Il a suffi que quelques scouts en hike poursuivent un renard passant par là pour se retrouver devant une belle maison. À la recherche d’un gîte pour la nuit, ils ont sonné en se disant qu’il serait sympathique de loger dans cette belle bâtisse. Ils furent accueillis poliment, mais rapidement reconduits chez eux… par la police. Sans le savoir, ils avaient sonné à la porte du Château de Ciergnon, demeure royale !
L’épisode fait sourire. M’y intéressant pour la bonne et simple raison que mon fils est un des animateurs de cette troupe scoute, j’ai été surpris – quoique – de lire les commentaires fleurissant sur les forums de certains journaux en ligne, ici et là. Quelle désinformation !
Il y a d’abord ceux qui accusent nos souverains de ne pas même avoir pu accueillir ces braves scouts innocents, y voyant la preuve de leur arrogance vers le petit peuple ! C’est vrai qu’il eût été sympathique que ces scouts soient accueillis plus chaleureusement, ne fut-ce qu’avec un verre d’eau à défaut d’un couchage quelconque. Encore eût-il fallu pour cela que les propriétaires du lieu soient informés de cette visite inhabituelle ! Le personnel n’a sans doute fait que suivre les règles élémentaires de sécurité, sans trop se poser de questions. Était-il nécessaire d’appeler la police (ou plutôt un membre de la sécurité présent sur place) ? Sans doute que non, mais ce n’est peut-être que la procédure. Bref, de là à interpréter ce renvoi poli comme une attitude méprisante d’exclusion, il y a un pas qui ne me semble pas pouvoir être franchi.
Un autre groupe de commentaires s’offusque de lire que de jeunes scouts devaient chercher un lieu pour loger ! S’ils sont en camp, n’ont-ils pas des tentes à leur disposition ? En réalité, ces scouts étaient en train de vivre un moment très important de leur camp : le hike. Pendant trois jours, ils se retrouvent en patrouille en devant parcourir un itinéraire et se débrouiller notamment pour trouver un logement. Ils ne sont pas « abandonnés » à leur triste sort, mais sont confrontés à un moment d’autonomie et de débrouillardise. Cela fait des dizaines d’années que cette activité existe dans de nombreuses troupes et elle constitue certainement pour les jeunes un des sommets de leur camp. C’est évidemment aussi un moment où certaines bétises sont commises, la plupart du temps sans lendemain. Ne sont-ce pas elles qui donnent un peu de piment à la jeunesse ? Bref, rien d’anormal dans cette aventure.
Ces réactions, parfois virulentes, interpellent. Il est frappant de constater que des personnes déversent leur hargne sans beaucoup de discernement, sans être réellement informées de la réalité. Au-delà de l’anecdote qui les a suscitées, elles posent la question de la confiance qu’on peut accorder à la voix du peuple. Pour sortir des problèmes dans lesquels la Belgique se trouve engluée, la solution du referendum paraît une bonne piste et je la soutiens personnellement. Mais je m’interroge néanmoins sur la validité des conclusions qui en sortiraient. Décidément, les êtres humains sont d’une grande complexité…