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Les poètes savent pas mal de choses... redoutables

Publié le 28 juillet 2011 par Petistspavs

(Article largement réécrit le 28 juillet)

C'est toujours utile de consulter les statistiques de fréquentation d'un blog. Et les mots clés qui ont conduit une parcelle intime du flot des google-searchers vers Les Petits Pavés ? Aujourd'hui, quelqu'un est arrivé après avoir tapé "homme triste" (ah...), quelqu'un d'autre "belle goss de 16 ans seins nus" (pourquoi juste les seins, camarade ?). Mais une personne plus éclairée avait saisi "il fait beau dans la plus belle ville du monde" (titre du lumineux premier court de Valérie Donzelli, visionnable in extenso ICI) et une autre "inrocks spécial sexe".

Cette dernière requète était d'avant-garde et pour remercier son auteur, voici la couverture de ce numéro annuel et séminal des inrocks, sorti en même temps que les

Inrocks_Couverture
poubelles en ce petit matin frisquet de juillet et qui m'attend chez moi (j'écris mercredi après-midi).
C'est un jour, c'est un mois, c'est une saison à lire et puisque les inrocks nous y invitent, n'hésitons pas à découvrir d'un fil la presse lue ces temps-ci.

bob_dylan_turns_70_rolling_stone_magazine_cover
Pour souffler (dans le vent) avant l'heure les 70 bougies qui orneront le futur gâteau d'anniversaire de Bob Dylan, le magazine Rolling Stone, qui est une sorte de queue de comète de la galaxie dylanienne, a la bonne idée de consacrer 20 pages entières aux "70 meilleures chansons" du Grand Bob. Une douzaine de spécialistes (ils sont d'ailleurs 13, dont Greil Marcus, auteur d'un bouquin génial entièrement consacré à une seule chanson, mais quelle chanson ! -- Like a rolling stone --), appuyés par quelques personnalités comme Bono, Mick Jagger ou Jackson Browne, a planché sur la délicate question du Best of the best et le résultat, s'il appelle les réserves d'usage, ne provoque pas à la haine. Certes, mobiliser ce beau monde pour lui faire dire que Like a rolling stone est la meilleure chanson de son auteur revient en quelque sorte à employer l'arme nucléaire pour pulvériser l'araignée qui vous trotte dans la cervelle. Like a RS n'est-elle pas la plus belle chanson du monde ?
Mais le tout est "préfacé" par un article fort instructif de Jon Pareles, "Qu'est-ce qui fait une grande chanson de Dylan ?" dont la conclusion a l'intelligence de réfuter la question, qui n'appelle aucune bonne réponse : "Les plus grandes chansons de Dylan ne résument pas le monde en trois minutes. Elles proposent de le modifier à l'infini, obligeant chacun d'entre nous à trouver sa voie". Cette conclusion, ouverte, me semble fort sage, le Sphynx à la voix barbelée ne livrant pas ses quatre vérités en trois ritournelles.
Bob Dylan m'offre de vous proposer un accompagnement musical peu original pour cette reprise de contact, mais qui nous parle tant et tant.

Cahiers
Côté lecture, toujours, une belle livraison des Cahiers du cinéma qui, dans un numéro d'été, nous force à nouveau à interroger notre regard, non seulement sur l'art cinématographique, mais également sur les tentatives d'écrire sur le cinéma. A l'instar d'une cliente, particulièrement au fait des vraies questions, de la Librairie Joseph Gibert, entendue il y a peu, on peut se demander pourquoi les revues les plus cinéphiles s'obligent à couvrir les blockbusters les plus prévisibles, comme ici Super 8. Pour elle (pour cette cliente à l'esprit raffiné), il s'agirait d'illustrer un cheminement  nouveau de la critique cinéma, conduisant celle-ci de la fameuse masturbation intellectuelle de jadis à une sorte de pragmatisme recherchant, voire respectant l'avis du public. Je me garderais de livrer une opinion à propos de ce grave débat, me contentant d'inciter les masturbateurs intellectuels à ne pas se contenter de la lecture du numéro d'été des inrocks, pourtant très beau, comme tous les ans.

Edwarda_n_5
En effet, on trouve dans certaines très bonnes librairies, toujours plus séduisant, classe et fourni, le n° 5 du désormais classique Edwarda. Outre la luxuriance des photographies (luxuriance me semblant un bon compromis entre luxe et luxure), un très beau texte de Bertrand Bonello et- une version hard de la scène clé (scène de la clé) entre Geneviève Tabard et Antoine Doinel (Baisers volés).
Une_chambre_en_ville
Le succès de la revue de cul la plus chic et littéraire du marché a incité sa directrice Sam Guellini à lancer une collection de livres érotiques chiques et choques (Edwarda Collection), dont le premier porte le titre Demyesque de Une chambre en ville. C'est beau, cher et donc indispensable.

Au fait, ne chercher aucun snobisme dans ces propos. Tout est vrai. C'est indispensable. C'est cher. Et c'est beau.

Testament_Orph_e_Ibiscus
Mon plaisir du soir aura été de revoir Le Testament d'Orphée, sur une chaine de télé que je ne pensais pas capter. Ultime film de Jean Cocteau, Le Testament avait toujours été pour moi nimbé de mystère. Je me rends compte que je l'avais découvert trop jeune pour être réellement au fait de la fantaisie ironique de ce film réellement testamentaire, financé en grande partie par François Truffaut (grâce au succès des 400 coups, événement de Cannes 1959, lui-même largement dû au soutien apporté par Cocteau et sa sympathie pour le jeune cinéaste ; l'Homme qui aimait les femmes, l'Homme qui aimait les hommes, les Cinéastes qui aimaient le cinéma). Tué par la lance de Minerve, Cocteau (ou est-ce son double ?) dit à ceux qui le veillent "Faites semblant de pleurer mes amis, puisque les poètes font semblant d'être morts".
Testament_Orph_e_Jean_Cocteau_2

En cette période factice où il fait bon paraître, j'ai éprouvé un grand plaisir à ne pas voir au générique des figurants aussi obscurs que Serge Lifar, Luis Miguel Dominguin, Françoise Sagan, Yul Brynner, Aznavour, Jacqueline et Pablo Picasso, Jean-Pierre Léaud ou Jean Marais. L'apparition de ce dernier en Oedipe magnifique et douloureux croisant sans le savoir les pas du Poète lui même aveuglé est une des rares scènes dramatiques de ce film léger, à l'ironie parfois vacharde qui laisse de Cocteau l'image d'un Mondain inspiré, au narcissisme assumé (il rencontre non seulement ses oeuvres, les personnages de ses films passés, mais se croise lui-même en feignant d'ailleurs de ne s'être pas reconnu).
Testament_Orph_e_Jean_Marais_en_Oedipe
Le Testament d'Orphée est visible encore quelques jours sur la chaine Ciné FX.

Je fais mon retour dans la prétendue (ou soi-disant ?) Blogosphère sans autre explication sur mon absence prolongée. Ben oui, comme le chante Clarika. Mais je vous aime, chers lecteurs, que vous arriviez en raison de requètes qui vous regardent ou par fidélité.

Prochain article cette semaine. Cinéma.


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