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Assan Midal : un parcours de résistance

Publié le 29 juillet 2011 par Yasida

Touaregs

Apprivoiser le désert

Comment résister ?

 Des ripostes armées aux projets alternatifs de société, des luttes frontales à la " marche en vrille ", les Touaregs depuis plus d'un siècle n'ont pas renoncé à inventer des stratégies pour protéger leur société, pour retrouver leur libre arbitre et survivre dans la dignité.

Hélène Claudot-Hawad

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Assan Midal

Assan Midal

Entretien réalisé par Djamel Guettala Algérie News 

transmis par Linda Harsch

Interview

Extraits

Repères biographiques

Né en 1974 au Niger, Assan Midal fait des études en sciences politiques à l'université de Tripoli en Libye. A l'époque, il était guide touristique, établi dans la ville de Sebha où il accompagne les touristes dans des bivouacs au désert. Pendant les saisons de répit, il s'occupe d'enfants nomades dans une école aux confins de Sebha. Assan crée alors l'ONG « Association Parrainage Imidiwan » qui signifie « Compagnon » en tamasheq.

Avant d'être guide j'ai fréquenté une école nomade, puis l'université malgré les difficultés et obstacles rencontrés j'ai pu avoir ma maîtrise, ensuite je fus guide touristique, cela m'a permis une plus grande ouverture d'esprit a l'égard des autres cultures, beaucoup de rencontres avec des personnes simples, exceptionnelles, curieuses au sens positif du terme .

Peuple touareg : Tirer les leçons du passé

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photo   Assan Midal

Les lignes directrices de son engagement :

Droit à l'éducation pour tous

" Un enfant est comme un petit arbuste qui a besoin d'eau pour bien se tenir sur sa tige et faire face aux vents forts, en même temps chercher l'eau des profondeurs grâce à ses racines bien solides …

L'idée est partie d'un constat amer : la situation que vivent mes frères touaregs appelés à errer entre les différents pays. Je me suis toujours posé la question quant à leur avenir dans un monde où l'ignorance n'a pas de place, nos parents ont commis la pire erreur de leur vie : celle de s'opposer à l'éducation des leur enfants ".

Assan  Midal

Repères historiques

Scolarisation des enfants nomades :  de la colonisation à nos jours

L'école des otages

La fréquentation scolaire était haïe et bien des parents s'enfuyaient au Nigéria tout proche avec leur progéniture. En ce qui me concernait, ce n'était donc pas étonnant qu'un jour un envoyé de l'Ardo peul se présentât à grand-père, muni d'une convocation en bonne et due forme des autorités  administratives

Tout le village prit le deuil.

C'était une calamité, un affront, que mon père par son beau-fils interposé, portait à toute ma famille maternelle.

L'école des Blancs, point extrême de la mécréance !

Comment cet homme s'était-il livré à un tel sacrilège ?

 Ibrahim Issa  Nous de la coloniale

La Pensée Universelle 1982

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photo  AP Imidiwan

Je suis né avec du sable dans les yeux

Je suis pris dans la souricière. Rien ni quiconque ne pourra me délivrer. Même mon père n'a rien pu faire. Lui, pourtant si fier, est allé à Agadez supplier le commandant du cercle.

- Je suis vieux, lui a-t-il dit. Mano est le seul à pouvoir s'occuper de mon troupeau. C'est aujourd'hui que j'ai besoin de lui, pas quand je serai mort. Vous n'avez pas le droit de me l'enlever.

Le commandant du cercle n'a rien voulu entendre.

Il y a longtemps que les Français n'ont plus peur des Touaregs ...

C'était comme si on m'emmenait à l'abattoir. Je pleurais et, à travers mes larmes, tout devenait confus : les tentes, les gens devant les tentes, tous ceux de ma famille paralysés d'effroi. Sans un mot, le garde m'a hissé sur son chameau. Je ne songeais même plus à me débattre. (...)

Tout au long de la piste, des femmes et des hommes sont venus assiter à mon calvaire. Ils se sont déplacés pour me dire adieu.

" Matilan, matilan ! " murmurent-ils à mon passage.

Matilan, matilan ... Il faut bien accepter.

Les femmes pleurent. Je les entends crier :

" Le pauvre, il est perdu ! "

Ma sœur et mon frère soutiennent ma mère. Sans eux, elle tomberait.

- Pourquoi t-en prends-tu à mano ? lancent-ils au goumier. Tu n'as donc pas d'honneur ?

Ma mère sanglote. Elle aussi supplie :

- C'est mon dernier enfant. Laisse-lui la vie sauve !

Le goumier, honteux, tente de la rassurer :

- Ton fils ne craint rien. Tu pourras le voir quand bon te semblera.

Mano Dayak

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photo Assan Midal         

Pour un monde meilleur   

Montrer aux enfants l'importance des études, sensibiliser les enfants et leurs parents à la lutte contre la désertification et l'importance de la préservation de l'équilibre écologique

D'autres difficultés que vit la population à part les conditions climatiques et culturelles :

Les États où vivent les Touareg accordent moins d'importance à l'éducation des enfants, plus particulièrement aux enfants touareg pour plusieurs raisons :

-  Exclusions  manque de tout  et surtout avec l'arrivée des firmes qui exploitent la terre ces populations sont exposées à plusieurs dangers (pollution, manque de pâturages, disparations de la faune).

- Les populations n'ont pas d'autre choix que de se sédentariser généralement les personnes qui sont en exil en Libye n'ont pas les moyens de pratiquer le nomadisme. A part quelques ONG qui interviennent dans le cadre de réalisation des certains micro projets, il ne faut pas oublier que les ONG ont perdu toute crédibilité. Des millions d'euros peuvent être investis dans la réalisation d'un puits ou une d’une école… souvent les fonds sont détournés, avant même qu’ils n’arrivent à destination… ce qui est très dommage bien entendu.

La marginalisation de la jeunesse targuie qui, faute de bagage intellectuel suffisant, ne peut accéder à des postes de responsabilité.

 La marginalisation de la jeunesse targuie est bien une réalité. La politique a toujours trouvé un moyen de les écarter. Depuis toujours les Touareg ont le sentiment d'être écartés de tout (Mali et Niger), malgré l'apport important de la culture et la richesse dont regorgent les zones targuies, c'est cela qui est à la base de tous les soulèvements, opérés par des Touareg pour réclamer leurs droits et un partage équitable des ressources extraites dans leur territoire.  L'espoir est en train de renaître, une prise de conscience des réalités, cela se remarque l'importance des étudiants terguis (filles et garçons) dans les différents universités (États-Unis, Maroc, Europe, Algérie, Niger, Mali) nos espoirs se basent beaucoup sur eux pour un futur meilleur pour toute la communauté… 

Le mot de la fin ?

Droit à l'éducation pour tous, pour un monde meilleur !

Assan  Midal

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photo  Assan Midal

Que signifie être touareg aujourd'hui ?

Parmi les repères identitaires que les jeunes générations ont hérités de leurs parents, beaucoup ne font plus partie des réalités vécues. (...)

Être nomade est jugé archaïque. Avoir le sentiment d'appartenir à une communauté large est combattu comme portant atteinte à à " l'unité nationale ' de chacun des cinq États où sont dispersés les Touareg. Organiser une grande caravane  pour acheminer des marchandises vers le Moyen-orient, la Méditérranée ou la zone subsaharienne est interdit. Voyager pour rendre vivite à de proches parents qui habitent au-delà de la frontière est suspect. Circuler d'un point à l'autre du pays touareg nécessite un passeport et des visas inaccessibles à la plupart des gens.

Empêcher une association humanitaire de multiplier des forages qui réduiront les pâturages de réserve est impossible.

Réclamer des indenisations pour le saccage des ressources naturelles et la pollution découlant de l'exploitation des hydrocarbures ou de l'uranium par les firmes internationales et les États est inpensable.

Imaginer une retombée locale des bénéfices émanant des ressources du sous-sol saharien est hors sujet.

Le droit d'avoir un pays et des droits territoriaux et politiques légitimes, le sentiment de posséder une culture, un savoir ou une langue estimable, le droit d'être soigné dans un dispensaire ou instruit dans une école, sont battus en brêche par la réalité quotidienne.

Les pouvoirs dominants ont réduit cette communauté à des rôles et des images qu'elle n'a pas choisi elle-même.

Hélène Claudot-Hawad

Touaregs  Apprivoiser le désert

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Assan  Midal  Save Touareg People

C'est notre devoir

C'est notre devoir

de redresser les piliers écroulés

au nom d'un droit existant et nié

depuis tant d'années écoulées.

J'appelle les hommes

qui connaissent

les maux passés

au prix des vies et du sang.

Voici les lointains verdoyants

aux touffes bourgeonnantes.

Qui en est séduit parmi la jeunesse ?

Ce sont mes frères qui les habitent.

Kidou


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