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EUROPE - L’islamophobie, le mal du siècle?

Publié le 27 juillet 2011 par Pierrepiccinin

Europe - L’islamophobie, le mal du siècle? (L'Echo. Le quotidien de l'économie et de la finance, 27 juillet 2011)

  

  

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Au nom de Dieu, le très Miséricordieux, le Compatissant... (Coran, I, 1)

Depuis les attentats du 11 septembre 2001, l’Occident semble en proie à une peur latente de l’islam, les subconscients collectifs ayant associé terrorisme et intégrisme au monde arabo-musulman et à la religion islamique. Pour preuve, les deux attentats perpétrés à Oslo, d'emblée attribués à un éventuel réseau islamiste, alors que leur auteur est, en définitive, un fanatique d'extrême droite.

Dans ce contexte, il apparaît de bon ton de s’en prendre aux symboles les plus forts de cette religion : les caricatures provocatrices de Mahomet, dont la plus célèbre représente le prophète sous les traits d’une bombe, assimilant tous les musulmans au terrorisme, apparaissent presque comme un acte de glorieuse résistance et, à tout le moins, de défiance, face à une menace qui guetterait l’Europe.

  

Caricature Mahomet
   (*)

Et les leaders politiques de surfer sur la vague islamophobe et de renchérir en s’attaquant, les uns, aux signes les plus visibles de l’islam, telle la France de Nicolas Sarkozy interdisant la burka, législation désormais adoptée en Belgique aussi, d'autres, à des communautés entières, n’hésitant pas à les stigmatiser, telle la chancelière allemande Angela Merkel, qui avait déclaré, il y a quelques mois, que l'idée d'une société multiculturelle devait être combattue, propos repris plus tard par le premier ministre britannique, David Cameron.

L’islamophobie se substitue ainsi progressivement à la xénophobie traditionnelle ; et les clichés abondent en la matière : les immigrés musulmans seraient de plus en plus nombreux, au point de supplanter les autochtones et de les obliger un jour à adopter leur mode de vie. L’Islam serait alors la religion obligatoire, pour tous.

  

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De plus, cette immigration pèserait lourdement sur la sécurité sociale : non seulement tous ces immigrés musulmans prendraient les emplois des Européens, mais, paradoxalement, comme la plupart ne travailleraient pas, ils seraient à charge de la communauté.

Pourtant, ces lieux communs qui animent les fins d’après-midi du « café de la gare » sont formellement contredits par toutes les statistiques et études qui ont été réalisées à ce sujet : d’une part, si ces populations à faible pouvoir d’achat sont visibles en tant que communautés, c’est parce qu’elles se regroupent de facto dans les quartiers les plus pauvres, là où les loyers sont les moins onéreux. En réalité, cependant, elles ne constituent qu’un pourcentage extrêmement faible de la population totale, entre 1 et 3% seulement, selon les estimations les plus raisonnables.

D’autre part, cette immigration est devenue doublement nécessaire : premièrement, comme ce sont de très jeunes gens qui émigrent dans l’espoir d’un destin meilleur, elle permet de revitaliser une population européenne vieillissante et de garantir ainsi la pérennité du financement de la sécurité sociale. Car cette immigration, deuxièmement, travaille considérablement, et sans nullement entrer en concurrence avec les travailleurs Européens, mais en pourvoyant en main d’œuvre des secteurs qui en manquent cruellement, à commencer par celui de la construction, métiers pénibles et dès lors dédaignés.

Enfin, dès la deuxième génération, le taux de « désislamisation » de ces populations nouvellement immigrées avoisine presque le taux de déchristianisation des populations autochtones.

Resterait donc le seul délit de sale gueule : l’unique reproche que l’on pourrait faire à ces populations serait d’être un peu trop basanées, de ne pas être très riches, d’avoir des métiers pas souvent valorisants et de ne pas toujours parler un français tout à fait correct…

Mais les populations musulmanes qui se sont installées dans les pays d’Europe occidentale n’ont pas l’apanage de ce rejet. Elles ne sont pas les seules à avoir rencontré des difficultés d’intégration. D’autres populations, qui avaient émigré du sud de l’Europe pour, dans ce cas également, occuper des niches professionnelles délaissées, dans le secteur minier notamment, ont aussi été victimes, dans un passé récent, de cette xénophobie qui touche aujourd’hui Magrébins, Turcs et autres groupes associés. Et, à l’époque également, d’aucuns soutenaient que leur intégration se révèlerait impossible.

Ainsi, il ne faudrait pas trop rapidement oublier que, il n’y pas si longtemps, dans nos villes, on pouvait lire sur les vitrines de certains cafés et restaurants, à l’intention de ces gens venus en Belgique ou en en France pour bénéficier de la « moutouèl » : « interdit aux chiens et aux Italiens »…

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Lien(s) utile(s) : L'Echo

 
Coupure de presse : 

Article Pierre Islamophobie

  (Clin d'oeil, par Pierre Desproges)         (Robert BADINTER, sur France Inter - 7 mars 2011)

* Par respect pour   nos lecteurs de confession musulmane, nous avons choisi de masquer en partie l'image (l'original peut-être vu à cette adresse : link).

© Cet article peut être librement reproduit, sous condition d'en mentionner la source (http://pierre.piccinin-publications.over-blog.com).


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