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L’interminable crise grecque

Publié le 28 juillet 2011 par Edelit @TransacEDHEC

Cela fait plus d’un an que nous entendons tous le même refrain : « la Grèce va mal ». En effet rien ne va plus dans le pays de Socrate. Il y a un peu plus d’un an les Grecs et leur Premier Ministre Papandréou ont du accepter un plan d’austérité drastique proposé (imposé?) par le FMI, l’Union Européenne et la BCE. Ce plan, obtenu de haute lutte, devait définitivement écarter le spectre d’un défaut de paiement grec et permettre de modifier en profondeur la structure de l’Union Européenne (d’où la création d’un fond européen de stabilité). Par ailleurs, ce fond a servi à aider l’Irlande et le Portugal. Pourtant cet été, les agences de notation ont de nouveau dégradé la note de la Grèce, ce qui a poussé les Européens, la France et l’Allemagne en tête, à entériner un accord tout à fait inédit. Explications.

Le premier plan de sauvetage de la Grèce est loin de remplir son contrat. En effet, des privatisations massives et des réductions de dépenses de l’Etat, tout aussi massives, furent des conditions sine qua non à la signature du plan de sauvetage. Mais réduire ces dépenses a aussi entraîné une baisse (massive…) des recettes. Bilan le déficit reste faramineux, la colère gronde dans les rues d’Athènes et les marchés ne sont pas rassurés. Tout était réuni pour une nouvelle crise, qui ne manqua pas d’arriver.

Une solution au possible défaut de paiement a été apportée par un sommet européen, qui s’est tenu le 21 Juillet : le défaut sélectif ou autrement dit un défaut de paiement partiel et temporaire. Ainsi, à la demande de l’Allemagne, le secteur financier européen doit s’engager à aider la Grèce à hauteur de 37 milliards d’euros. Mais aucun dirigeant européen n’ose parler de défaut de paiement, ou comment appeler un chat une fourchette… Le Fond européen de Stabilité voit ses pouvoirs quant à eux renforcés (possibilité d’intervenir préventivement sur les marchés secondaires) et un fond structurel de relance économique pointe le bout de son nez avec une enveloppe (non négligeable) de 8 milliards d’euros.

Mais le répit est de courte durée puisque Moody’s a, dans la foulée de ce sommet, dégradé la note de la Grèce à tout juste un cran au-dessus du défaut de paiement. Et puis le mythe de la solvabilité des pays de la zone euro en prend un sacré coup. Si la Grèce fait défaut (partiellement certes mais défaut quand même), quid du Portugal ou de l’Espagne?

De toute façon une réforme structurelle importante s’impose. Les Européens avaient parié sur le fait que posséder la même monnaie permettraient aux différentes économies de converger vers le modèle le plus efficace. Aujourd’hui on ne peut que constater que cette vision est erronée, ce qui laisse deux possibilités. Soit les pays de la zone euro empruntent la voie d’une intégration financière, budgétaire et fiscale beaucoup plus poussée (pour en arriver à une sorte de fédéralisme). Soit la zone euro a vocation à disparaître. Dans son format actuel, la zone euro est un canard boiteux puisque chacun partage la même monnaie (donc le levier monétaire par l’intermédiaire de la dévaluation disparaît) mais est tout de même libre de décider la politique budgétaire qu’il souhaite. ( et donc de faire ou non les « bêtises » qu’il souhaite).

La Grèce et l’Europe sont les acteurs d’une pièce nouvelle dont ils ne connaissent pas la fin : les crises de la dette des grands pays de ce monde. A moins que les Etats-Unis ne leur volent la vedette et montent sur scène d’ici le 2 août…

RC


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