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Attraction terrestre d’Hélène Vachon

Par Ngiroux

Attraction terrestre d’Hélène VachonNotre narrateur, en attente en salle d’urgence, une veille de Noël, Hermann, sexe masculin, domicilié au 72, rue des Échelles.  Le  numéro 17.

« Je suis un homme, j’ai quarante-six ans.  Pour ceux qui jugerait cette description un peu sommaire, j’ajouterai ceci mais tout juste, car je n’aime pas parler de moi : je suis de taille moyenne et de matière grasse, je voyage peu, de préférence à pied, et j’ai le cœur bruyant. Dernier détail et non le moindre : je suis beau, mais de dos seulement.  L’ennui avec moi, c’est que je ne sais jamais si ma vie est drôle ou triste. Je ne sais pas comment départager le grave de l’anodin ou du comique.  Combien de fois m’est-il arrivé de sourire alors que l’heure était à la gravité, et d’avoir la gorge nouée quand tout le monde prenait le parti de rire ? J’ai raté deux fois de suite l’examen de sortie pour devenir médecin.  C’est mon père après le deuxième échec : à défaut des vivants, occupe-toi des morts.  Je suis donc devenu embaumeur ou thanatopracteur.

Un second acteur va nous accompagner tout au long de cette atmosphère fantasmée. Le numéro 32, un grand gaillard assis à côté d’Hermann, doté d’un gabarit supérieur à la normale. Un pianiste affublé de battoirs et de doigts gros comme des saucisses ne pouvait faire carrière bien longtemps. Mais était devenu selon la critique “un artiste bien charpenté, dont la subtilité du jeu surprend agréablement, comme une broderie fine tout droit sortie des mains d’un anthropopithèque.” Malheureusement, le médecin lui annonce un diagnostic très peu reluisant. “Vous souffrez d’un grave déséquilibre de dopamine.  La dopamine joue un rôle dans de domaine des sensations, celles du plaisir et du désir et également responsable de la coordination des mouvements.  Pour un pianiste, votre avenir s’annonce un peu tristounet.”

Au revers de jaquette, un sourire moqueur, des yeux rieurs contagieux, l’auteure dévoile cet humour omniprésent.  Un vocabulaire recherché nous sert cet univers, cette dimension irréelle surréaliste empreinte d’une légèreté inhabituelle, une réflexion cocasse, intelligente,  tendre, sur cette courte vie sur terre. Un authentique ravissement.



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