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S’indigner pour autrui et pas seulement pour soi. Opinion

Par Alaindependant

Peuple, ne gaspille pas tes forces à poursuivre la hyène, elle s’en ira mourir dans la plaine et dans sa solitude. Regardez la gazelle que le bon Dieu  m’offrit. Il nous faudra trouver le secret de la chaleur en cherchant dans nos coeurs. Tant que l’hiver n’entrera pas dans nos coeurs, le froid, même le froid nous réchauffera. Malek HADDAD, Je t’offrirai une gazelle

L’histoire universelle est le progrès dans la conscience de la liberté. Hegel, Leçons sur la Philosophie de l’histoire


« Indignez vous » : ces deux mots résonnent comme une injonction. Hessel les a voulu comme un encouragement, une exhortation ; ils sont devenus en Occident le leitmotiv de toute une génération qui ayant constaté l’échec des outils traditionnels du répertoire d’action collective ( grève, manifestation…) se réapproprie le mouvement des «  printemps arabes » et semble conscientiser, renouer avec le dynamisme historique jusque là ignoré ou subit . Comme refusant le terme révolution, car trop galvaudé, perverti, ils s’investissent au sein du mouvement des indignés en Espagne, Grèce , France…

Mais à ces mouvements, estimables par ailleurs, nous désirons poser cette question : pourquoi avoir attendu pour vous indigner, pourquoi ne prenez vous pas une des essence magnifique des « printemps arabes » qui est de transcender les frontières, les nations afin de renouer avec l’universalisme de la liberté. Indignez-vous en Occident… mais et pour la Palestine ? Où êtes-vous ?

Nous sommes confrontés à une jeunesse qui recherche en aveugle à combler un manque, un vide et qui commence à comprendre que la réponse va au-delà des revendications sociales et matérielles. Ce constat, que les peuples arabo-musulmans ont posé en refusant une paix sociale monnayée, achetée,  est ainsi en train de nous pénétrer….  En France nous vivons au sein d’une société fière d’avoir mis au bucher les porteurs des étendards de la spiritualité. Nos institutions étatiques portent en blason le dogmatisme des chasseurs de spiritualité. Dans nos salles sont psalmodiés les noms de Rousseau, Voltaire, Descartes, sont déclamés les principes de la séparation de l’Eglise et de l’Etat et ânonnés les principes d’Hegel… Cette société a-t-elle conscience qu’elle s’appuie sur la partie d’un tout, mettant en avant cette partie et niant, refusant le tout ? Hegel dans son ouvrage La Phénoménologie de l’esprit nous parle d’un processus ayant conduit à ramener le divin au niveau de l’homme, de la reconquête par ce dernier de son destin ôté des mains de la transcendance et transfiguration divines. En son nom le bannissement du religieux à été proclamé. Mais Hegel, quand on va au bout de son analyse ajoute un troisième temps de réflexion, la mutation de la religion en philosophie, qui aboutit, menée à terme, à la théologie de la libération. Il ne s’agit pas de rejeter le divin mais de le réconcilier avec l’humain par le biais d’un processus rationnel.

Ce processus ,  inconsciemment parfois, les jeunes actuels l’expérimentent en faisant leurs les mots «  Indignez-vous ». Mais car la capacité d’indignation nous renvoie à la capacité d’accepter l’Autre, de s’émouvoir pour une cause extérieure à nous, d’accepter la binarité de toute relation sociale- moi et tu-, elle nous met face à l’essence universelle et particulière de l’homme, elle nous transporte dans le domaine du spirituel et du divin. C’est cette conscience, cette revendication de la synthèse entre universel et particulier, ce dépassement des frontières et d’un ordre unique dont sont porteurs la majorité des militants de la cause palestinienne.

Ce sont ces étendards que disent et portent les volontaires de la flottille de Gaza, qui refusent de céder au chantage de gouvernements soumis aux ordres d’une finance internationale qui brandit le droit d’intérêt et non de légitimité, Se sont ces valeurs que défendent les centaines de volontaires de la Mission internationale Palestinienne du 8 juillet, qui, hommes, femmes, enfants, tout âges confondus, vont braver l’hypocrisie et le non-dit en clamant leur visite en Palestine occupée. C’est cette quête et cette réconciliation entre spiritualité et rationalité qui anime et traverse les militants de la cause Palestinienne à travers le monde… Et c’est peut être là, la différence majeure entre les militants du mouvement des Indignés et la cause Palestinienne. La capacité à s’indigner pour autrui et pas seulement pour soi.

Shayma Marion RENAUD


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