Magazine Culture

«SAMMY MASSAMBA, TANAWA et SAMBA NGO»: trois précurseurs d'une autre musique Congolaise née dans l'hexagone

Par Ynkodia

A l’orée des années 80, ces trois destins croisés forment un cocktail musical incomparable. Incomparable par la qualité de son, la valeur des thèmes, la richesse de rythmes musicaux dérivés du terroir Congolais et malaxés aux accents hexagonaux, américains dans un œcuménisme chaleureux. Un tournant historique est amorcé avec ces pionniers d’un autre courant musical Congolais. Avec eux la Rumba Congolaise connait un lifting scintillant. Tout en gardant précieux ses valeurs qui sculptent son propre identité et expriment sa fierté légitime. Mais au gré de cette vague révolutionnaire, la musique Congolaise sort de son sentier primordial et s’expatrie à merveilles. Elle se vend bien à l’extérieur sur d’autres sonorités, voix et paroles. Elle caracole en tête de peloton africain. C’est l’ère solaire et prolifique de notre musique. Séduisante. Ces géants artistes deviennent les portes drapeaux de la musique congolaise qui se fait mieux et gagne sur l’échiquier du marché international. Ces génies congolais vont avec leur style musical épuré s’imposer partout et ouvrir surtout les portes à d’autres musiciens africains de surfer sur cette vague d’euphorie de musique d’originalité et de modernité captivantes. En puisant dans la source ancestrale, ces musiciens épousent en commun une seule langue d’expression et de transmission de leur message: le Kongo. D’emblée ce choix linguistique leur apporte une singularité qui tisse leur marque de fabrique. Et de démarcation d’avec d’autres courants musicaux des années 80 qui ont conquis la France et outre atlantique. En inventant ce mode d’expression originale, ils imposent aux musiciens qui les accompagnent une langue étrangère et aux mélomanes séduits une nouvelle façon de jouer et de comprendre la musique Congolaise. Mais aussi et surtout d’écouter, de chanter et de danser. En symbiose avecle marché de l’époque friand de ce genre de musique à coloration  disco…..et reggae impulsé à l’échelle planétaire par le génie de tous les temps: Bob Marley. Ce chanteur et un auteur-compositeur-interprète jamaïcain.

Les parcours différents

 

«SAMMY MASSAMBA, TANAWA et SAMBA NGO»: trois précurseurs d’une autre musique Congolaise née dans l’hexagone

Sammy MASSAMBA, l’arrangeur talentueux et l’artiste à la guitare magique, s’illustre singulièrement par ces compositions laconiques qui coupent littéralement le souffle et laissent pantois les connaisseurs de l’époque. Je cite: Miss Rocky, Propriété privée, Moulambala Cochi, Super Wolo, Mano, Sabou, etc. Avec ces chansons, il fut l’un des premiers artistes à lancer le reggae au Congo Brazzaville.C’est une musique qui s’écoute et se danse à la cadence de la voix étonnante et des sons musicaux nouveaux. Longtemps encore les détracteurs furent sceptiques à l’éclosion de cette envahissante créativité. A l’inverse les affidés, déjà conquis, étaient charmés et emballés par la beauté de cette nouveauté hors du temps.  Dans le milieu professionnel, ce musicien fait l’unanimité…. il force l’admiration, la considération et le respect. Il est fort remarquable par son sens d’improvisation très aigue…et qui aiguise son singulier talent d’auteur-compositeur et d’interprète de renom. Il est aussi fondateur du label Star Production et du Studio des Stars à Paris.  C’est un musicien complet né dans le milieu du monde scolaire de l’époque. Ce faisant, il marchait dans une autre voie de la musique africaine. Il était un pur produit du groupe« Cheveux crépus » de l’année 64. Dont il était l’un des fondateurs avec les têtes d’affiches tels que: Jacques Loubelo, Maxime Kibongui, Casmir Kinouani, Albert Massamba, Prospère Nkouri, Victoire Nialebama, etc.    Ce fut une bande des copains qui s’était retrouvé en terre française. Ils étaient heureux de continuer dans l’exil l’art musical Congolais. En ajoutant leurs individualités pour donner à cette richesse nationale une autre dimension considérable. Avec des chansons à orientation contestataire du joug colonial, ils portaient le message de la jeunesse et redonnaient à la musique locale les élans et les airs afro-américains qui dominaient dans cette ère des années 60. Ce faisant, ils s’inscrivaient dans un genre musical nommé Gospel Africain. 

 

«SAMMY MASSAMBA, TANAWA et SAMBA NGO»: trois précurseurs d’une autre musique Congolaise née dans l’hexagone

Avec TANAWA fils du Korobo de première heure, la musique congolaise change de registre et de voie. La douce rumba s’accélère et s’améliore en goût par le tempo et le rythme nouveaux. En revisitant le répertoire délaissé, cet incontournable artiste lance des tubes qui rappellent le temps ancien et cette vie où les fans se retrouvent dans les souvenirs communs et voire particuliers qui ont marqué leur existence. Ces textes poétiques évoquent ces deux mondes qu’il décrit avec humour et réflexions sur les travers et traditions de notre société. Ce chanteur atypique étonne et assomme l’impérieuse concurrence musicale qui subsistait sur le marché. Avec son premier tube en 1976 chez Safari Ambiance, le père de la Soul Congolaise se hisse au sommet et sa musique assiège l’antenne de la radio et discothèques du pays. Et tous les marchands ou kiosques de disques des années suivantes raffolent les chants musicaux de ce fils Matsouaniste. Lors de ses descentes au Congo, il va remplir le CEFRAD où ses prestations aux allures du Koôngo ancien donnent l’envie et le goût d’apprécier encore ce précurseur et ténor d’une nouvelle musique Congolaise. Parmi ces tubes phares on peut citer: Naniyula, Nukuzebi, Mwana Mical, Maguy, Watuwa, Bouléké, Destinée, Ngwala, Mama Antoineta, Partez sans moi, etc. Avec ces multiples prestations et apparitions remarquées sur le territoire national d’autres musiciens restant vont suivre ses pas et de deux autres compatriotes de route qui révolutionnaient la musique locale. Ainsi dans ce mouvement musical impulsé par ces pionniers d’autres artistes tels que: Pamelo, Kosmos, Pierre Moutouari, …vont tenter leur aventure ou expérience dans l’univers français. 

86552991.jpg

Un autre nom va sortir du lot….. du vivier national. Il s’agit de SAMBA NGO. De père un «Nganga», le guérisseur herboriste qui lui a insufflé par ces rituels l’art et le don de la musique puisée dans les instruments traditionnels Nsambi et le kilembe.Bercé dans cet univers musicaux sacrés, il a développé un style de guitare unique. D’où SAMBA NGO est devenu au fil du temps un interprète charismatique et un Maitre guitariste. Rentré au bercail avec ses parents en 1964 après l’expulsion des Congolais de l’ex Zaïre, il fait la rencontre des musiciens: Titos Samba, Jacques Bakangaduo et Loussakoueno Dieudonné qui l’intègrent comme guitariste dans Les Echos Noirs. Cette formation propose une musique urbaine, mélange d’influences sud-africaine et de rythmes congolais qu’ils nomment Mudgéku. Ensuite, SAMBA NGO réalisera quatre 45t avec le groupe avant de monter Africarythme en 1970 qu’il quitte en 1972 pour créer M’Bamina avec lequel il produira sept albums.  Il amorce un nouveau virage avec le groupe MBamina. Cet autre fils du pays rejoint ce magma ou confluent musical français des années effervescentes 80. Avec son groupe composé des musiciens venus de plusieurs états notamment du Bénin, il va parcourir l’Afrique et le monde pour conquérir le public. La réussite sera totale et le groupe connait son pique de popularité durant cette époque florissante. Avec une musique à dominance authentique, électrique et puissante. Lorsque le groupe se divise autour des années 90, il va cavalier seul. Et son talent certain va s’affirmer continument. Ce qui va lui permettre de parcourir le monde jusqu’à exiler aux Etats unis précisément en Californie. Où il a trouvé une assise musicale et une prospérité qui a engendré la sortie des CD dont il garde les empreintes Congolaises. Comme ses frères de chemin, il revendique dans ses chansons cette unité effacée d’une nation qui a perdu ses repères anciens. Cet historien et féru de la musique, vantant des paroles ancestrales teintées des proverbes, chante à la Congolaise dans un fond de musique occidentale. Un assortiment étonnant qui replonge dans l’ancien temps où les Mbongui subsistaient et rassemblaient le peuple aujourd’hui emporté par la guerre intestine. C’est l’unité et la concorde nationale que ce chantre de la paix fait passer dans ses chansons telles que: Wa, Tchidiba, Mbemba, Rendez-vous, Sa Ntima etc. De plus, il milite aussi pour la diversité culturelle et rejette toute politique négative orchestrée par les politiques qui étouffent l’Afrique entière.  Ce discret artiste continue de psalmodier en français, en anglais et surtout dans sa langue maternelle qu’il affectionne et qui rend sa musique douce et agréable à écouter. 

Pour conclure 

Contrairement à une musique qui meurt, celle de ces trois compatriotes demeurent et continuent d’être la meilleure dansla sagesse, le timbre, le calme, la douceur et la limpidité qui enchantent le cœur et transporte l’esprit loin des confins éthérés….Où cette musique qui s’écoute seule change nos pensées et sentiments dans les meilleurs du Monde. Un dopage musical autorisé qui remue l’instant endormi d’une vie. Et donne l’espoir de vivre en gardant dans l’âme les paroles des anciens et les chemins lumineux obscurcis par nos manques de valeurs d’unité. C’est ce commun message d’amour et de fraternité que ces trois ténors d’une musique congolaise exaltée professent dans leurs tubes sublimes. Dans ces heures sombres, et de doutes du présent entêtant, de l’avenir incertain, ces mélodies peuvent donner la force et le courage de continuer l’héroïque combat de rassemblement et du retour vers les valeurs de nos ancêtres délaissées. Il importe à tous de réécouter ces musiques de l’âme de notre âme commune. Bien qu’ils sont véhiculées dans une même langue… mais la teneur reste d’actualité brûlante de l’heure. Et c’est ce genre de message que le peuple à besoin d’écouter et de méditer surtout… pour changer et retrouver la rayonnante prairie des aïeux. Qui eux célébraient joyeux l’unique Patrie et un seul idéal: l’unité des ethnies fraternelles. C’est cette valeur qu’il faut garder pour rester frères et sœurs dans notre Congo.  

Voici quelques morceaux choisis des auteurs 

SAMMY MASSAMBA

http://www.myspace.com/sammymassamba/music/songs/miss-rocky-34368635

http://www.myspace.com/sammymassamba/music/songs/moulambala-cochi-34369449

http://www.myspace.com/sammymassamba/music/songs/propriete-privee-34368176

SAMBA NGO

http://www.myspace.com/sambango/music/songs/tchidiba-20526909

http://www.myspace.com/sambango/music/songs/mbemba-20585915

http://www.myspace.com/sambango/music/songs/Wa-20586908

http://www.myspace.com/sambango/music/songs/rendez-vous-20526910

http://www.youtube.com/watch?v=MJJQm-WZ_9s&feature=related

TANAWA 

http://www.youtube.com/watch?v=fbqyEiQhksE&feature=related

http://www.youtube.com/watch?v=ZAUk-wDJe3M&feature=related 

http://www.youtube.com/watch?v=zZWjdYDKcHY&feature=related http://www.youtube.com/watch?v=m3aCw5dwvNk&feature=related


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Ynkodia 351 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte