Si la carte de France des festivals n’a de cesse de se noircir à coup de programmations tendant à la gémellité non assumée, le fort Saint-Pierre de Saint-Malo se dresse telle une citadelle imprenable au beau milieu de ce continuum fleurant bon la fadaise et la bière chaude. Initiée pour la première fois en plein air dans les temps heureux des nineties (1994), par l’association Rock Tympans et la sommité radiophonique Bernard Lenoir – dont l’émission non moins légendaire C’est Lenoir est salement menacée dans la grille des programmes de France Inter – La Route du Rock, qui se déroulera cette année du 12 au 14 août 2011, conjugue avec toujours autant de maestria paris sur l’avenir et pierres angulaires de la scène indé, tout en se permettant quelques grandes messes sans public averti. Au fond, peu importe la présence de The Kills ou The Fleet Foxes – que l’on se promet de regarder, l’œil hagard, un peu au loin, à gauche, à côté du côté du bar – quel autre festival que celui-ci, sans parler d’un Midi (lire) en pleine mutation, peut se targuer d’accoupler sur scène, et ce dès une première soirée littéralement immanquable, les puissantes arabesques sonores des écossais de Mogwai à l’entropie schizophrène du pape de l’IDM, Aphex Twin ? Entre avalanche de décibels et beats cathartiques, d’intenses retrouvailles plombées de guitares, avec Sebadoh ou Low dans le rôle des pères fouettards, succéderont sans ciller aux délices volubiles d’une pop sucrée (Electrelane), enthousiaste (Suuns, Cults) ou éthérée (Blonde Redhead). La Nico 2.0, Anika, et son backing band irréaliste (Beak), bien épaulée en cela de la Californienne Chelsea Wolfe, offrira les émules de sa froide sensualité à un public que l’on prédit à la fois vertement remué par les saillies tapageuses de Battles ou Dan Deacon et littéralement subjugué par les digressions kosmiche d’un Etienne Jaumet et d’un Turzi à la phraséologie psychédélique. Si l’on y ajoute la crasse radieuse de Cheveu ou Crocodiles, la poisse (Suicide)aire de Dirty Beaches, la classe pileuse de Josh T. Pearson, en sus de la fausse innocence de François & The Atlas Mountains et de la fougue synthétique de Gesaffelstein… il devient facilement concevable de piétiner la boue de ses plus belles bottes un soir d’été en Bretagne. Comme si toutes ces bonnes raisons ne suffisaient pas à provoquer un aveugle assentiment, ci-dessous, une mixtape, brossant dans ses grandes largeurs les festivités, côtoie, comme par enchantement, un concours (jouer) digne de ce nom.
Mixtape
01. Aphex Twin – Girl/Boy Song
02. Mogwai – Letters To The Metro
03. Electrelane – Enter Laughing
04. Suuns – PVC
05. Anika – Yang Yang
06. Etienne Jaumet – Entropy
07. Gesaffelstein – Aufstand
08. Blonde Redhead – Here Sometimes
09. Battles – Sundome (Featuring Yamantaka Eye)
10. Cults – Oh My God
11. Still Corners – Endless Summer
12. Dirty Beaches – A Hundred Highways
13. Cheveu – Charlie Sheen
14. Crocodiles – Hollow Hollow Eyes
15. Okkervil River – Wake And Be Fine
16. Dan Deacon – Woof Woof (Hudson Mohawke Remix)
17. Here We Go Magic – Song In Three
18. Josh T. Pearson – Woman, When I’ve Raised Hell (Alternative Version)
19. Chelsea Wolfe – Advice & Vices
20. Francois & The Atlas Mountains – Piscine
Programmation
Fort de Saint-Père
Aphex Twin
Mogwai
Sebadoh
Electrelane
Suuns
Anika
Etienne Jaumet
Plage Bonobo
Botibol
Escalier Club
Brodinski
Gesaffelstein
Samedi 13 août
Fort de Saint-Père
The Kills
Blonde Redhead
Battles
Low
Cults
Still Corners
Dirty Beaches
Plage Bonobo
Turzi Electronique Expérience
Escalier Club
Cheveu
Dimanche 14 août
Fort de Saint-Père
Fleet Foxes
Crocodiles
Okkervil River
Cat’s Eyes
Dan Deacon
Mondkopf
Here We Go Magic
Palais du Grand Large
Josh T. Pearson
Other Lives
Chelsea Wolfe
Plage Bonobo
François & The Atlas Mountains