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Le marché va mal ? Tant mieux !

Publié le 03 août 2011 par Chroom

bear marketCes derniers jours n’ont pas épargné les portefeuilles des investisseurs. Les marchés américains, européens et suisses ont essuyé de sévères corrections, à cause de politiques budgétaires qui furent trop longtemps accommodantes. On peut certes vivre un moment au dessus de ses moyens, mais quand ça devient une habitude et qu’on en veut toujours de plus en plus, on appelle cela une addiction et là, ça devient carrément problématique.

Les pays développés vieillissent et il faut bien trouver un moyen pour payer la retraite des nombreux papy boomers. Ceux-ci ont vécu des années fastes en regard aux générations qui ont suivi, et, au problème de leur nombre, s’ajoute celui du niveau de vie qu’ils doivent plus ou moins pouvoir conserver. Que le système de prévoyance soit basé sur la distribution des ressources ou sur la capitalisation, cela ne change pas grand chose. D’un côté les actifs sont ponctionnés sur leur salaire pour payer une rente aux retraités, de l’autre ils paient un loyer à un fonds de prévoyance qui lui même verse une rente à un retraité. Blanc bonnet, bonnet blanc. Ok, il y a encore les heureux propriétaires là au milieu qui ont tout compris au système…

D’autre part, on a tellement voulu faire croire aux classes moyennes et inférieures que la société de consommation leur était pleinement ouverte, qu’on a poussé à outrance le crédit, permettant de les appauvrir encore un peu plus au profit des plus riches. Les politiques de gauche n’ont pas fait mieux car à force de vouloir assurer le service public pour tous, on a nivelé la qualité par le bas, tout en augmentant les coûts.

Bref tout ceci pour dire que nos sociétés vieillissantes vont mal car la croissance ne peut venir ni de la jeunesse, ni de la richesse des classes médianes, ni de l’Etat qui en a déjà beaucoup trop fait. Pourtant toute crise a du bon. Elle permet de corriger les dysfonctionnements et partir sur de nouvelles bases. On a beau critiquer les marchés sur la pression qu’ils mettent sur les gouvernements pour prendre des mesures d’austérité, pourtant c’est le seul moyen de mettre des politiciens qui n’ont qu’une vision à moyen terme face à leurs responsabilités.

Du côté des actions, la bonne nouvelle c’est qu’on se rapproche peu à peu à nouveau de niveaux de valorisation abordables. Les résultats des sociétés sont bons, voire même excellents. Au 2 août, le ratio de capitalisation totale du marché face au PNB US s’élevait ainsi à 90.5, soit pratiquement dans la zone d’évaluation considérée comme correcte. Rappelons que ces moments sont rares depuis 1997. Pire, depuis cette date le marché a été modérément sous-évalué à seulement deux reprises, début 2003 et début 2009. C’est dire qu’on est partis de très haut et que nous payons encore aujourd’hui l’euphorie de la fin de années ’90. Warren Buffet l’avait d’ailleurs prédit, peu avant l’éclatement de la bulle Internet. Tout le monde l’avait traité alors de « has been ».

L’autre bonne nouvelle, c’est que l’envolée stratosphérique du CHF face au dollar et à l’euro a forcé la banque nationale suisse a sortir de son trou, avec un taux de proche de zéro et une augmentation des liquidités. Il était grand temps. C’est un bon début, même si ce ne sera sans doute pas suffisant. Daniel Kalt, chef économiste chez UBS estime que la BNS pourrait tenter une nouvelle opération sur les devises, comme en 2010. L’année passée cela avait coûté près de 20 milliards de CHF à la banque centrale, mais vu le taux de change actuel l’opération serait désormais appropriée selon lui. Il estime aussi qu’une intervention de la banque du Japon sur le marché des devises pourrait également favoriser une baisse du franc. Des voix s’élèvent du monde politique également pour que le gouvernement helvétique prenne également des mesures contre le franc fort.

Nous nous inquiétions en janvier dernier déjà sur la valorisation du marché. Bien entendu, nous ne pouvions connaître à ce moment les troubles qui ont suivi (Fukushima et dettes gouvernementales). Néanmoins, ce que l’on sait, et c’est une évidence, c’est que plus on achète cher, plus on prend de risques. De même, si on se focalise sur des titres cycliques ou à beta élevé, on s’expose à ce que le cours de l’action chute plus lourdement encore que le marché. Pour cette raison, les positions acheteuses de notre portfolio étaient minoritaires jusqu’ici (mais rétrospectivement on se dit qu’elles auraient pu l’être encore plus) et surtout elles se focalisent sur des titres défensifs, ce qui nous a permis de battre le marché S&P 500 et le CAC 40. Nous sommes par contre toujours mauvais avec le CHF comme monnaie de référence, à cause de la force de la monnaie helvétique.

Avec une valorisation plus attractive des actions qui approche, et l’espoir aussi que la monnaie helvétique commence au moins à se stabiliser, les opportunités vont devenir grandes pour acheter à bon compte des sociétés solides pourvoyeuses de dividendes. Cela signifie obtenir un meilleur revenu à partir d’un capital donné. C’est ainsi qu’il faut considérer l’investissement dans les dividendes : le revenu prime, le cours est secondaire. Ainsi, on vit mieux les phases baissières car les payeurs de dividendes sont moins sensibles au marché, mais en plus on peut acquérir de nouvelles sources de revenus à bon compte. C’est paradoxal, mais l’investisseur orienté dividendes doit se réjouir d’un bear market. Pour cela il doit bien sûr se focaliser sur des sociétés de qualité ! On peut faire ici une comparaison avec l’investissement dans l’immobilier : les périodes de baisse sont des opportunités pour acheter à bon prix un bien qui rapportera des mensualités et pourra éventuellement être revendu bien plus tard, lorsque le marché ira mieux.


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