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La France se met aux ordres des agences de notation

Publié le 31 juillet 2011 par Letombe

sarkozy-portrait.jpg Le gouvernement a creusé les déficits à force de défiscaliser

Après le " discours de Grenoble ", le 30 juillet 2010, la rigueur et la " règle d'or " semblent en passe de devenir, à la faveur de la crise grecque et des velléités de présidentialisation de Nicolas Sarkozy, le tube politique de cet été 2011. Il n'y a, a priori, rien de commun entre la sécurité et la dette, sinon qu'il s'agit dans un cas comme dans l'autre, non pas d'apporter des solutions concrètes aux problèmes soulevés, mais d'essayer, sur le mode de l'esbroufe, d'en tirer un profit électoral en pointant le soi-disant laxisme de la gauche. En matière de déficits comme de sécurité, le président de la République et le gouvernement n'hésitent donc pas à endosser les habits du pompier pyromane. La gauche n'a pas de leçons de responsabilité budgétaire à recevoir d'une majorité présidentielle qui a creusé les déficits publics comme jamais sous la Ve République. La faute à la crise, certes. Mais la faute aussi, pour une bonne part, à une politique de défiscalisation tous azimuts budgétairement coûteuse, socialement injuste et économiquement inefficace. A l'image d'un joueur invétéré qui demanderait à se faire interdire de casino, la majorité présidentielle souhaite aujourd'hui faire inscrire dans la Constitution, la loi des lois de la République, une règle d'or budgétaire la contraignant à veiller à l'équilibre des finances publiques ! " Liberté, égalité, fraternité... et rigueur ". En pleine tempête budgétaire, le politique capitule et essaye de s'abriter derrière la protection du Conseil constitutionnel. Bel exemple de courage et de responsabilité ! Le politique capitule parce que, à en croire notre ministre du budget, il faut " envoyer un signe positif ". Un signe positif pour qui ? Pour les marchés financiers et les agences de notation ? Cela semble illusoire tant ceux-ci semblent évoluer dans un univers volatil, court-termiste et largement déconnecté de l'économie réelle. Après la chute de la banque d'affaires Lehman Brothers, le 15 septembre 2008, les plus optimistes d'entre nous voulaient croire, en guise d'espoir et de consolation, que l'effondrement des marchés financiers donnerait lieu à un salutaire choc de conscience permettant de poser les bases d'un nouveau modèle de développement. Le président de la République avait lui-même largement entretenu cette illusion en martelant à l'envi que " plus rien ne serait jamais comme avant ". Aujourd'hui, le chef de l'Etat veut consacrer constitutionnellement la toute-puissance de la finance et l'obligation faite à la puissance publique de se plier à ses règles. Ce n'est pas vraiment le " signal fort " et la réponse que la gauche espérait ! Quant aux citoyens, le message qui leur est adressé est absolument désespérant et politiquement désastreux : " Hier, l'Etat ne pouvait pas tout ; demain il ne pourra plus rien ", tel semble, en substance, le " signal fort " qui leur est destiné. De fait, en limitant juridiquement la possibilité de mobiliser des moyens budgétaires exceptionnels en cas de nouvelle crise, la majorité présidentielle actuelle, mais aussi celles qui lui succéderont, se trouveraient privées des capacités d'intervention et de solidarités nécessaires. A-t-on bien mesuré combien cette perspective pouvait être anxiogène pour une population déjà bien malmenée par la crise et inquiète de son avenir ? La gauche en général, et le Parti socialiste en particulier, considèrent que la dette constitue un vrai sujet politique, sur lequel le peuple français doit avoir son mot à dire. Il n'est pas très sérieux, ni présidentiel, ni démocratique, à la veille d'une élection cruciale pour l'avenir de notre pays, de prétendre vouloir imposer par voie parlementaire, à la hussarde, une règle d'or budgétaire dans la Constitution de la République française qui engagerait des générations de dirigeants. En 2012, la gauche devra, si elle est élue, remettre de l'ordre dans nos finances publiques. Elle devra le faire selon des modalités équitables et à un rythme socialement et économiquement soutenable. Pour cela, elle n'aura pas besoin de règle d'or, mais d'une règle de conduite juste et cohérente, qui a cruellement fait défaut à la droite ces cinq dernières années. Cette règle de conduite, nous n'avons pas besoin de la faire inscrire dans la Constitution puisqu'elle existe déjà à l'article 13 de la Déclaration des droits de l'homme et du citoyen de 1789, lequel souligne la nécessité d'une " contribution commune (...) également répartie entre les citoyens, en raison de leurs facultés ". Si la gauche doit faire preuve de responsabilité en 2012, elle doit toutefois le faire sans sacrifier et surenchérir à la mode du " puritanisme budgétaire " ambiant, dont Nicolas Sarkozy entend être l'un des premiers apôtres, et qui va désormais bien au-delà du " cercle de la raison " cher à Alain Minc. Aux dogmes quasi religieux de la tempérance, de la rigueur et du sacrifice de la droite, la gauche doit être capable d'opposer des réponses pragmatiques et politiquement crédibles. Ne nous laissons pas, une nouvelle fois, distraire par les gesticulations de Nicolas Sarkozy.

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