Écrit par Mutations

S'agissant d'Elections Cameroon (Elecam), l'Eglise catholique donne l'impression de faire du ponce-pilatisme. Mgr Joseph Atanga indique bien qu'«il ne m'appartient pas de critiquer la forme actuelle de Elecam». Sur un autre versant, le président de la Cenc se félicite pourtant de la nomination des membres de la société civile au sein du conseil électoral d'Elecam, dont l'évêque de Bafoussam, Mgr Dieudonné Watio. Tout en souhaitant que la moitié des membres soit issue de la société civile. Un voeu tout à fait pieux à trois mois de l'élection présidentielle, au regard de ce que, parmi les 12 membres précédemment nommés à Elecam, ils sont nombreux dont la proximité avec le Rdpc ne souffre pas de doute. Avant de donner son aval pour la «cooptation» d'un évêque au sein du conseil électoral d'Elecam, l'Episcopat camerounais aurait pu exiger aux autorités que «la moitié des membres de cet organe soit issue de la société civile», au lieu de verser, après coup, des larmes hypocrites.
En ce qui concerne les menaces d'ingérences extérieures sur l'élection présidentielle, l'Eglise catholique a pratiquement embouché les trompettes des thuriféraires du régime, qui ne cessent de rappeler que les Camerounais doivent rester maîtres du destin de leur pays. Lors de la messe de Pâques 2011, Mgr Victor Tonye Bakot, l'archevêque de Yaoundé invitait déjà ses ouailles à ne pas céder à «l'effet de mode» et le gouvernement à être attentif aux révolutions dans le monde arabe. On se serait attendu à ce que la Cenc prolonge, dans sa lettre, la réflexion engagée par l'archevêque métropolitain, sur ce dernier volet, en proposant par exemple un catalogue de réponses concrètes au gouvernement par rapport aux préoccupations des populations, notamment des jeunes. Car, comme l'indiquait Donald Kaberuka, le directeur de la Banque africaine de développement, dans une interview accordée à la chaîne Euronews, ce n'est pas l'Occident qui a déclenché les révolutions en Tunisie ou en Egypte. Mais bien des jeunes, qui ont longtemps attendu, en vain, des solutions à leurs problèmes.
On se réjouira tout de même de la position de l'Eglise catholique au sujet de l'application de l'article 66 sur la déclaration des biens et celle sur le remboursement des sommes détournées. Des fonds qui doivent être réinvestis dans les projets de développement et dans la lutte contre la pauvreté.