Pour imaginer ce scénario, les deux compères se sont inspirés de l’histoire récente de leur pays. En 1970, une révision de la constitution a scindé la Belgique en trois régions : La Flandre, La Wallonie et Bruxelles. Cette dernière, habitée par une majorité francophone, est convoitée par le pouvoir flamand, devenant un enjeu politique et linguistique majeur. Peyo a sans doute beaucoup souffert en voyant ses compatriotes se déchirer, d’où l’idée de reproduire la situation belge dans un album des schtroumpfs pour mieux en dénoncer la stupidité. Mais bien conscients que ces problèmes sont insolubles, les auteurs vont pour la première fois ne pas clôturer une histoire des petits lutins bleus par une happy end. Certes, le calme revient au sein de la communauté, mais les divergences linguistiques ne sont pas pour autant réglées, chacun prenant juste soin de ne pas raviver les flammes de la discorde.
Malheureusement, cet album reste plus que jamais d’actualité puisque cela fait maintenant près de 400 jours que la Belgique vit sans gouvernement depuis que les hommes politiques francophones et flamands ne sont pas parvenus à s’entendre pour diriger le pays après les élections de juin 2010.
Au final, ce neuvième tome des schtroumpfs est à classer parmi les grands millésimes de la série, sa portée intemporelle se conjuguant à l’art de la mise en scène et au charme infini du dessin de Peyo.
Les schtroumpfs T9 : Schtroumpf vert et vert schtroumpf, de Peyo et Yvan Delport, Dupuis, 1973. 46 pages. 10.45 euros.
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