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Le Moine

Par Metstacapuche @metstacapuche

Critique film : Le Moine, réalisé par Dominik Moll, d’après le roman de Matthew G.Lewis, avec Vincent Cassel, Déborah François, Joséphine Japy, Sergi López, Catherine Mouchet… sortie cinéma 07/2011

Le Moine

Cette fin de mois de Juillet n’a pas laissé le soleil s’exprimer comme il se devait sur l’hexagone. Beaucoup se sont donc réfugiés dans les salles de cinéma, le plus souvent pour voir les blockbusters du moment ou les comédies françaises de bas étage. C’est ainsi que Le Moine, le dernier film du réalisateur Dominik Moll (à qui l’ont doit notamment l’encensé Harry, un ami qui vous veut du bien) s’est retrouvé projeté dans la salle la plus restreinte de l’UGC Lille (à peine 80 places à vue d’œil). Vincent Cassel (La Haine, Dobermann, Mesrine, Black Swan…) qui enfile l’habit du moine ça n’attire pas les foules. C’est bien dommage compte tenu de la qualité de son jeu.

Il s’agit d’Ambrosio, déposé à l’état d’avorton à la porte d’un couvent et recueilli et élevé par les moines. Nous sommes en Espagne, au XVIIème siècle, mais espace et temps ont peu d’importance finalement. Ambrosio grandit et devient moine à son tour. Il devient même Le Moine, celui qui a consacré sa vie entière à l’apprentissage, la digestion et l’application des préceptes catholiques, et réputé alentours pour la conviction enivrante de ses homélies. Sa chute inéluctable vers le péché résultera de l’arrivée d’un disciple masqué et énigmatique qui semble lui vouer un fanatisme tout sauf pieux.

Oppressant, noir, efficace, intriguant, démoniaque. Ce sont les adjectifs qui me viennent à l’esprit quand il faut décrire le climat du film. Je repense à La Neuvième porte (The Ninth Gate) de Roman Polanski par exemple, pour évoquer le type de malaise qui s’installe. La trame générale se construit à la manière d’une tragédie grecque passionnante. La progression du personnage vers sa propre déchéance est terriblement prenante tant sa mise en scène par le diable, et par extension par le réalisateur, est habile et machiavélique. Sur la forme, j’identifie une volonté du réalisateur de troubler physiquement et psychologiquement son public. Dans sa façon de faire se succéder des scènes très sombres et d’autres très lumineuses (c’est assez agressif), d’ouvrir ou conclure certaines séquences par un rond qui enferme ou libère l’image, ou encore d’évoquer la peur par un jeu d’images en négatif ou des plans figés de gargouilles aux faciès peu rassurants. Je retiens également le masque du disciple (une capuche dans l’œuvre originale de Matthew G.Lewis). Il est figé d’effroi et annoncé comme dissimulant un visage atrocement brûlé. Mais la tentation de voir ce qui se cache derrière, malgré la peur, est grandissante jusqu’à finalement le découvrir et s’apercevoir que ce qu’il dissimule est une tentation encore plus grande…

Le Moine est une drôle d’expérience, encore plus dans le cadre d’une salle de cinéma minuscule car c’est finalement plus immersif. Les effets spéciaux et les raccords sont dignes des logiciels de montage amateurs les plus basiques… Tout est misé sur la qualité du script et franchement, c’est un mal pour un bien. Pourtant, ce n’est pas un film accessible, même si le propos est plutôt simple. A voir si vous êtes amateurs du genre ou réellement intrigués.

7/10


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