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Valentine GOBY - BANQUISES : 6,5/10

Par Eden2010
Valentine GOBY - BANQUISES : 6,5/10

Valentine GOBY – BANQUISES : 6,5/10

(sortie prévue le 17 août 2011)

Voici un roman qui m’a fait l’effet de montagnes russes. Par moments je l’ai adoré, par moments il m’a agacé, voire ennuyé.

Dans l’ensemble cela reste néanmoins un roman désenchanté, froid et déprimant à souhait - ce qui était, je vous rassure, le but.

L’intrigue est loin d’être joyeuse :

En 1982, Sarah, jeune fille de vingt-deux ans, passionnée de musique, quitte la France pour se rendre au Groenland pour six semaines.

Elle n’en reviendra jamais.

Personne ne sait ce qui lui est arrivé et sa famille s’en trouve traumatisée : sa mère se meurt chaque jour, attendant pendant des décennies un appel de sa fille disparue, son père tente de s’habituer à la douleur sourde qui ne le quitte pas ainsi qu’à sa femme qui dépérit dans une attente épuisante.

Il reste Lisa, la petite sœur de Sarah,qui n’avait que quatorze ans lorsque sa grande sœur a disparu. Lisa tente de grandir dans l’ombre de sa sœur, elle parvient à construire sa vie hors de la vue de ses parents, elle se marie finalement, a des enfants, mais vingt-sept ans plus tard ce passé la rattrape lorsqu’il faudra faire déclarer sa sœur morte.

Elle entreprendra alors un voyage au Groenland, à Ummannaq, pour retrouver les traces de son aînée.

Elle découvre un Groenland magnifique mais mourant, des banquises qui souffrent du réchauffement climatique, une petite ville qui meurt dans la solitude et dans l’indifférence mondiale.

J’ai abordé ce livre en étant inquiète. Je craignais un ennui mortel face à des descriptions pointilleuses, mais heureusement, ce n’est pas le cas.

Au cours des premières pages j’ai rapidement adhéré à l’ambiance du roman, qui, comme son titre l’indique, est assez glaciale.

Les descriptions de la banquise souffrante sont terribles. Je sentais le désenchantement, le désespoir, je comprenais le médecin d’Ummannaq qui prédisait les suicides, je sursautais au claquement des coups de fusils tirés au début du printemps.

J’ai découvert une vie différente, comme Lisa : là-bas, on ne rencontre personne. Il fait trop froid, pas de café, pas de possibilité de sourire à un inconnu dans la rue.

A Ummannaq, on vit dans un isolement total au milieu d’un paysage époustouflant.

Voilà donc pour les points positifs du roman.

Malheureusement, des longueurs s’insinuent dans le récit. D’abord je ne m’en rendais pas compte, jusqu’à ce que je m’aperçoive que je venais de lire une page en diagonal, faute d’originalité, de mots qui retiennent l’attention, d’images qui inspirent ; des paragraphes sans saveur.

Ensuite j’ai dû me rendre à l’évidence : si une partie du récit est assez passionnante – celle qui nous fait connaître le Groenland, si différent de l’image romantique que l’on s’en fait - l’autre partie, celle portant sur la souffrance face à la disparition inexpliquée d’un proche est, à mon avis, ratée.

On observe la souffrance de la mère en particulier sans jamais en saisir l’essence. On touche cette douleur lancinante que provoque le vide, cette attente de chaque seconde qui s’éternise, sans pourtant véritablement l’embrasser.

Cela tient peut-être au fait que le passé, la disparition, l’attente, l’incompréhension, tout cela nous est distillé à travers un récit totalement désordonné.

Des souvenirs, des images, des réminiscences du passé qui entrecoupent le voyage de Lisa à Ummannaq, tout cela sans véritable suite ou logique. Impossible de suivre en parallèle le passé, l’absence de Sarah qui détruit la famille et le voyage actuel de Lisa. Les souvenirs affluent quand bon leur semble. Oui, un peu comme dans la réalité, mais dans un livre c’est un peu dérangeant puisque ce sont des souvenirs de quelqu’un d’autre que l’on découvre et qu’il faut replacer dans un contexte inconnu.

J’avais l’impression que l’auteur a eu des inspirations, des images sur la souffrance face à l’absence inexpliquée d’un proche, les a noté au fur et à mesure de sa rédaction, mais n’a jamais remis de l’ordre dans l’ensemble.

Ce qui donne une impression d’incohérence. Dommage, vraiment, car on organisant le passé un peu plus on aurait pu comprendre, peut-être, l’attitude des parents de la jeune femme disparue.

Et voici le deuxième point qui fait que je n’ai pas pu comprendre. C’est cette attitude passive des parents que je ne comprends pas. Mais c’est la liberté de l’auteur de choisir le caractère qu’elle veut aux parents.

Ici, les parents de Sarah subissent la disparition, ils contentent de coller des affiches, d’en distribuer même au Groenland, oui, mais nul ne refait le voyage de Sarah, nul ne tente de monter sur le bateau sur lequel on a retrouvé son sac. Même le voyage de Lisa s’arrêtera à Ummannaq – et on a bien compris que là, personne ne sait rien sur Sarah. Surtout vingt-sept ans après.

On comprend mal pourquoi la mère, détruite par la disparition de sa fille, n’a pas refait le voyage de Sarah vingt-sept ans plus tôt, non seulement jusqu’à Ummannaq mais au-delà, alors que les souvenirs étaient frais. Elle se contente d’attendre, de pleurer, de disparaître, totalement paralysée.

Oui, j’étais déçue par cet aspect là du livre.

Enfin, dernier détail qui a un peu gêné la lecture : la densité. Non pas de l’écriture même, mais du texte et de la mise en page.

Les souvenirs sont introduits au milieu du récit du voyage sans même que le paragraphe se termine, sans même qu’une nouvelle ligne soit inaugurée sur la page. Cela peut fatiguer. Aérer l’ensemble et espacer les paragraphes n’aurait pas fait de mal au roman et aurait rendu la lecture plus confortable et ce sans changer un seul mot.

Donc, un récit par moments envahissant et poignant, par moments long, mais long, et par moments tout simplement incompréhensible dans son fond et ennuyeux dans sa forme.

Une intrigue très belle dans ses contours, mais nettement moins réussie dans les traits fins.

Quant au style, on aime ou on n’aime pas. Ce n’est pas mon écriture préférée, mais je n’ai rien à lui reprocher non plus.

Etant quelqu’un de positif, je retiens le bon coté, les images (tristes, oui) de ce Groenland que je ne connais pas.

L’histoire de la disparition, de la souffrance, je n’adhère pas, alors je la laisse derrière moi dans les pages désormais fermées du livre.

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