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Protection des baleines : mensonges et corruption au sein de la communauté internationale

Par Bioaddict @bioaddict

Protection des baleines : mensonges et corruption au sein de la communauté internationale

Une fois n'est pas coutume, la 63e session annuelle de la Commission baleinière internationale s'est soldée par un échec, certains pays refusant de prendre part au vote pour la protection des cétacés dans l'Atlantique Sud.

"Plus de 89 pays se sont déplacés pour rien ! Au lieu de se pencher sur la protection des baleines, nous avons été pris dans les filets du Japon, qui a refusé tout compromis ", s'est ainsi agacé Willie McKenzie, porte-parole de Greenpeace.

La Commission Baleinière Internationale (CBI), composée de 89 pays membres, est le seul organe international de gestion des grands cétacés. Et il est encore loin de garantir la protection dont rêveraient les ONG ! Certaines, comme le Fonds international pour la protection des animaux (Ifaw), l'accusent même de corruption.En tolérant le paiement des cotisations de certains pays par les pays chasseurs, la CBI permettrait à ces derniers de s'acheter des votes en leur faveur.

La 63e session de la commission baleinière internationale, qui s'est tenue sur l'île de Jersey, avait pourtant bien commencé. Une décision destinée à freiner cette corruption a été prise : les cotisations annuelles des pays seront désormais payées uniquement par virement bancaire du compte de chaque État. En quoi s'agit-il d'une bonne nouvelle ? En empêchant les paiements en liquide ou par chèque, cette résolution permettra d'empêcher le Japon de régler les cotisations de certains petits pays pour s'assurer de leur soutien."Etant donné que cette proposition est acceptée par consensus, j'aimerais que cette résolution ne soit pas considérée comme la victoire d'un camp sur un autre. C'est un résultat de l'organisation dans son ensemble", a modéré Joji Morishita, commissaire adjoint de la délégation japonaise.

Après cette note positive, la réunion n'a toutefois pas permis de sérieuses avancées. Le Brésil et l'Argentine ont pourtant proposé un nouveau projet de sanctuaire pour l'Atlantique Sud. Les sanctuaires sont des zones protégées où les baleines peuvent nager sans risquer de s'empêtrer dans un filet ou de se faire harponner. Dans cette zone de l'Atlantique, un sanctuaire aurait eu son utilité pour "au moins sept espèces", a ainsi expliqué Javier Rodriguez, professeur en biologie costaricain. En proposant la création de cette zone de protection, l'objectif des pays sud-américains n'est pas simplement la protection des espèces. Il s'agit également de développer le tourisme. En effet, l'observation des baleines à elle-seule rapporte 700 millions d'euros chaque année, créant plus de 21 000 emplois, selon une étude réalisée par le Programme des Nations Unies pour l'Environnement.

Si, dans un premier temps, seuls cinq pays étaient opposés à la proposition de sanctuaire, le Japon a attendu le dernier moment pour orchestrer un coup de théâtre. Paralysant le processus de décision, il a invité les pays en faveur de l'exploitation de la viande de baleine à quitter la salle. Le nombre de voix nécessaires étant insuffisant, le vote sur cette proposition a été reporté à l'année prochaine.

"La première chose que nous ferons à Panama, ce sera de reconsidérer la proposition de sanctuaire de l'Atlantique sud, et si un consensus n'est pas possible, ce qui est le scénario le plus plausible, nous passerons à un vote", a expliqué le commissaire de Monaco, Frédéric Briand, après la clôture des débats.

Une fois de plus, les efforts menés pour obtenir un consensus ont échoué. La réunion s'est close sans que certains sujets inscrits à l'ordre du jour n'aient pu être abordés. L'un d'eux était la protection des cétacés soumis aux eaux radioactives de Fukushima. En avril dernier, les pêcheurs japonais avaient ainsi dénoncé "l'impardonnable" rejet volontaire d'eau contaminée dans l'océan.

L'an prochain, les ONG espèrent que les quotas de chasse des Inuits du Groënland, de l'Alaska et de la Sibérie orientale seront fixés pour cinq ans. De manière générale, les pays favorables à la conservation espèrent le renforcement du pouvoir de la CBI dans ce domaine et la suppression de dérogations comme la supposée "chasse scientifique".

Alicia Muñoz


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