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Passion Maupassant

Publié le 24 juillet 2011 par Dubruel

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UNE PASSION

Ronaldi, un capitaine

Qui n’aimait pas les mondaines.

Évitait de rencontrer

Madame Sampret.

Or un soir, chez des amis

Il se trouva assis

A côté de cette femme.

Non seulement la dame

Le regardait sans cesse,

Mais sa main vint effleurer

La sienne avec délicatesse.

Les doigts se sont serrés.

Il espérait bien en rester là.

Mais, à minuit, elle s’écroula

Dans les bras. Il se sentit vénéré

Il se laissa adorer.

Ainsi débuta cette liaison.

Malgré lui, Ronaldi la revit donc

Et fut contraint d’être son amant.

Elle l’aimait d’un amour haletant.

Elle perdait sa réputation sociale,

Et sa situation familiale.

Après six jours, il commençait

A en avoir assez.

Sans se soucier d’être vue,

Comprise et perdue,

Dans ses bras, elle se blottissait

Et mille tendres baisers déversait.

Lui s’ennuyait horriblement.

Il demanda à son ami d’Harman :

-« Que me conseilles-tu ? »

-« Romps, bien entendu ! »

Le capitaine haussa les épaules :

« Que tu es drôle !

Comment rompre avec une maîtresse 

Qui vous persécute de tendresse ? »

Deux semaines après seulement

On apprenait que son régiment

Allait changer de garnison.

Son vœu s’exauçait. Finie, la liaison !

Le lendemain Mme Sampret

Arrivait chez Ronaldi exprès,

Excitée, ensorcelée,

«J’ai appris…Tu vas t’en aller.

Je t’apporte, mon chéri,

La preuve de mon amour.

J’abandonne enfants et mari

Et je pars avec toi pour toujours.»

Léger froid dans le dos de Ronaldi !

Puis sa rage grandit.

Et d’un ton déterminé,

Il tâcha de la raisonner.

-«Songes-tu à mon sacrifice ?

Ce n’est pas un caprice. »

Ronaldi ne fut pas impressionné.

-«Mais je ne veux pas t’emmener. »

Suffoquée, elle retourna

Chez elle et s’empoisonna.

Pendant huit jours, on la crut perdue.

Pourtant une femme qui se tue

N’est pour ainsi dire plus adultère.

Elle n’eut aucune visite du militaire.

Etait-il depuis un mois à Metz

Que la sœur de son ex-maitresse

Vint lui annoncer

Qu’avant de trépasser.

Elle voulait le revoir.

Contrarié par cette histoire,

Il prit le train pour Toulouse.

Il posa une lèvre douce

Sur la joue de Mme Sampret

Et balbutia empourpré :

-«Non, tu ne va pas mourir ;

Tu verras, tu vas guérir.

Je t’aime. »

-«Vrai, tu m’aimes ? »

Il regagna sa garnison vite.

La susdite

Le rejoignit toute enamourée

Huit jours après.

Un an se passa en vie sereine

Lorsqu’on remit au capitaine

La carte du mari séparé

De Madame Sampret.

Il n’avait jamais rien dit.

Que voulait-il à Ronaldi ?

-«Je ne viens pas vous déranger,

Mais la situation vient de changer.

J’ai deux filles, monsieur. L’ainée

Aime un jeune homme. Elle en est aimée.

Or la famille de ce garçon

S’oppose à leur union

Tant que la mère de ma fille

Ne reviendra pas à mon domicile,

Chez elle…chez moi.»

Ronaldi fut inondé de joie.

Il gravit l’escalier en bondissant :

« S’il te plait, descends ! »

Ronaldi s’assit un moment.

Et attendit le dénouement.

Mme Sampret restait debout.

Son mari répétait hardiment :

-«Vous causez la perte de nos enfants.»

-« Je ne rentrerai pas chez vous.»

Ranoldi se leva, plaida la cause

Des filles, celle du mari et la sienne…

Mme Sampret, les yeux pleins de haine

Les enveloppa tous deux

D’un regard méprisant, furieux.

Elle jeta : « Misérables, que vous êtes ! »

Et remonta à l’étage, satisfaite.

M. Sampret prit son chapeau, salua :

-« Nous sommes bien malheureux,

Mon cher monsieur. »

Et il s’éloigna.


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