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100 000 Elvis Gratton

Publié le 18 juillet 2011 par Jlaberge
100 000 Elvis GrattonLes dieux du rock-métal étaient sur la scène du Festival d’été de Québec, ville francophone, capitale nationale. 100 000 fidèles s’extasièrent devant le pur produit de la culture américaine. Le week-end dernier plus 160 000 fans s’agenouillaient devant U2 à Montréal. Au même moment, se produisait à Québec Elton John, foule record encore une fois. Pour célébrer la fête du Cadenas, le Canada recevait les adorables chouchous de la couronne britannique, la duchesse et le prince de Cambridge. Par contre, les festivités entourant la fête nationale, tant à Québec qu’à Montréal, ont battu des records en termes de non-fréquentation.Tout ceci m’incite à me poser la question suivante : Pierre Falardeau et Julien Poulin, les auteurs d’Elvis Gratton, avaient-ils au fond raison de dénoncer l’américanisation du peuple québécois ? Bien sûr, tout bon Québécois rit à gorge déployée devant les imbécilités inénarrables de Bob Gratton en se moquant de ce «gros criss de cave». Dans une scène digne d’anthologie, lorsqu’on demande à Bob Gratton de décliner son identité, il répond avec sa verve familière: «Moé, chus un Canadien québécois. Un Français, Canadien-français. Un Amaricain du Nord français. Un francophone, Québécois canadien. Un Québécois d’expression française, française», et ainsi de suite.   Samedi soir, au Festival d’été de Québec, il y avait plus de 100 000 Elvis Gratton. Le débat ne portait pas sur la question de savoir si les fans de Metallica sont des «Amaricains du Nord français» etc., mais celui de savoir qui sont les véritables amateurs du groupe-culte de San Francisco. Bon nombre, en effet, se sont plaints de n’avoir pu assister au spectacle puisque le site était rempli à pleine capacité. Frustrés, ces fidèles accusèrent toutes les «matantes» et les «mononcles» qui ont pu assister au spectacle. Pourtant, à l’âge qu’ont les membres du groupe, en sortant les matantes et les mononcles du site, il aurait également fallu interdire au groupe lui-même de s’exécuter!   S’il fallait mettre à jour Elvis Gratton, il faudrait aujourd’hui concevoir un fan typique de Metallica. Baptisons-le : «James Gratton» - pour James Hetfield, le chanteur et guitariste du groupe. On peut bien traiter Elvis Gratton de gros criss de cave, mais, alors, les James Gratton de ce monde ne voient pas la poutre dans leur propre œil. De quoi faire en sorte que Falardeau se retourne dans sa tombe. En tout cas, des événements comme ceux-là laissent profondément perplexes sur la volonté des Québécois de sortir de leur aliénation nationale. On risque de se faire rétorquer hargneusement par un James Gratton: Think big, stie!

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