“Il faut commencer par le commencement et lui expliquer comment on peut, à la faveur d’un instant d’inattention, se retrouver dans la situation d’avoir involontairement un enfant avec, pour ainsi dire, l’amie d’un ami et que la petite personne qui tient un demi-biscuit dégoulinant à la main est le fruit d’un pur hasard, qui vit désormais sa propre vie.”
Etonnant ouvrage propre à vous réconcilier avec la littérature nordique. Le jeune Arnljótur Thórir, jardinier amoureux des roses dans un pays où rien ne pousse, part de son Islande natale - la lave noire, le feutre jauni de l’herbe sèche, les rivières laiteuses, le terrain bosselé, les marais, les champs de lupin fané et au-delà, la roche à l’infini. Il n’est pas un rose qui se risquerait à pousser au milieu des rochers crevassée - dans une quête à la recherche de son identité propre ce qui lui permettra de dire plus tard : “Ma propre personne, d’il y a un an et demi, est pour moi une énigme absolue, un être inconnu”.
Avec douceur, humour et une sensibilité extraordinaire, Audur Ava Ólaffsdóttir conte au fil des pages le périple d’Arnljótur seulement relié au monde réel par les appels téléphoniques à son père.
Sa destination ? Un Monastère millénaire hors du temps et du monde où tout semble l’attendre, le jardin, l’amour, lui-même. La rose à huit pétales, apparentée à la Rosa candida, n’est-elle pas curieusement liée à ce monastère ? La figure du Christ ne ressemble-t-elle pas curieusement à sa fille, Flóra Sól - “l’incarnation de ma négligence en matière de contraception” ?
Il faudra le frère Thomas, le moine linguiste et cinéphile, pour le guider à petites touches dans ce rêve éveillé suivant en cela le précepte de sa mère disparue accidentellement ‘’Il faut poursuivre ses rêves’’.
Roman initiatique, livre-journal, cri de l’artiste dans le monde matériel : Suivez vos rêves, portez attention aux signes. Le hasard n’est pas, il est un signe. Magnifique ouvrage, à conseiller vivement.
Remercions Catherine Eyjólfsson, qui donne accès, grâce à une belle traduction, à un merveilleux moment de littérature. J’ai aimé l’usage parfaitement approprié des points-virgules. J’aurai aimé lui demander si elle agissait de sa propre initiative ou si la syntaxe de la langue islandaise proposait une équivalence.
Une reconnaissance bien méritée
Prix Page des Libraires 2010 (Europe)
Prix des libraires du Québec (Roman hors Québec)
Prix des Amis du Scribe 2011
Sur les conseils avisés de mon excellent libraire de Paris XVIIème, Les guetteurs du vent, trouvez conseil, dynamisme et amour des livres.
Traduit avec le concours du Centre national du livre et publié avec l’aide du Fonds pour la littérature islandaise.
Editions Zulma, 2010, 332 pages, 20 €uros