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"Melancholia" : allégorie de la dépression nerveuse

Par Vierasouto


10 - 07
2011
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Depuis cet article rédigé lors du dernier festival de Cannes, Kirsten Dunst a obtenu le prix d'interprétation féminine, le réalisateur Lars Von Trier a eté renvoyé du festival en raison de ses propos antisémites en conférence de presse et les critiques du film ont évolué vers plus de clémence... Je retranscris ici ce post  tel qu'à l'époque.   Pitch.
Le jour de son mariage, durant une réception luxueuse dans le chateau de son  beau-frère, une jeune femme craque et plonge dans la dépression. Pendant ce temps, la planète Melancholia s'approche dangereusement de la terre.

Avant le générique, tout est dit, tout est montré, la mariée gisant dans l'eau, la collision de la terre avec la planète Melancholia, etc... Le jour de son mariage, Justine (Kirsten Dunst) sourit trop, a un air heureux qu'on dirait un brin forcé. Mais elle va cesser de se forcer quand sa mère (Charlotte Rampling), excentrique et dure, fait une déclaration aigre à la table de réception. Une réception fastueuse organisée dans la maison de sa soeur Claire (Charlotte Gainsbourg) et son riche beau-frère (Kiefer Sutherland) d'où elle s'échappe. Elle et sa mère vont prendre un bain en plein dîner... Le père, futile, danse comme une toupie.
photo Les Films du Losange

Deux parties dans ce film qui est une brillante démonstration allégorique de la dépression nerveuse : deux soeurs, Justine et Claire, la blonde polaire et la brune solaire... Justine est incapable de vivre, engourdie physiquement, asphyxiée musculairement par une forme aigüe de dépression nerveuse, la mélancolie ; Claire est le versant angoisse de cette dépression, terrorisée par la peur de mourir, elle ne cesse de consulter internet pour lire les prédictions des experts scientifiques quant à la véracité de cette menace que la planète Melancholia rentre en collision avec la terre.

photo Les Films du Losange
L'une n'aime pas la vie, l'autre a peur de la mort, c'est le conflit des deux versants d'un état psychique où il serait trop confortable de s'en tenir à la position de Justine, la somatisation d'un mal intérieur qui vous rend atone, indifférent à presque tout car "Madame angoisse" (comme l'appelait la fille de Simenon, qui s'est suicidée, dans un livre posthume que son père a fait publier) ne vous lâche pas. Justine, lors de la réception de mariage, essaie vainement d'appeler à l'aide des "sourds", sa mère, son père, son mari, sa soeur, aucun n'a le temps de lui répondre. Les hommes de la vie des deux soeurs, Justine et Claire, vont être balayés en deux temps trois mouvements, le mari démisssionne, le beau-frère est recouvert de paille après un accident dans une écurie, des hommes aimants mais idiots, trop réels, "équilibrés", inutiles.
Il y a dans ce film un mélange de naïveté et de poésie, à commencer par le titre "Melancholia"*, un parti pris symphonique un peu lourd parfois (Wagner) ; certaines scènes superbes comme Justine nue au clair de lune qui la balaye en noir et blanc. Kirsten Dunst est magnifique et mériterait amplement le prix d'interprétation.
* On dit que "La Nauseé" de Sartre devait s'appeler en première intention "Melancholia". photo Les Films du Losange article publié le 18 mai 2011 sur le blog spécial www.cinemaniacannes.fr après la présentation du film au festival de Cannes...
(Malgré les déclarations provocatrices de Lars Von Trier en conférence de presse, notamment antisémites qui l'ont conduit à s'excuser publiquement, la salle était bondée hier soir à 22h30 pour la présentation officielle de "Melancholia", récit allégorique de la propre dépression nerveuse du réalisateur. Peu ont applaudi mais peu sont sortis de la salle pendant la projection... )

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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma danois, , lars Von Trier

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