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NN891102 : L’Obsession

Publié le 03 juillet 2011 par Diana
NN891102 : L’ObsessionGo Shibata est un jeune cinéaste qui compte une poignée de films dans sa filmographie. Il est représentatif de ces cinéastes qui divise à chacune de ses œuvres. Son premier long-métrage, NN891102 (1999) n’est pas exempt de cet état.
NN891102 : L’ObsessionTitre énigmatique NN891102 est la traduction d’une date fatidique pour le Japon, celle du 9 août 1945 à 11h02 lorsque la bombe atomique s’abattu sur Nagasaki. Le cinéaste japonais traite dans son œuvre de l’obsession d’un homme, Reiichi, qui survécu enfant à l’explosion de la bombe. Il pense par la suite détenir sur le magnétophone de son père l’enregistrement du bruit de l’explosion (le son produit) de la bombe. Hanté par ce « son », Reiichi va tenter tout au long de sa vie de le reproduire. Obsédé, il va tenter de retrouver la sensation produite par ce « son » en son for intérieur quitte à mettre en danger son existence…
NN891102 : L’ObsessionNN891102 c’est le traumatisme d’un homme qui va virer à l’obsession pour altérer sa santé mentale jusqu’à provoquer des cicatrices physiques. A travers ce portrait, Go Shibata semble nous interroger sur la mémoire et notre rapport au souvenir. Ici, celui d’un évènement contemporain qui ébranla un pays, le Japon, et montra une forme d’horreur jamais vue jusqu’alors. NN891102 montre dès lors l’impact social mais aussi la culture de la bombe atomique qui naquit par la suite. Traumatisé par le son de la bombe mais aussi par son absence lorsqu’il ne parvient plus à l’entendre, Reiichi va tenter de surmonter ce poison qui le contamine par l’écoute des sons, du bruit qui l’entoure. Il est le symbole d’un peuple qui a du surmonter les répercussions mentales de la bombe, la folie qui s’immisçait dans la psyché de ses contemporains. Le corps meurtri de Reiichi qui évolue dans le temps, c’est aussi le partage de cette douleur, de ce traumatisme avec les différentes générations. Plus il avance, et prend de l’âge, plus ce traumatisme semble s’atténuer et se muer en sérénité. Il trouvera par ailleurs une certaine forme de paix intérieure.
NN891102 : L’ObsessionNN891102 utilise un procédé narratif qui met en place de nombreux flash-back pour nous montrer l’impact psychologique d’un homme, de la tragédie dont il se fait écho, du cheminement inquiétant et inéluctable qui l’habite. Un autiste face à son environnement et qui ne parvient à se défaire du « diable plutonium ». Go Shibata déploie une maîtrise qui permet de saisir les sensations fortes. Il fait appel aux intertitres rappelant le cinéma muet lorsqu’il ne métaphore pas son propos par le théâtre de marionnettes en papier, un parallèle avec les films de monstre qui arrivent à nous effrayer, des références à la technologie positive (en opposition à la bombe) ainsi que d’une société en pleine mutation « futuriste ». Si les images ont un impact indéniable, NN891102 vaut également pour sa très bonne composition musicale qui a ici une importance non négligeable, s’inscrivant comme une œuvre auditive où la musique employée, les bruitages ont autant de place que les images, voire plus. Des « sons » qui savent être à la fois beaux et désenchantés mais aussi furieux et éprouvants.
Sous l’influence d’un cinéma avant-gardiste, NN891102 pourrait s’inscrire dans une forme d’extension « sage » d’œuvres comme Tetsuo de Shinya Tsukamoto ou bien Electric Dragon 80.000 V de Sogo Ishii. D’aspect parfois documentaire, Go Shibata nous invite dans une œuvre engagée et réaliste qui nous emporte dans un tourbillon d’émotion.
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