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Crystaliser le temps

Publié le 01 août 2011 par Feuavolonte @Feuavolonte

Crystal Castles à OSHEAGA

Par Émilie Bergeron

Les cinquante minutes de jam éclectique offertes par le duo torontois dimanche soir sur la scène verte d’Osheaga auront scellé le temps. Alors que le soleil se couchait, la foule n’avait de yeux que pour le jeu d’éclairage hallucinant et la folle transe d’Alice Glass. Nul besoin d’être friand d’électronique pour apprécier la performance mémorable qu’a donné Crystal Castles. Sur le parterre, dans la boue comme dans les estrades, impossible d’échapper à cette expérience transcendante et quasi-psychédélique…jusqu’à en oublier la notion du temps.

Les preuves de la formation ont depuis longtemps été faites. Depuis qu’Alice Glass a rejoint le projet d’Ethan Kath, en 2003, les nombreuses tournées américaines et britanniques des Crystal Castles, ainsi que leurs collaborations avec notamment Nine Inch Nails et Metric, les auront propulsés au sommet de la scène internationale électro-dub des plus raffinées. Leur 1er album a notamment été couronné 20e meilleur en 2008 par Pitchfork et rien de moins que 12e sur le palmarès NME.

Néanmoins, les Crystal Castles auront surement attiré de nouveaux fidèles. Plus que la foule nourrissant la performance, les artistes sur scène, dans un échange, une réciprocité inouïe, alimentaient tout autant l’énergie du public. Si on aurait tendance à croire qu’un show d’électronique n’est pas intéressant à regarder -étant donné le DJ, étant donné les sons pré-enregistrés et les voix modifiées- Kath et Glass nous auront persuadés du contraire. Les éclairages, minutieusement coordonnés aux rythmes déjantés, paraissaient parfois comme les touches d’un jeu vidéo, d’une navette spatiale, d’une tout autre réalité qui nous absorbe dans son magnétisme. Pendant Crimewave, l’effet était tel que certains se seront surpris à s’émouvoir (moi la première), les yeux humides.

Le duo a ensuite enchaîné avec la planante Air War, transportant le public avec lui dans la déchéance. Le public est tantôt ému, tantôt entraîné en chute libre, mais toujours, il est maintenu dans l’intensité. Un des moments forts fut lorsque la déchirante voix d’Alice Glass entonna Love and Caring. Entre les distorsions et les sons tout droit sortis d’un espace-temps nébuleux et sans doute futuriste, l’éternelle adolescente guide le spectateur dans une lascive mélancolie rageuse.


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