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Amine Mecifi : Aach'k el Kh'yana

Par Gangoueus @lareus
Amine Mecifi : Aach'k el Kh'yana
Disons le, je n'ai pas sauté en voyant le titre de ce livre. Encore moins en lisant la quatrième de couverture. J'ai avant tout voulu honorer la personne qui m'a offert ce livre qui voulait sûrement me parler de son pays par auteur interposé. Quelle bonne idée. Cette introduction me semble cependant importante car j'aimerai souligner l'idée que parfois, l'apparat d'un livre peut nous empêcher de l'approcher et d'en faire la découverte.
Je découvre donc Amine Mécifi et son premier roman. Et je dois dire que je suis rentré très rapidement dans l'atmosphère très populaire du grand ouest algérien au travers des villes de Mostaganem, Oran ou encore Tlemcen. La narration de  ces portraits de personnes, petites gens souvent, de ces villes, ces quartiers populaires et ce qui s'y passe est portée par une très belle plume francophone, maîtrisée, agréable, un bonheur de lecture.
Le texte est organisé en un nombre important d'histoires éclatées apparemment sans lien entre elles. Pourtant, en avançant dans le texte, certains personnages apparaissent et disparaissent. Amel et El'Raoutti entretiennent une relation, une histoire d'amour peu commune qui est un peu la charpente de ce roman. Elle, est une lycéenne qui doit passer le baccalauréat au courant  de l'année. Lui, est un vendeur de layette, dans un  petit magasin que longe la belle chaque jour pour aller à son lycée. Nous sommes en Algérie. Les choses ne sont pas aussi simples que l'on pourrait le penser surtout lorsqu'il s'agit de relation entre homme et femme...
Amine Mecifi s'avère être un peintre attentionné, aimant de toutes ces gens. Contrairement à mes récentes lectures sur l'Algérie, ce roman nous présente une société certes violente, très pauvre matériellement, mais où l'humour, les situations cocasses ne manquent pas. Ce n'est donc pas un roman sombre, l'auteur y glisse une flamme particulière qui conduit le lecteur dans les différents chapitres où les personnages se livrent plus ou moins, nous présentant leurs conditions de vie, leurs connexions.
C'est aussi un discours sur ce qui a été fait des indépendances, quand dans un chapitre décrit la dégradation de la Cité de l'air d'Oran. L'auteur dans sa description de cet immeuble où habitaient des fonctionnaires nous révèle tout son talent, parlant de manière indirecte de l'échec de la politique de l'habitat, le laisser-aller, l'impuissance ou l'incivisme des habitants.
Une personne qui aurait posé un siège et observé vivre et péricliter la Cité de l'Air pendant trente ans, n'aurait pas eu besoin de voir le reste du pays ou peut-être même le reste du monde. Cette cité modeste au sud d'Oran, dans un délabrement progressif et inexorable, envoie comme un message muet et universel. Elle est un poignant rappel des cyniques facéties du temps qui passe.La première plaie arriva sous forme de sécheresse. Des cultures et des civilisations grandioses n'ont pas survécu au manque d'eau. La petite Cité de l'Air ne pouvait pas connaitre un sort meilleur que celui des Mayas.
Page 138.
Je termine cette chronique avec une petite frustration. Celle de ne pas avoir réussi à vous faire ressentir tous les joies et les peines qu'Amine Mecifi a brillamment mis sur papier pour produire un roman à la fois critique et positif sur ces gens, avec un zeste de bonne humeur. Un auteur à suivre. 
Amine Mecifi, Aach'k el Kh'yanaPremière parution en 2010, 206 pages.
Vous pouvez lire quelques pages du livre sur Blurb

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