A l'Ecole Moyenne ordinaire de Matsue ...

Journal d'un professeur européen (Fragments)

Matsoué, 2 septembre 1890

Je me suis, pour la durée d'une année, engagé par contrat à servir comme professeur de littérature anglaise à la Djindjo Chougakkô (Ecole Moyenne ordinaire) et à la Shihan-Gakkô (Ecole Normale) de Matsoué en Izoumo.
La Djindjo Chougakkô est une immense construction de bois, à deux étages, de style européen et peinte en gris-bleu foncé. Aménagée de façon à recevoir trois cents externes environ, elle est située, tout près de l'ancien château, au coin d'un grand terrain bordé sur deux côtés par des canaux et, sur les deux autres, par des rues silencieuses.
Je viens de faire trois heures de classe à l'Ecole Moyenne et je dois à la vérité de dire que je trouve ma tâche beaucoup plus agréable que je ne l'eusse imaginé. Chaque classe a, préalablement, été si bien préparée par Nishida que mon enseignement n'a point à souffir de ma complète ignorance de la langue japonaise. Si, d'ailleurs, les jeunes gens ne réussissent pas toujours à saisir mes paroles, du moins comprennent-ils tout ce que j'écris à la craie sur le tableau noir. La plupart, déjà, dès leur enfance, connaissent l'anglais qu'ils ont appris avec des professeurs japonais. Tous sont d'une docilité, d'une patience merveilleuse. Selon l'ancienne coutume, la classe se lève pour saluer le professeur à son entrée ; celui-ci rend le salut, puis fait l'appel.
Nishida est aux petits soins ; il me prête secours de toute façon, avec le regret, sans cesse exprimé, de ne pouvoir faire davantage. Quelques complications surgissent, cependant, assez difficile à surmonter. C'est ainsi qu'il me faudra un fort long temps avant d'arriver à retenir le nom de mes élèves. Je ne parviens même pas à la prononcer, malgré leur liste écrite placée sous mes yeux; et, bien que les désignations des différentes classes aient été, par égard pour le professeur étranger, inscrites sur les portes des salles en caractères anglais, bien des semaines me seront nécessaires pour me les rendre familières.

Lafcadio Hearn
Extrait de "Japon Inconnu"

Photos d'écoliers japonais glanées sur le web ...

Je pense qu'il s'agit de la Djindjo Chougakko - l'Ecole Moyenne ordinaire - si je m'en réfère à la description qu'en fait Lafcadio Hearn dans son récit, car ce bâtiment se trouve au pied du château de Matsue.
Il abrite peut-être un musée ou une institution ; j'avoue que je ne m'y suis pas trop attardée car la chaleur était si accablante que je n'avais qu'une envie : une promenade en bateau le long des canaux qui bordent le quartier ancien de Matsue, quartier aussi calme qu'à l'époque où y vécut Lafcadio Hearn.