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Un poète africain est né

Par Ynkodia

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Dame DIOP vient de mettre au monde son premier enfant «littéraire » après un flot   ininterrompu de multiples pamphlets politiques publiés dans le net et les journaux de son pays natal. D’origine Sénégalaise, l’étudiant signe chez Edi livre un excellent et savoureux recueil de poésie qui retrace sa vie. Un ouvrage autobiographique aux accents africains et aux couleurs hexagonales. Une pérégrination qui met en lumière l’homme pensif en symbiose avec la nature naturelle dans sa réalité exubérante. Une trajectoire intime, lyrique et pudique qui conduit aux confins de la vie et aux cimes inconnues de la mort.   

L’auteur nous relate en vers libres sa relation profonde avec sa mère emportée dans l’au-delà supérieur. Cette mère complice et attentionnée morte à la fleur de l’âge. Dans un monologue ponctué de cris, de pleurs, de larmes, de souffrances et de joies, il nous entraine au tréfonds de son âme meurtrie et blessée. Emporté par les tumultueuses vagues de solitude de l’océan terrestre, il médite, soliloque, dialogue, communique, échange avec l’esprit vivant de sa mère dans l’autel de son cœur. Une forme de relation médiumnique que l’auteur chagriné entretient avec cette âme immortelle. Dans ce tête- à-tête invisible avec celle qui incarne l’arbre de vie, Dame DIOP symbolisant la fleur nous livre ouvertement ses pensées, ses sentiments, ses passions, ses rêves depuis l’aube de sa vie dans la ville de Rufisque jusqu’à la métropole. 

Un style limpide   

C’est un recueil poétique dual qui synthétise sa vie d’alors et celle d’aujourd’hui en terre française. D’où l’étonnant et atypique titre : « Les rêves de la fleur suivis du regard d’un homme émotif ».A la lecture minutieuse de l’ouvrage, un sentiment unique se dégage de ce florilège, écrit dans un style simple, limpide et agréable à lire: un poète africain est né dans le sillage de Senghor et dans la sublime pensée poétique de Verlaine.

Un poète est né Hommage à Senghor Chantre de la NégritudeEt gloire à Verlaine Prince des poètesDans la versification libre L'Afrique chante L'arbre depuis l'au-delà supérieurSavoure la victoire De sa plus belle fleur épanouie Qu'elle a tant aiméeEt présageait l'avenir radieuxDéjà  à la métropolecomme un messager De la nature Et du temps qui passe”.   

L’auteur né écrit, d’emblée, « Le réveil » (p.25) en pensant à l’arbre rayonnant:  

Nous sommes seuls

L’arbre, fleuri, parfumé

Tomba au milieu du printemps,Aux premières lueurs

Du jour. 

L’œil du Maitre  

L’éminent professeur Marc Marti résume l’œuvre achevée de son disciple en ces termes : « les rêves de la fleur disent la simplicité, les sentiments, l’amitié, l’amour, la douleur, la peur ». Et de poursuivre: « le naturel des images nous fait revenir aux origines…la fleur a grandi. Elle devient politique, elle s’éloigne de l’arbre. Le monde de la matrice s’efface et laisse quelques nostalgies, des parfums » (p.10).  «Le regard d’un jeune homme émotif continue le voyage. La fleur a laissé la place au « je »… Les poèmes disent le souvenir de ce qui fait murir » (p.10). Dame DIOP, en foulant la mère patrie, il découvre avec son regard africain l’âme de la citée phocéenne (p.116) et la beauté de Nissa la Bella (p.117). Les vers d‘hier imbibés de sève de l’arbre renaissant laissent la place aux envolées politiques et sociales, orientées par un engagement intellectuel pour combattre l’injustice sociale. La tendre nostalgie se mêle à la douleur du deuil d’hier. L’exil envahit sa création poétique et le claquemure dans une nouvelle vie estudiantine jonchée de joie, de doute, de peur et d’incertitude aussi. Le jeune émotif s’éloigne de l’ancien univers constellé d’étoiles de rêves et jalonné de sublime source d’inspiration profonde. L’auteur cesse d’être en syntonie avec l’entité maternelle dans sa rêverie éprise. Dans cette métamorphose ou changement de prisme éclairant l’âme de la fleur, le professeur conclut:« son identité et ses passions se révèlent à lui-même et au lecteur » (p.11). Comme la mue…l’arbre à donner ses racines, sa sève, ses fleurs. Les fruits ont généré d’autres plantes et d’autres fleurs…Tel est le sens profond de la vie du donner et de recevoir…et surtout de la vision idéale de naitre et devenir soi-même. Dans l’identification et l’affirmation. 

La voix d’une amie  

Mais l’œuvre méditative de Dame DIOP est aussi une thérapie et une libération totale de l’âme éplorée, frappée par une douleur épreuve de séparation avec sa mère. Celle qui représentait tout, qui symbolisait tout et idéalisait tout. A ce propos son amie souligne fort justement : «  Je comprends ce besoin d’écriture comme exutoire à un profond traumatisme que fût le décès de ta maman et je ne peux que le saluer. J’espère sincèrement que cette “thérapie” fût libératrice pour toi et que ce deuil si douloureux a pu s’achever. En attendant cette publication, bravo pour le courage d’avoir couché sur papier les plus intimes ressentis de cette pénible épreuve ».    

Dans le même ordre d’idées, j’ajoute sans ambages: « Bravo! Dame DIOP. Vous êtes incontestablement l'héritier poétique de Senghor. Veuillez continuer à fleurir en pensant à votre arbre d’amour infini et d'inspiration incommensurable. Que tous les baobabs et sages d’Afrique vous aident dans cette gigantesque œuvre de création poétique. Une porte lumineuse vient d'être ouverte par le biais de ce joli récit venu des recoins insondables des régions lointaines et mystérieuses de votre monde, de votre rêve intérieur. C'est un ouvrage de régénération et de rénovation rédemptrice. Un antidote et un baume qui guérissent vos affres, vos souffrances, vos douleurs et vos peines invisibles exprimées, ressenties, vécues en l’absence de celle qui a été et restera à tout jamais votre source intarissable: votre tendre et aimable mère déjà de l'autre coté de la rivière éternelle…».  


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