le point de départ d’une histoire amoureuse plus réussie que la précédente.

Sortie en salles le 1^er juin 2011