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C'est l'été, il faut retrouver nos sourires d'adolescence

Publié le 20 juillet 2011 par Mauss
Simplement deux lectures, probablement mises déjà en ligne par le passé. Mais qu'importe, c'est l'été, c'est le temps de relire quelques belles phrases de bons auteurs, et de sourire à cette élégance de la langue française. Paris voyait fleurir son antique chapelle :
Ses chanoines vermeils et brillants de santé
S'engraissaient d'une longue et sainte oisiveté ;
Sans sortir de leurs lits plus doux que des hermines,
Ces pieux fainéants faisaient chanter matines,
Veillaient à bien dîner, et laissaient en leur lieu
A des chantres gagés le soin de louer Dieu :
Quand la Discorde, encore toute noire de crimes,
Sortant des Cordeliers pour aller aux Minimes,
Avec cet air hideux qui fait frémir la Paix,
S'arrêter près d'un arbre au pied de son palais,
Là, d'un oeil attentif contemplant son empire,
A l'aspect du tumulte elle-même s'admire.
Elle y voit par le coche et d'Evreux et du Mans
Accourir à grand flots ses fidèles Normands :
Elle y voit aborder le marquis, la comtesse,
Le bourgeois, le manant, le clergé, la noblesse ;
Et partout des plaideurs les escadrons épars
Faire autour de Thémis flotter ses étendards.
Mais une église seule à ses yeux immobile
Garde au sein du tumulte une assiette tranquille.
Elle seule la brave ; elle seule aux procès
De ses paisibles murs veut défendre l'accès.
La Discorde, à l'aspect d'un calme qui l'offense,
Fait siffler ses serpents, s'excite à la vengeance
Sa bouche se remplit d'un poison odieux,
Et de longs traits de feu lui sortent par les yeux.
Quoi ! dit-elle d'un ton qui fit trembler les vitres,
J'aurai pu jusqu'ici brouiller tous les chapitres,
Diviser Cordeliers, Carmes et Célestins ;
J'aurai fait soutenir un siège aux Augustins :
Et cette église seule, à mes ordres rebelle,
Nourrira dans son sein une paix éternelle !
Suis-je donc la Discorde ? et, parmi les mortels,
Qui voudra désormais encenser mes autels ?
A ces mots, d'un bonnet couvrant sa tête énorme,
Elle prend d'un vieux chantre et la taille et la forme :
Elle peint de bourgeons son visage guerrier,
Et s'en va de ce pas trouver le trésorier.
Dans le réduit obscur d'une alcôve enfoncée
S'élève un lit de plume à grand frais amassée :
Quatre rideaux pompeux, par un double contour,
En défendent l'entrée à la clarté du jour.
Là, parmi les douceurs d'un tranquille silence,
Règne sur le duvet une heureuse indolence :
C'est là que le prélat, muni d'un déjeuner,
Dormant d'un léger somme, attendait le dîner.
La jeunesse en sa fleur brille sur son visage :
Son menton sur son sein descend à double étage ;
Et son corps ramassé dans sa courte grosseur
Fait gémir les coussins sous sa molle épaisseur.
La déesse en entrant, qui voit la nappe mise,
Admire un si bel ordre, et reconnaît l'Eglise :
Et, marchant à grand pas vers le lieu du repos,
Au prélat sommeillant elle adresse ces mots :
Tu dors, Prélat, tu dors, et là haut à ta place
Le chantre aux yeux du choeur étale son audace,
Chante les orémus, fait des processions,
Et répand à grands flots les bénédictions.
Tu dors ! Attends-tu donc que, sans bulle et sans titre,
Il te ravisse encore le rochet et la mitre ?
Sort de ce lit oiseux qui te tient attaché,
Et renonce au repos, ou bien à l'évêché.
Elle dit, et, du vent de sa bouche profane,
Lui souffle avec ces mots l'ardeur de la chicane.
Le prélat se réveille, et, plein d'émotion,
Lui donne toutefois la bénédiction.
Tel qu'on voit un taureau qu'une guêpe en furie
A piqué dans les flancs aux dépens de sa vie ;
Le superbe animal, agité de tourments,
Exhale sa douleur en longs mugissements ;
Tel le fougueux prélat, que ce songe épouvante,
Querelle en se levant et laquais et servante ;
Et, d'un juste courroux rallumant sa vigueur,
Même avant le dîner, parle d'aller au choeur.
Le prudent Gilotin, son aumônier fidèle,
En vain par ses conseils sagement le rappelle ;
Lui montre le péril ; que midi va sonner ;
Qu'il va faire, s'il sort, refroidir le dîner.
Quelle fureur, dit-il, quel aveugle caprice,
Quand le dîner est prêt, vous appelle à l'office ?
De votre dignité soutenez mieux l'éclat :
Est-ce pour travailler que vous êtes prélat ?
A quoi bon ce dégoût et ce zèle inutile ?
Est-il donc pour jeûner quatre-temps ou vigile ?
reprenez vos esprits et souvenez-vous bien
Qu'un dîner réchauffé ne valut jamais rien.  Merci à Monsieur Nicolas Boileau Despréaux  nbdSimplement un Maître Un autre :
 A propos de Judith Toumignon on peut sans crainte  parler de chef-d’oeuvre. Sous les fascinantes torsades, le visage un peu large quoique bien galbé, aux mâchoires intrépides, aux dents irréprochables de mangeuse de bel appétit, aux lèvres fondantes et constamment humectées par la langue, s’animait de deux yeux noirs qui en rehaussaient encore l’éclat par opposition. On ne  peut entrer dans les détails de ce corps trop capiteux. Les courbes en étaient calculées pour un infaillible circuit du regard. Il semblait dû à la collaboration de Phidias, de Raphaël et de Rubens, tant les masses en étaient modelées avec une absolue maîtrise, qui n’avait laissé nulle part d’insuffisance, mais très habilement forcé au contraire sur la plénitude, de manière à donner au désir des repères plus évidents. Les seins formaient deux promontoires adorables, et l’on ne découvrait partout que tertres, tremplins, attirants estuaires, ronds-points de douceur, monts et douces clairières, où les pèlerins se fussent attardés en dévotions, où ils se fussent désaltérés aux sources rafraîchissantes. Mais ces territoires foisonnants demeuraient interdits sans laisser-passer rarement délivré. Le regard pouvait les survoler, en surprendre  quelque partie ombreuse, en caresser quelque sommet, nul ne devait s’y aventurer physiquement. Quant à la chair, elle avait une blancheur laiteuse et soyeuse dont la vue donnait aux hommes du GJE une voix rauque et l’envie de commettre des actes insensés.
Bon : très limité abus de personnalisation de ce texte du grandissime Gabriel Chevallier, un véritable honnête homme du XXème. gcGabriel Chevallier, l'auteur immortel des Clochemerle

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