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Le Feu - Henri Barbusse

Par Zorglub

Présentation de l’éditeur :
Les années 1915 et 1916 ont marqué, pour Henri Barbusse, des dates décisives. C’est en 1915 qu’il a vécu Le Feu dans les tranchées du Soissonnais, de l’Argonne et de l’Artois, comme soldat d’escouade, puis comme brancardier au 231e régiment d’infanterie où à s’était engagé. C’est en 1916, au cours de son évacuation dans les hôpitaux, qu’il a écrit son livre. Celui-ci, publié par les Editions Flammarion à la fin de novembre, remportera aussitôt après le prix Goncourt. Le Feu est considéré depuis près de trois quarts de siècle dans le monde entier comme un des chefs-d’oeuvre de la littérature de guerre, un des témoignages les plus vrais et les plus pathétiques des combattants de première ligne. Témoignage impérissable aussi : Le Feu, traduit dans la plupart des langues, continue de susciter chez les jeunes un immense intérêt. Le Feu est suivi du Carnet de guerre qui permet de remonter aux sources mêmes de la création du roman épique d’Henri Barbusse.

Ce journal d’une escouade est une chronique de la guerre de 14-18 à travers le quotidien des poilus «dans leur jus» avec leurs argots, leurs accents et les expressions d’époque. C’est un documentaire (à peine romancé) qui dénonce toute l’horreur de la guerre et son absolu inutilité sans rien nous épargner. Jamais la guerre n’a été aussi bien retranscrit ; oubliez les films sur le sujet, ceux sont des contes pour enfant à côté de ce livre (…soldat Ryan ; un oui-oui à la campagne). A déchirer le cœur. On ressent l’atmosphère pesante, la pluie quotidienne, l’humidité qui règne en permanence dans les tranchées, la boue qui colle aux chaussures (formant une gangue) et la fumée des bombardements qui recouvre tout comme une chape de plomb. L’Homme ne ressemble plus à un homme. L’Humanité touche le fond. Quant on pense qu’ils ont remis ça en 39-45 ; l’Histoire est un éternel recommencement : on ne retient jamais la leçon. Ayant lu Hubert Selby Jr., je pensait être blasé, avoir l’estomac en acier trempé, mais là c’est trop dur : c’est tellement… que c’est trop ! Par moment on ne peut s’empêcher d’avoir une boule au creux de l’estomac… c’est l’horreur absolue. C’est renforcé par le fait que tous les détails de la vie sont là, rien n’est oublié, rendant les scènes d’un réalisme presque clinique.
Henri Barbusse n’a pas révolutionné le style mais il a un pouvoir d’évocation extraordinaire. Un Chef-d’œuvre. Mérite amplement son prix Goncourt 1916. Pourquoi n’étudions-nous pas ce livre à l’école ?
Attention, cependant, l’argot et les longues scènes de description peuvent en rebuter plus d’un.

«[…] Les jeux des enfants sont de graves occupations. Il n’y a que les grandes personnes qui jouent. […]» p.111

« Ah ! mon vieux, ruminait notre camarade, tous ces mecs qui baguenaudent et qui papelardent là-dedans, astiqués, avec des kébrocs et des paletots d’officiers, des bottines – qui marquent mal, quoi – et qui mangent du fin, s’mettent, quand ça veut, un cintième de casse-pattes dans l’cornet, s’lavent plutôt deux fois qu’une, vont à la messe, n’défument pas et l’soir s’empaillent dans la plume en lisant sur le journal. Et ça dira, après : «J’suis t’été à la guerre.» » p.133

«Oui, oui. Alors c’est trop facile de dire : «Faisons pas d’différence entre les dangers !» Minute. Depuis le commencement, y en a quelques-uns d’eux autres qui ont été tués par un malheureux hasard : de nous, y en a qué’qu’s-uns qui vivent encore, par un hasard heureux. C’est pas pareil, ça, vu qu’quand on est mort c’est pour longtemps.» p.148

«[…] Quand y a la guerre, on doit risquer sa peau […]» p.149

«[…] Labri, vague berger […] est couché en rond sur une toute petite litière de poussière de paille. […] Bécuwe s’approche et, avec sont accent chantant des environs de Lille :
– Il minge pas s’pâtée. Il va pas, ch’tiot kien. Eh ! Labri, qu’ch’ qu’to as ? V’là tin pain, tin viande. R’vêt’ cha. Cha est bon, deslo qu’est dans t’ tubin… I’ s’ennuie, i’souffre. Un d’ ch’ matin, on l’r’trouvera, ilo, crévé. […]» p.159

«[…] A la guerre, la vie, comme la mort, vous sépare sans même q’on ait le temps d’y penser. […]» p.304

«[…] j’ai oublié […] ma souffrance de la guerre. On est des machines à oublier. Les hommes, c’est des choses qui pensent un peu, et qui, surtout, oublient. Voilà ce qu’on est. […]» p.359

«[…] — Les hommes sont faits pour être des maris, des pères – des hommes, quoi ! – pas des bêtes qui se traquent, s’égorgent et s’empestent. 
– Et tout partout, partout, c’est des bêtes, des bêtes féroces ou des bêtes écrasées. Regarde, regarde ! […]» p.360

«[…] — Deux armées qui se battent, c’est comme une grande armée qui se suicide ! » p.361

«– Tout de même, qu’est-ce que nous sommes depuis deux ans ? De pauvres malheureux incroyables, mais aussi des sauvages, des brutes, des bandits, des salauds. […]» p.361

Editions  LGF / Livre de poche - 412 pages



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LES COMMENTAIRES (1)

Par soulaf
posté le 16 mai à 16:00
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g demandé des reponses§§§ merci pour laide '_'

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