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"Fort comme la mort" : Maupassant

Publié le 07 juillet 2011 par Sheumas

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Comme le titre l’indique la mort n’est-elle pas l’héroïne éponyme de ce roman encore une fois très sombre de Maupassant ? Le peintre Olivier Bertin est pourtant une force de la nature, doué à la fois d’un tempérament artiste, d’une puissance de sensation et d’un pouvoir de séduction irrésistible. Mais il arrive à une période critique...

   Le début de sa relation avec l’un de ses modèles, la comtesse de Guilleroy, est relatée avec précision. A l’origine, la jeune femme est belle, vertueuse, passionnée et finit par lui accorder ses faveurs à un âge où il sent qu’il n’a déjà plus la force de changer de maîtresse aussi rapidement. Et puis Mme de Guilleroy n’est pas une lorette, son âme est délicate et il ressent pour elle une infinie tendresse. Cette Any a une petite fille âgée de 5-6 ans qui l’accompagne quelquefois...

   Les années passant, Olivier Bertin se sent de plus en plus attiré par cette fille de la comtesse : Annette… Douze ans plus tard, la jeune fille le trouble même profondément dans la mesure où sa ressemblance lui rappelle à tous les niveaux la mère. Même voix, même taille, même démarche. « Bertin sentit en lui s’éveiller des souvenirs, ces souvenirs disparus, noyés dans l’oubli et qui soudain reviennent, on ne sait pourquoi. Ils surgissaient rapides, de toutes sortes, si nombreux en même temps qu’il éprouvait la sensation d’une main remuant la vase de sa mémoire. »

   La métaphore « la vase de la mémoire » renvoie bien à cette idée de petite mort que soulèvent toutes les occasions de réminiscences que sollicitent dans le souvenir de l’ancien séducteur les diverses sensations (p84).

   La phase de rivalité gentille entre la mère et la fille ne dure pas bien longtemps car un événement vient précipiter les choses : la mort de la mère de Mme de Guilleroy. Chagrin, épreuve, fatigue, elle n’est plus la même en quelques semaines alors qu’Annette a gagné en maturité et dignité. Le peintre reconnaît en elle le portrait qu’il a réalisé 15 ans plus tôt... C’est alors un peu l’histoire du portrait de Dorian Gray qui se joue cruellement entre la mère et la fille et, impitoyablement à ce moment du livre, la descente infernale vers le destin impitoyable auquel Maupassant mène immanquablement ses personnages.


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