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J'ai testé : New York-Toronto FC sur le net, à 2 h du matin

Publié le 07 juillet 2011 par Atango

Aux States, le football se joue avec les mains, et le sport qui consiste à courir après un ballon pour le shooter avec ses pieds s'appelle le soccer. En gros, une absurdité lexicale doublée d'un monument de mauvaise foi, car chacun sait que les Américains ont inventé ce terme de soccer juste pour se venger de ne pas être les meilleurs du monde dans ce domaine. Sachant que le monde est limité à l'ouest par le Pacifique, à l'est par l'Atlantique, au nord par le Canada et au sud par le Mexique.

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Il y a comme ça des pays qui décident de faire cavalier seul, juste par esprit de contradiction. Ainsi, les Anglais roulent à gauche et les Américains appellent le football "soccer". D'ailleurs, pour bien montrer le peu de considération qu'ils ont pour ce sport, ils ont décidé que ce serait une affaire de filles. Dans les films, les garçons, eux, jouent au baseball. Et ils deviennent des tueurs en série parce que leur papa travaillait tellement qu'il n'assistait pas à leurs matches, ce qui les a traumatisés à vie.

Le baseball, c'est du cricket revu à la sauce statoise. En réalité, les statois n'ont pas changé grand'chose au sport qu'ils ont emprunté aux Anglais. Mais quel intérêt d'être la première puissance du monde s'il faut en plus reconnaître ses dettes ? Il suffit de tout rebaptiser pour se convaincre que tout a été inventé entre Miami et Seattle.

Cela dit, le cricket/baseball est de toute façon un sport bizarre qui consiste à frapper une balle avec un bâton. Ce bâton s'appelle une batte, et c'est un instrument qui peut aussi servir à massacrer ses invités quand on est le parrain de la mafia à Chicago. Mais on s'égare.

Une fois la balle frappée, on se met à courir. Le reste des règles est incompréhensible. Revenons donc au soccer. Les USA étant un territoire trop étroit, le Canada aussi, ces messieurs ont décidé de jumeler les deux pays dans une seule ligue : la MLS (Major League Soccer).

Dans le même temps, le seul Royaume-Uni compte quatre championnats et autant d'équipes "nationales". Bon : soit les Américains sont trop modestes, soit les Britanniques se la jouent caïds de cour de récré, sous prétexte qu'ils ont inventé le foot, ce qui n'est d'ailleurs pas vrai. Mais revenons à nos bisons.

Pour regarder New York vs Toronto, il faut :

- prendre un RTT pour le lendemain, car le match commence à 2 heures tapantes, heure d'Amiens ;

- éteindre sa télé, allumer son ordinateur et faire taire ses scrupules hadoppiesques ;

- mobiliser son score au TOEIC (790, merci, tout va bien) pour se convaincre qu'on comprend les commentaires malgré l'accent ;

- tenir à portée de main son thermos de café, car le match se termine à 4 h 08, c'est-à-dire à l'heure où blanchit la campagne picarde.

Le reste, c'est comme dans les parages du méridien de Greenwich. En passant, pourquoi le temps universel se trouve-t-il à Greenwich en plein milieu de l'Angleterre ? pour la même raison qui permet aux Britanniques de s'arroger le droit d'avoir quatre équipes nationales : c'est eux qui commandaient à l'époque où ce fut inventé. Mais gardons le fil.

Le reste est donc identique : 22 joueurs, un arbitre dûment équipé de ses cartons rouge et jaune, du monde et du bruit dans les travées, des fautes, des simulations et des buts.

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Tony Tchani du Toronto FC

Dans les rangs de Toronto se trouve un Camerounais : Tony Tchani, 22 ans, né à Bafang et transfuge des New York Bulls. Cf l'interview de Tony chez JPEK. Ce brave garçon n'est pas dépourvu de talent, mais il subit le match à l'image de toute son équipe. Il faut dire que le système de jeu des visiteurs est complètement déséquilibré, avec entre les lignes des espaces qui évoquent les plaines de l'Ouest et dans la défense des trous aussi grands que le Grand Canyon. Thierry Henry, borgne au pays des aveugles et barbu comme un Taliban, se ballade là-dedans comme sur la route 66. Et il atteint Vegas, touche même le jackpot dès la 33e minute, profitant d'une passe involontairement géniale de son coéquipier Rodgers (qui a loupé sa frappe en fait).

Mais le même Rodgers se rattrape juste cinq minutes plus tard en corsant l'addition d'une reprise de volée vicieuse comme un missile tomahawk. Déchaînés, les New Yorkais reviennent à la deuxième mi-temps avec encore plus d'énergie, à croire que la trève dans les vestiaires leur a donné des ailes, comme le promet étourdiment le slogan de leur sponsor. A la 55e minute, Lindpere triple la mise et Agudelo finit d'enterrer tout espoir pour les Canadiens par un quatrième et un cinquième but aux 67e et 89e minutes. New York est bip bip, Toronto est le Coyote.

Quelle analyse ? D'après ce match, regardé il est vrai dans un état second de demi-sommeil caféiné, le jeu nord-américain est moins apprêté et plus direct. Il est clairement très proche du style anglais. La technique individuelle est plutôt moyenne, du niveau du championnat de Belgique ou de la Liga sans Barcelone et le Real. Les défenses sont nettement faibles, d'où de nombreuses occasions de voir des buts splendides, ce dont personne ne songera à se plaindre, et surtout pas ce petit futé de Thierry Henry.

Aucune trace des stars qui, en fin de carrière sous nos longitudes, ont choisi de remonter les fuseaux horaires vers l'Amérique du Nord au lieu de les dévaler vers les Emirats du Golfe persique. Rafael Marquez, ancien du Barça comme Henry, n'a pas joué ce match. Quant aux autres, ils doivent sévir dans les différents clubs qui participent à ce championnat atypique, clubs qui sont, pour ne citer que la "conférence" est : DC United, Chicago Fire, Houston Dynamo, New England Revolution, etc.

A vous de les retrouver en faisant l'effort de regarder quelques matches de la MLS. Après tout, ils sont recrutés là-bas pour que nous nous intéressions un peu plus à leur championnat, quoique la meilleure idée serait de faire jouer leurs matches à des heures plus consensuelles.

Et n'oubliez pas de faire provision de café !

Temps forts du match (là-bas on dit highlights, c'est classe mais c'est la même chose) :


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