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Sainte Gudule

Par Carrosalva

L'an de la naissance de cette sainte Vierge est aussi incertain que la date de sa mort.

 

Sous le règne du roi Dagobert ou de son fils Sigebert, vivait en Brabant un comte nommé Witger. Sa femme Amalbelge, qui, dit-on, était la sœur de Pépin de Landen, lui donna plusieurs enfants: Rainilde, Pharaïlde, à qui Baldéric donna le nom de Sarachilde, et Emebert qui occupa le siége épiscopal de Cambrai et fut depuis élevé au rang de bienheureux. Elle était de nouveau enceinte, lorsqu'un ange vint lui annoncer qu'elle donnerait le jour à un enfant dont la vie serait un modèle de sainteté. Peu de jours après naquit sainte Gudule, sa cousine sainte Gertrude la tint sur les fonds-baptismaux, et prit soin de ses premières années.

 

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A peine sortie de l'enfance Gudule résolut de fuir le monde.

Elle et sa sœur Rainilde se rendirent au monastère de Lobbes, et demandèrent à pouvoir y partager la solitude des moines, mais comme on ne recevait pas de femmes dans cette abbaye, leurs instances furent d'abord inutiles.

Au bout de trois jours, Gudule, rebutée, s'en alla; Rainilde, plus persévérante resta et fut admise à Lobbes, où plus tard elle prit le voile. Gudule retourna demeurer près de ses parents.

 

Veilles, jeûnes aumônes, elle n'épargnait rien pour mériter la protection divine. A deux milles du lieu de sa résidence, il y avait un village nommé Morzelle (aujourd'hui Mortzel ou Moorsel) et un oratoire dédié au Sauveur ; elle s'y rendait tous les matins dès que le coq avait donné le signal du réveil. Le démon éteignit un jour la lumière qu'une servante portait devant elle; abandonnée dans les ténèbres, au milieu de campagnes désertes, elle ne savait que devenir. Gudule se jette à genoux et adresse au ciel une fervente prière; aussitôt sa lumière se rallume, et, pleine de joie, elle reprend sa route. D'autres miracles augmentèrent encore la vénération qu'elle inspirait. Lorsqu'elle mourut, tout le peuple accompagna son convoi funèbre. Son corps fut déposé le 8 janvier 712, d'après l'opinion la plus commune, dans un tombeau qu'on avait élevé devant la porte de l'oratoire du village de Ham. Le lendemain on vit avec surprise qu'un peuplier d'une grandeur prodigieuse avait crû sur sa tombe, et qu'il s'était couvert de feuilles malgré la rigueur de la saison.

 

Les riches ornements qui couvraient les dépouilles mortelles de la plus jeune des filles de Witger, tentèrent la cupidité d'un voleur de profession. A la faveur de la nuit il ouvrit le tombeau de sainte Gudule et s'empara de son collier, des croissants qui ornaient sa poitrine, de ses boucles d'oreilles, de ses bagues, de ses bracelets, tous d'or ou d'argent, de ses vêtements de pourpre, rehaussés d'or, de son voile de lin, de sa ceinture ornée de perles. Mais, à quelque temps de là, une jeune fille qui avait habité avec sainte Gudule, aperçut un des bracelets de la sainte au bras d'une de ses compagnes avec qui elle dansait, mais qui nia obstinément ce fait.

 

L'évêque Emebert apprit cette profanation avec une vive douleur. Un jour qu'il se trouvait dans l'église de Ham, il s'écria : Que les coupables soient anathèmes! Qu’un signe divin les frappe eux et leurs descendants : les hommes seront boiteux, quant aux femmes, on les reconnaîtra à leurs goîtres! » Et en effet, dit Baldéric, tous les descendants du profanateur furent accablés d'infirmités.

 

De nouveaux miracles ayant signalé la sépulture de la sainte, on plaça ses restes dans une châsse qu'on résolut de transférer dans une localité plus populeuse. Nivelles, Mons et Maubeuge furent successivement choisis; mais au moment fixé pour le départ, le cercueil devenait tout-à-coup si pesant, qu'on ne pouvait l'enlever. Enfin, un vieillard, qui dans sa jeunesse avait connu Gudule, apprit à la foule la prédilection de la sainte pour l'église de Mortzel. 

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Un nombreux cortége y porta son corps, et cette fois, aucun obstacle n'arrêta la marche qui fut signalée par plusieurs prodiges. Le peuplier qui ornait l'église de Ham fut miraculeusement enlevé, et s'offrit, le jour suivant, aux regards étonnés des habitants de Mortzel.

 

Lorsque Charlemagne vint à Mortzel, il y institua, dit-on, un monastère auquel il donna de riches ornements, et, de plus, le village lui-même, avec tous les serfs qui le peuplaient. Mais ce couvent disparut pendant les temps d'anarchie qui suivirent la mort de son fondateur, et le corps de sainte Gudule, longtemps errant devant les Normands, arraché ensuite au baron pillard qui s'était approprié Mortzel, fut enfin transféré à Bruxelles, où depuis 1047 une magnifique basilique éternise la mémoire de la fille de Witger. 

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A Hamme, près de Releghem, où une localité s'appelle encore « le champ de sainte Gudule, » les habitants célèbrent également la fête de cette sainte et montrent encore aujourd'hui, dans la ferme principale de la commune, l'emplacement qu'aurait occupé sa chapelle, actuellement convertie en four.

Source : Baron de Reinsberg-Düringsfeld, Traditions et légendes de la Belgique, tome I (1870)


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