Daens : Le film

Daens raconte l’histoire de l’abbé Adolf Daens, jésuite, dans une ville ouvrière de Belgique, Alost, au cours de l’année 1893. Alost est une petite ville industrielle, non loin de Gand et de Bruxelles, où les usines de textile sont le cadre d’une exploitation ouvrière presque inhumaine. Là, des hommes, des femmes et des enfants subissent la " loi d’airain du capital " et doivent endurer de pénibles conditions de travail, voire même des baisses de salaire, sans compter les punitions, les amendes, voire même les agressions du contremaître. Aussitôt arrivé à Alost, Daens dénonce ces conditions de travail et appelle à une application intégrale des préceptes de l’encyclique Rerum novarum de Léon XIII (1891). C’est sans compter avec M. Woeste, qui dirige le conseil du patronat et le parti le plus conservateur de Belgique, justement nommé le parti catholique.

Daens fonde alors un parti social-chrétien qui le mène au parlement, profitant de l’introduction du suffrage universel (plural) en Belgique à la suite d’une grève générale des ouvriers. Il reçoit l’appui des socialistes et des libéraux contre les catholiques, ce qui le place dans une situation intenable aux yeux de l’épiscopat et du pape, sans compter que le roi, Léopold II, et la bourgeoisie belge ne peuvent supporter ce trouble-fête. Rome lui ordonnera de choisir entre la soutane et la défense des intérêts des ouvriers: inutile de dire que ce dernier sera démis de ses fonctions de prêtre mais qu’il continuera d’œuvrer auprès des ouvriers d’Alost et de Belgique au cours d’un second mandat, jusqu’en 1907.

Le film est donc extrêmement riche pour un cours d’histoire du XIXe siècle: les questions économiques (la révolution industrielle, les crises), idéologiques (le socialisme, le libéralisme, la religion catholique), sociales (la condition ouvrière, la bourgeoisie, l’oppression spécifique des femmes et des enfants, l’urbanisation, le logement ouvrier, l’insalubrité), et politiques (le suffrage universel, la monarchie, les partis libéraux, social-chrétien et catholique) y sont abordées avec beaucoup de nuances et avec des images, une musique et une mise en scène qui concourent à faire de ce film un chef-d’œuvre.

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