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Stéréotypes ?

Publié le 02 août 2011 par Marc Lenot

Winter in Tebisa 1991D’un photographe noir sud-africain anti-apartheid, on pourrait attendre des images convenues, (trop) prévisibles, stéréotypées. C’est la force de Santu Mofokeng (au Jeu de Paume jusqu’au 25 septembre) que de déjouer ces pièges ; sans se défaire un instant de sa position sociale, raciale, culturelle, il sait éviter les écueils, nous montrer un Soweto (si souvent banalement photographié par d’autres) inconnu et déconcertant, nous faire découvrir des rituels chrétiens dans des lieux teintés de paganisme ou tirant parti des longs trajets quotidiens en train (ci-contre Train Church), Laying of hands Johannesburg Soweto Line 1986documenter la dégradation des paysages ou révéler, en vrai chercheur urbain, les changements sociaux par l’évolution des panneaux publicitaires dans les townships (en haut Township Billboards: Beauty, Sex and Cellphones).

Comme il le dit fort bien, son défi a été de ne soumettre ses photographies ni aux contraintes de l’état ni non plus aux exigences de la lutte contre cet état, en somme de rester un homme libre, sans pour autant se défaire d’un point de vue éminemment moral et engagé, loin des stéréotypes militants.

Stéréotypes ?
Après cette découverte, il est passionnant de se confronter à Claude Cahun, qui, elle, affirme avec force un (stéréo)type construit, élaboré, provocateur à souhait. Ce ne sont pas ses constructions surréalistes, mineures à de rares exceptions près, ni ses portraits d’amis, sans grand relief, qui attirent l’attention, mais bien plutôt ses autoportraits par lesquels elle construit sa propre identité, entre masculin et féminin, dans le genre neutre qu’elle veut inventer, au grand scandale de son milieu. C’est cette affirmation en creux, en rejet qui fait tout l’intérêt de ces images où on la voit habillée en homme, crâne rasé, regard dur. La personnalité fascinante de l’auteur(e)  est sans doute plus intéressante que son talent, mais c’est une exposition à ne pas manquer, ne serait-ce que pour le trouble indéfinissable qu’on y ressent.

Photos Mofokeng courtoisie du Jeu de Paume et Lunetta Bartz, MAKER, Johannesburg, copyright Santu Mofokeng. Photo Cahun copyright Jersey Heritage.


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